En un an, deux vagues successives ont percuté les hôpitaux. Deux vagues au ressenti bien différent. "Les hôpitaux avaient anticipé la première vague avec des PUH mis en place avant l'injonction fédérale. Il a tout de même fallu se débrouiller et faire avec les moyens du bord face à une coordination des autorités qui tardait à être efficiente", se remémore le Pr Frédéric Thys. "Lors de la deuxième vague, on a constaté une nette amélioration de cette coordination, avec l'implication et la reprise en main du Fédéral."

La gestion des autorités n'est pas la seule différence entre les deux vagues, au cours desquelles les hôpitaux n'ont pas fait face aux mêmes besoins. "Lors de la première vague, nous manquions plutôt de ressources matérielles, tandis que lors de la deuxième vague, le plus grand problème se situait au niveau des ressources humaines. En effet, nous avons fait face à une charge de travail très importante, sans compter la contamination du personnel soignant."

Enfin, le Pr Thys note des différences au sein même de la population. "Au début, l'heure était au soutien. Mais la crise avançant, une souffrance liée au confinement s'est peu à peu insinuée."

La situation du GHDC

Au GHDC, les tendances sont les mêmes que dans les autres hôpitaux du pays. "La première vague était impressionnante, mais la deuxième vague a été beaucoup plus intense", observe le Pr Thys. "Au GHDC, le maximum de patients que nous avons eu à traiter lors de la première vague était de 129 en hospitalisation classique pour 22 aux soins intensifs. La seconde vague a par contre amené des pics à 257 patients en hospitalisation classique et jusqu'à 57 patients en unités de soins intensifs. C'est du simple au double."

Cette mise sous contrainte a forcé l'hôpital carolorégien à revoir la prise en charge des patients et à insister sur le projet thérapeutique de chaque patient. "Nous avons professionnalisé et perfectionné nos prises en charge pour affronter la crise. Il faut savoir que nous avons été fort sollicités puisque, selon Sciensano, nous sommes le premier hôpital en Wallonie et le second en Belgique en termes de prise en charge de patients Covid-19. Nous avons établi à ce jour 121 procédures uniquement pour le Covid-19. 121 procédures en un an, c'est un travail d'équipe important et inédit".

Pr Frédéric Thys: "Auparavant, l'hôpital était composé de différents bons musiciens, mais, aujourd'hui, il est un véritable orchestre capable de jouer une symphonie de compétences au service du patient."

Cette situation inédite a également chamboulé la manière de travailler au sein de l'hôpital. "De nombreux confrères, médecins et infirmiers, mais aussi le personnel non soignant, sont sortis de leur zone de confort pour aider à gérer la crise. Au niveau médical, pour citer un exemple, les ophtalmologues, impuissants au chevet des patients Covid, ont proposé leur aide pour gérer la partie administrative requise par Sciensano. Autre exemple, hors du médical, lorsque nous avons transformé la salle de réveil en unité supplémentaire de soins intensifs. Cela paraît simple, mais la gestion de la lumière n'est pas pareille dans un cas ou dans l'autre. Le service technique a donc modifié la salle en quelques heures. Et ce ne sont que quelques exemples de solidarité."

Des leçons à tirer

"D'un point de vue global, on peut dire que tout le monde sur le terrain, dans les hôpitaux a appris de la maladie", explique Frédéric Thys. "Il y a eu un rôle important de la part des sociétés savantes, de la littérature, des réseaux de spécialistes. Cela nous a permis de professionnaliser et d'améliorer les prises en charge et la connaissance de la maladie."

La pandémie aura donc permis de parfaire les connaissances. "Il y aura un avant et un après Covid-19 en termes de connaissances. Cela concerne la maladie elle-même, bien sûr, mais aussi l'application d'un PUH chronique assez inédit, puisque normalement le PUH doit servir à gérer un phénomène aigu tel l'impact d'une catastrophe naturelle. Ici, nous avons dû apprendre à tenir sur la distance."

La crise a également mis en lumière la capacité de réactivité des hôpitaux. "C'est effectivement très important. Nous avons dû créer des unités de soins supplémentaires pour répondre aux différentes phases. Il y a eu de la créativité, de la formation, sans oublier la solidarité. Cela a permis de 'désiloter' notre manière de travailler. Nous avons dû travailler en inter-métiers et nous avons été ébloui de constater le travail fourni par tout le personnel, y compris non-médical, qui s'est coupé en quatre. Cela nous a permis de connaître et reconnaître les compétences de chacun. J'aime penser qu'auparavant, l'hôpital était composé de différents bons musiciens, mais qu'aujourd'hui, il est un véritable orchestre capable de jouer une symphonie de compétences au service du patient."

Dans l'expectative face au virus

Les hôpitaux sont aujourd'hui dans une phase où, en plus de continuer à prendre en charge les patients, il faut vacciner le personnel. "La campagne de vaccination bat son plein au GHDC. Plus de 3.800 collaborateurs ont déjà fait le choix de la vaccination et sont soit partiellement soit totalement vaccinés. Point important: nous avons travaillé sur l'impact de cette vaccination, en réalisant des études sérologiques sur les travailleurs pour voir le taux de protection. Les analyses sont en cours et une première information a été donnée au personnel de l'institution."

La situation dans les hôpitaux est sous contrôle. Mais l'inquiétude reste de mise face à l'avenir. "Il faut d'abord gérer la fatigue qui s'est installée progressivement au sein du personnel. Nous n'avons pas véritablement eu le temps de souffler en un an. Et la situation n'est pas prête de s'améliorer avec la charge de santé mentale que représente ce long confinement et les reports de soins." Autre point d'inquiétude, les hôpitaux sont toujours remplis de patients Covid. "On constate que les hôpitaux tous réseaux confondus restent encore extrêmement sollicités par les patients", confirme le Pr Thys . "De mémoire, nous avions hier (le 2 mars, ndlr) 53 patients Covid confirmés et 17 suspects, soit 71 patients hospitalisés en unités normales et 15 patients en soins intensifs. Ce n'est donc pas une situation idéale. Je crois donc que la stratégie de rester en expectative armée qui a été proposée par le dernier comité de concertation est prudente en l'attente de l'évolution de la situation, que l'on espère rassurante."

En un an, deux vagues successives ont percuté les hôpitaux. Deux vagues au ressenti bien différent. "Les hôpitaux avaient anticipé la première vague avec des PUH mis en place avant l'injonction fédérale. Il a tout de même fallu se débrouiller et faire avec les moyens du bord face à une coordination des autorités qui tardait à être efficiente", se remémore le Pr Frédéric Thys. "Lors de la deuxième vague, on a constaté une nette amélioration de cette coordination, avec l'implication et la reprise en main du Fédéral."La gestion des autorités n'est pas la seule différence entre les deux vagues, au cours desquelles les hôpitaux n'ont pas fait face aux mêmes besoins. "Lors de la première vague, nous manquions plutôt de ressources matérielles, tandis que lors de la deuxième vague, le plus grand problème se situait au niveau des ressources humaines. En effet, nous avons fait face à une charge de travail très importante, sans compter la contamination du personnel soignant."Enfin, le Pr Thys note des différences au sein même de la population. "Au début, l'heure était au soutien. Mais la crise avançant, une souffrance liée au confinement s'est peu à peu insinuée."Au GHDC, les tendances sont les mêmes que dans les autres hôpitaux du pays. "La première vague était impressionnante, mais la deuxième vague a été beaucoup plus intense", observe le Pr Thys. "Au GHDC, le maximum de patients que nous avons eu à traiter lors de la première vague était de 129 en hospitalisation classique pour 22 aux soins intensifs. La seconde vague a par contre amené des pics à 257 patients en hospitalisation classique et jusqu'à 57 patients en unités de soins intensifs. C'est du simple au double."Cette mise sous contrainte a forcé l'hôpital carolorégien à revoir la prise en charge des patients et à insister sur le projet thérapeutique de chaque patient. "Nous avons professionnalisé et perfectionné nos prises en charge pour affronter la crise. Il faut savoir que nous avons été fort sollicités puisque, selon Sciensano, nous sommes le premier hôpital en Wallonie et le second en Belgique en termes de prise en charge de patients Covid-19. Nous avons établi à ce jour 121 procédures uniquement pour le Covid-19. 121 procédures en un an, c'est un travail d'équipe important et inédit".Cette situation inédite a également chamboulé la manière de travailler au sein de l'hôpital. "De nombreux confrères, médecins et infirmiers, mais aussi le personnel non soignant, sont sortis de leur zone de confort pour aider à gérer la crise. Au niveau médical, pour citer un exemple, les ophtalmologues, impuissants au chevet des patients Covid, ont proposé leur aide pour gérer la partie administrative requise par Sciensano. Autre exemple, hors du médical, lorsque nous avons transformé la salle de réveil en unité supplémentaire de soins intensifs. Cela paraît simple, mais la gestion de la lumière n'est pas pareille dans un cas ou dans l'autre. Le service technique a donc modifié la salle en quelques heures. Et ce ne sont que quelques exemples de solidarité.""D'un point de vue global, on peut dire que tout le monde sur le terrain, dans les hôpitaux a appris de la maladie", explique Frédéric Thys. "Il y a eu un rôle important de la part des sociétés savantes, de la littérature, des réseaux de spécialistes. Cela nous a permis de professionnaliser et d'améliorer les prises en charge et la connaissance de la maladie."La pandémie aura donc permis de parfaire les connaissances. "Il y aura un avant et un après Covid-19 en termes de connaissances. Cela concerne la maladie elle-même, bien sûr, mais aussi l'application d'un PUH chronique assez inédit, puisque normalement le PUH doit servir à gérer un phénomène aigu tel l'impact d'une catastrophe naturelle. Ici, nous avons dû apprendre à tenir sur la distance."La crise a également mis en lumière la capacité de réactivité des hôpitaux. "C'est effectivement très important. Nous avons dû créer des unités de soins supplémentaires pour répondre aux différentes phases. Il y a eu de la créativité, de la formation, sans oublier la solidarité. Cela a permis de 'désiloter' notre manière de travailler. Nous avons dû travailler en inter-métiers et nous avons été ébloui de constater le travail fourni par tout le personnel, y compris non-médical, qui s'est coupé en quatre. Cela nous a permis de connaître et reconnaître les compétences de chacun. J'aime penser qu'auparavant, l'hôpital était composé de différents bons musiciens, mais qu'aujourd'hui, il est un véritable orchestre capable de jouer une symphonie de compétences au service du patient."Les hôpitaux sont aujourd'hui dans une phase où, en plus de continuer à prendre en charge les patients, il faut vacciner le personnel. "La campagne de vaccination bat son plein au GHDC. Plus de 3.800 collaborateurs ont déjà fait le choix de la vaccination et sont soit partiellement soit totalement vaccinés. Point important: nous avons travaillé sur l'impact de cette vaccination, en réalisant des études sérologiques sur les travailleurs pour voir le taux de protection. Les analyses sont en cours et une première information a été donnée au personnel de l'institution."La situation dans les hôpitaux est sous contrôle. Mais l'inquiétude reste de mise face à l'avenir. "Il faut d'abord gérer la fatigue qui s'est installée progressivement au sein du personnel. Nous n'avons pas véritablement eu le temps de souffler en un an. Et la situation n'est pas prête de s'améliorer avec la charge de santé mentale que représente ce long confinement et les reports de soins." Autre point d'inquiétude, les hôpitaux sont toujours remplis de patients Covid. "On constate que les hôpitaux tous réseaux confondus restent encore extrêmement sollicités par les patients", confirme le Pr Thys . "De mémoire, nous avions hier (le 2 mars, ndlr) 53 patients Covid confirmés et 17 suspects, soit 71 patients hospitalisés en unités normales et 15 patients en soins intensifs. Ce n'est donc pas une situation idéale. Je crois donc que la stratégie de rester en expectative armée qui a été proposée par le dernier comité de concertation est prudente en l'attente de l'évolution de la situation, que l'on espère rassurante."