Le journal du Médecin: En tant que jeune médecin diriez-vous que cette pandémie est, d'une certaine façon, une opportunité pour vous car cette terrible épreuve renforce et fera de vous des médecins encore meilleurs?

Dr Imane Hafid: Avec le recul, je pense que oui. Cette crise m'aura appris à gérer des situations que je n'aurais habituellement pas vues en médecine générale. Je pense notamment aux patients sortis trop tôt d'hospitalisation car peu de places disponibles, à ceux qui n'arrivaient plus à prendre rendez-vous chez leur spécialiste car consultations considérées comme non urgentes, ainsi que tous les patients âgés avec un Covid grave mais non hospitalisables ... Tous ces patients se sont retrouvés en médecine générale. Enfin, depuis quelques mois, il a aussi fallu s'habituer vaille que vaille à gérer les problèmes de santé mentale, ainsi que les addictions... et à réellement faire un suivi ambulatoire de ces patients, le temps qu'ils aient un rendez-vous chez le spécialiste ou une place en hospitalisation.

Comprenez-vous que des vaccins qui proposent de nouvelles technologies un peu "science-fiction" (ARNm) et qui apparaissent "miraculeusement" après un an puissent susciter l'incrédulité parmi vos patients? Est-on complotiste quand on pose des questions?

Non, je pense que tout le monde a des questions actuellement y compris les médecins d'ailleurs. Elles sont légitimes au vu de la situation actuelle. Cependant, en tant que médecin, je dirais que le vaccin à ARNm n'est en rien de la science-fiction. C'est sur base de l'ARNm que le corps fabrique nos protéines au quotidien, ce n'est pas un composant inventé. Et le virus, c'est (en gros) une enveloppe avec de l'ARN dedans, donc les vaccins reproduisent ce que fait le virus mais en essayant d'avoir des réactions moins virulentes. Une fois que vous expliquez correctement les choses au patient et que vous lui faites un compte-rendu d'études bien menées, en général, il comprend et est plus à même de prendre sa décision.

Vous-mêmes en tant que médecin et scientifique, arrivez-vous à vous informer convenablement sur le Covid-19?

J'essaie en tous cas! La particularité de cette période c'est que d'une part les patients reçoivent beaucoup d'informations des médias, des réseaux sociaux, etc. Ils ont donc des questions mais pensent aussi parfois s'être correctement informés alors qu'ils n'ont pas lu de littérature scientifique. J'essaie d'être à jour au niveau des connaissances actuelles et je transmets les informations en essayant d'être la plus transparente possible, ce qui m'amène parfois à dire "je ne sais pas"!

Nous avons publié en couverture un article intitulé "Vaccination: éviter le fiasco". Quel est votre sentiment par rapport au calendrier vaccinal et aux couacs et aux retards?

Il est clair que sur le terrain, ça avance trop lentement! La communication étant chaotique, nous sommes confrontés en médecine générale à un flux d'appels important concernant l'organisation de cette vaccination. Malheureusement, on n'a pas impliqué les médecins généralistes dans cette organisation. Tout ce que l'on peut répondre c'est "attendez, on ne sait pas encore, vous recevrez une lettre"!

Quelle est votre sentiment par rapport aux "thérapies expérimentales": ivermectine, colchicine, hydroxychloriquine, etc.

Comprenez-vous les généralistes qui prescrivent lesdites substances ou des antibiotiques car au-delà du "primum non nocere", il faut traiter les patients avant tout?

Je comprends qu'au départ, face à l'inconnu, chacun a fait comme il pouvait. Cependant, contrairement à certains de nos voisins, la Belgique n'a pas interdit l'utilisation de ces molécules, elles ont été utilisées dès le départ, dans le cadre d'études, principalement à l'hôpital. Ma vision des choses est que quand on "tente" quelque chose, il est mieux pour le patient et pour les patients futurs de le faire dans le cadre d'études encadrées. De plus, on a très vite compris en médecine générale que la plupart des patients guérissaient sans aucun traitement! Donc, donner des antibiotiques comme l'azithromycine à tous les patients atteints est un non-sens selon moi, car nous avons affaire en médecine générale à toute la population, ce qui a pour conséquence que non seulement la balance bénéfice-risque va forcément pencher vers les risques vu que la plupart guérissent seuls, mais en plus on va créer des résistances ce qui pose problèmes pour d'autres pathologies (IST...). Par contre, je pense que ça n'a pas non plus de sens d'écarter d'emblée ces molécules des études. Elles doivent être testées comme les autres mais dans le cadre d'essais cliniques correctement conduits.

Le journal du Médecin: En tant que jeune médecin diriez-vous que cette pandémie est, d'une certaine façon, une opportunité pour vous car cette terrible épreuve renforce et fera de vous des médecins encore meilleurs? Dr Imane Hafid: Avec le recul, je pense que oui. Cette crise m'aura appris à gérer des situations que je n'aurais habituellement pas vues en médecine générale. Je pense notamment aux patients sortis trop tôt d'hospitalisation car peu de places disponibles, à ceux qui n'arrivaient plus à prendre rendez-vous chez leur spécialiste car consultations considérées comme non urgentes, ainsi que tous les patients âgés avec un Covid grave mais non hospitalisables ... Tous ces patients se sont retrouvés en médecine générale. Enfin, depuis quelques mois, il a aussi fallu s'habituer vaille que vaille à gérer les problèmes de santé mentale, ainsi que les addictions... et à réellement faire un suivi ambulatoire de ces patients, le temps qu'ils aient un rendez-vous chez le spécialiste ou une place en hospitalisation. Comprenez-vous que des vaccins qui proposent de nouvelles technologies un peu "science-fiction" (ARNm) et qui apparaissent "miraculeusement" après un an puissent susciter l'incrédulité parmi vos patients? Est-on complotiste quand on pose des questions? Non, je pense que tout le monde a des questions actuellement y compris les médecins d'ailleurs. Elles sont légitimes au vu de la situation actuelle. Cependant, en tant que médecin, je dirais que le vaccin à ARNm n'est en rien de la science-fiction. C'est sur base de l'ARNm que le corps fabrique nos protéines au quotidien, ce n'est pas un composant inventé. Et le virus, c'est (en gros) une enveloppe avec de l'ARN dedans, donc les vaccins reproduisent ce que fait le virus mais en essayant d'avoir des réactions moins virulentes. Une fois que vous expliquez correctement les choses au patient et que vous lui faites un compte-rendu d'études bien menées, en général, il comprend et est plus à même de prendre sa décision. Vous-mêmes en tant que médecin et scientifique, arrivez-vous à vous informer convenablement sur le Covid-19? J'essaie en tous cas! La particularité de cette période c'est que d'une part les patients reçoivent beaucoup d'informations des médias, des réseaux sociaux, etc. Ils ont donc des questions mais pensent aussi parfois s'être correctement informés alors qu'ils n'ont pas lu de littérature scientifique. J'essaie d'être à jour au niveau des connaissances actuelles et je transmets les informations en essayant d'être la plus transparente possible, ce qui m'amène parfois à dire "je ne sais pas"! Nous avons publié en couverture un article intitulé "Vaccination: éviter le fiasco". Quel est votre sentiment par rapport au calendrier vaccinal et aux couacs et aux retards? Il est clair que sur le terrain, ça avance trop lentement! La communication étant chaotique, nous sommes confrontés en médecine générale à un flux d'appels important concernant l'organisation de cette vaccination. Malheureusement, on n'a pas impliqué les médecins généralistes dans cette organisation. Tout ce que l'on peut répondre c'est "attendez, on ne sait pas encore, vous recevrez une lettre"! Quelle est votre sentiment par rapport aux "thérapies expérimentales": ivermectine, colchicine, hydroxychloriquine, etc.Comprenez-vous les généralistes qui prescrivent lesdites substances ou des antibiotiques car au-delà du "primum non nocere", il faut traiter les patients avant tout? Je comprends qu'au départ, face à l'inconnu, chacun a fait comme il pouvait. Cependant, contrairement à certains de nos voisins, la Belgique n'a pas interdit l'utilisation de ces molécules, elles ont été utilisées dès le départ, dans le cadre d'études, principalement à l'hôpital. Ma vision des choses est que quand on "tente" quelque chose, il est mieux pour le patient et pour les patients futurs de le faire dans le cadre d'études encadrées. De plus, on a très vite compris en médecine générale que la plupart des patients guérissaient sans aucun traitement! Donc, donner des antibiotiques comme l'azithromycine à tous les patients atteints est un non-sens selon moi, car nous avons affaire en médecine générale à toute la population, ce qui a pour conséquence que non seulement la balance bénéfice-risque va forcément pencher vers les risques vu que la plupart guérissent seuls, mais en plus on va créer des résistances ce qui pose problèmes pour d'autres pathologies (IST...). Par contre, je pense que ça n'a pas non plus de sens d'écarter d'emblée ces molécules des études. Elles doivent être testées comme les autres mais dans le cadre d'essais cliniques correctement conduits.