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Une étude, deux groupes distinctsL'étude publiée dans la revue AIDS a été menée auprès de patients consultant deux importants centres de référence VIH situés à Dublin, l'hôpital universitaire St Vincent et l'hôpital Mater Misericordia. Entre janvier 2016 et juillet 2017, les investigateurs ont dénombré 238 patients vivant avec le VIH ayant bénéficié d'une modification de leur traitement antirétroviral sous forme d'un passage vers le TAF. Pour 194 d'entre eux, on disposait de données lipidiques tant avant qu'après modification du schéma thérapeutique et, parmi eux, 164 avaient bien bénéficié d'un passage du TDF vers le TAF. Ce sont donc ces 164 patients qui ont été retenus pour constituer le groupe principal de l'étude.Comme une majorité de ces patients ont aussi vu les autres antirétroviraux constituant leur traitement changer, les investigateurs ont formé un second groupe, dit de "sensibilité", incluant 72 patients (soit 44% du groupe principal) pour lesquels le seul et unique changement thérapeutique effectué consistait en un passage du TDF vers le TAF.L'âge moyen des patients était de 46 ans, majoritairement des hommes (71%) de race caucasienne. Les groupes à risque étaient représentés de manière assez équilibrée: 37% avait été contaminés via des rapports hétérosexuels, 34% via des rapports entre hommes et 21% étaient des consommateurs de drogues injectables contaminés suite à des échanges de seringues. Ces patients avaient été diagnostiqués depuis dix ans en moyenne et étaient sous traitement antirétroviral depuis 7,5 ans en général. Au moment de la modification du traitement, plus de 90% des patients présentaient une charge virale indétectable et leur taux moyen en CD4 était de 621 cellules ce qui souligne le fait que la modification du traitement n'était pas liée à un quelconque échec thérapeutique.Une dernière donnée intéressante concerne le traitement par hypolipémiants avant changement de traitement. Il concerne 19% de l'ensemble du groupe et 24% des patients du groupe de "sensibilité".TDF vers TAF: le profil lipidique se dégrade Commençons l'analyse des résultats par ceux observés au sein du groupe général de l'étude, soit 164 patients passés vers le TAF et pour lesquels on dispose bien de données lipidiques avant et après modification du traitement.De cette étude en condition de vie réelle, les investigateurs tirent deux importantes conclusions.Premièrement, il semblerait que le TDF ait un effet statine-like (par quels mécanismes? Mystère) sur le taux de cholestérol total alors que le passage vers TAF annule cet effet et augmente cholestérol et LDL-cholestérol ainsi que le risque cardiovasculaire.Deuxièmement, l'observation d'une augmentation du risque de détérioration du profil lipidique suggère que l'on tienne compte de cet impact relatif à l'utilisation du TAF par rapport au TDF chez des patients présentant un risque accru de maladies cardiovasculaires.Réf: Lacey A. et al. AIDS, publication en ligne avril 2020.