Tout sur TAF

Après un suivi de 196 semaines, l'étude TANGO confirme, via de nouvelles analyses en sous-groupe, tout l'intérêt du switch vers une thérapie duale associant dolutégravir et lamivudine par rapport au maintien d'une trithérapie classique basée sur TAF.

Présentée sous forme de poster électronique, une nouvelle analyse des données issues de l'étude SALSA montre que, comme on pouvait s'y attendre, l'âge et le sexe constituent les principaux facteurs influençant la longueur des télomères et que le switch d'une trithérapie classique vers une thérapie duale associant DTG/3TC n'a pas d'impact additionnel sur la longueur des télomères.

Passer d'un régime d'antirétroviraux contenant du TDF vers un régime basé sur le TAF offre des avantages certains sur le plan de la fonction rénale et du métabolisme osseux. Mais qu'en est-il du profil lipidique et du risque cardiovasculaire associé ? Réponse avec, pour la première fois, une vaste étude menée en conditions de vie réelle puisque basée sur le suivi des données de près de 6.500 patients inclus dans la cohorte américaine OPERA.

L'étude TANGO a, certes, démontré la non infériorité sur le plan virologique d'un passage vers une thérapie duale DTG/3TC par rapport à la poursuite d'une tri-quadrithérapie centrée sur le TAF chez des patients expérimentés mais qu'elle est l'impact métabolique de cette transition vers un traitement allégé et dont le TAF est absent ? Réponse avec cette analyse post-hoc fouillée présentée lors du récent congrès virtuel de l'IAS.

Lors de l'édition 2021 du congrès de l'IAS, le groupe d'investigateurs de l'étude TANGO a présenté les résultats d'une nouvelle analyse centrée, cette fois, sur l'évolution de la virémie sur une période de suivi de 2 ans (96 semaines), des résultats qui nous rassure sur le fait que le switch vers une thérapie duale associant dolutégravir et 3TC permet de maintenir le VIH sous aussi bonne garde que la poursuite d'une tri- ou quadrithérapie basée sur le TAF.

De nouvelles analyses des données issues des études ATLAS et ATLAS-2M, en fonction de l'administration de TAF à l'inclusion montrent une amélioration des marqueurs rénaux et osseux chez les patients qui passent d'un schéma thérapeutique comportant TAF vers un schéma injectable associant cabotégravir et rilpivirine LA.

De la présentation des nouvelles données concernant l'étude TANGO lors de l'édition 2020 du congrès HIV-Glasgow, on retiendra principalement que la thérapie duale, associant dolutégravir et lamivudine en traitement de maintenance, n'a occasionné aucun échec virologique (en analyse per protocole) sur un suivi de 2 ans. Des résultats qui devraient renforcer la confiance des cliniciens pour passer d'une trithérapie à base de TAF vers l'association dolutégravir/ lamivudine chez des patients présentant une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois et sans antécédents d'échec virologique ou de mutation de résistance majeur.

Les études GEMINI 1 et 2 (initiation du traitement) et TANGO (switch) ont démontré que l'association dolutégravir/lamivudine est tout aussi efficace sur le plan virologique et bien tolérée que les classiques trithérapies de référence. Mais, force est de constater que pour convaincre praticiens et surtout patients de quitter le doux cocon de certitude et de confiance tissé au fil de l'expérience par les trithérapies, il faut disposer d'autres arguments notamment concernant de possibles bénéfices en terme de variation pondérale ou d'amélioration du profil lipidique, deux paramètres importants lors du choix thérapeutique pour une population qui vieillit et est exposée, souvent précocement aux risques cardiovasculaires. Début de réponse avec cette étude présentée à l'IAS 2020.

Tout en démontrant une amélioration des profils de sécurité tant rénale qu'osseuse, un certain nombre d'études cliniques récentes observent cependant un impact négatif sur le profil lipidique des personnes vivant avec le VIH lors du passage d'un traitement antirétroviral contenant le TDF vers un schéma incluant le TAF. La récente étude irlandaise publiée en ligne sur le site de la revue AIDS a ceci de particulier et intéressant qu'elle observe l'impact d'un passage du TDF au TAF sur le profil lipidique dans un contexte de vie réelle.

Une nouvelle analyse des données de l'étude ACTG A5257, récemment publiée en ligne dans la revue Clinical Infectious Diseases, montre que les changements structurels induits au sein de la masse graisseuse corporelle suite à l'initiation de certains traitements antirétroviraux sont associés à une inflammation accrue, des troubles lipidiques et une résistance à l'insuline, autant de modifications qui pourraient, éventuellement, avoir des conséquences délétères sur la santé des personnes vivant avec le VIH, et ce indépendamment de l'ampleur de la prise pondérale.

Deux analyses distinctes, l'une sur base des données des patients de l'étude clinique randomisée ADVANCE et l'autre sur base des participants inclus dans la cohorte D:A:D, montrent qu'une prise de poids après l'initiation d'un traitement antirétroviral est susceptible d'augmenter le risque de survenue d'un diabète de type 2 mais, par contre, on n'observe pas d'augmentation du risque cardiovasculaire.

Présentée lors du congrès virtuel de la CROI 2020, l'étude IMPAACT montre, d'une part que les traitements antirétroviraux basés sur le dolutégravir sont associés à un taux plus élevé de charge virale indétectable à l'accouchement et d'autre part, que les combinaisons comprenant dolutégravir et TAF sont associées à moins de naissances prématurées et de décès néonatals qu'un traitement basé sur l'éfavirenz ou comprenant du TDF.

Pour le Pr Jean-Cyr Yombi, les résultats de l'étude TANGO ouvrent le débat sur la place du TAF dans les schémas thérapeutiques des patients expérimentés dès lors que les résultats de cette étude montrent que le passage vers une thérapie duale exempte de TAF fait jeu égal sur le plan virologique et de la sécurité d'emploi avec une trithérapie classique contenant, elle, du TAF.

Présentée lors du 25ème congrès annuel de la British HIV Association (BHIVA), une étude évaluant le comportement au niveau des tissus rectaux et vaginaux d'une combinaison raltégravir/lamivudine (concentration et niveau de protection contre le VIH) ouvre la voie à une possible alternative pour la PrEP sous réserve de confirmation ultérieure lors d'études cliniques randomisées.

Alors que plusieurs études ont évalué l'impact osseux des inhibiteurs de protéase, du ténofovir (TDF, TAF) ainsi que du raltegravir, peu de données sont disponibles concernant le dolutégravir et les inhibiteurs de l'intégrase. Une étude italienne, basée sur les patients de l'étude DOLUTILITY, vient quelque peu combler ce vide.

Nouvel arrivant dans la famille des inhibiteurs d'intégrase, le bictégravir en coformulation avec emtricitabine et TAF en un seul comprimé a fait l'objet d'une étude phase III chez des patients naïfs de tout traitement antirétroviral. Les résultats à 96 semaines de suivi ont été présentés lors du dernier congrès HIV Glasgow.

Le National Institutes of Health (NIH) vient de lancer une nouvelle étude internationale de grande envergure afin de comparer, sur le plan de l'efficacité et de la sécurité d'emploi, trois schémas de traitement différents par antirétroviraux pour la prise en charge de femmes enceintes vivant avec le VIH ainsi que pour en évaluer l'impact sur la santé et le développement du nouveau-né.