"J' ai revécu une année de guerre, comme je l'ai connue au Liban", confie le radiologue qui a vécu là-bas durant les conflits qui ont secoué son pays. "C'est le sentiment de devoir se débrouiller, de devoir affronter le quotidien à la fois dans une grande incertitude et en même temps avec l'impression d'une certaine répétition. En partant à l'hôpital le matin, il faut que je vérifie chaque jour combien de patients sont aux soins intensifs, en unité Covid, décédés ... C'est paradoxal, mais il a fallu gérer l'imprévisible tout en enchaînant des journées prévisibles."

Une des grandes difficultés soulevées par le médecin-chef d'EpiCURA c'est que la crise ne finit jamais. "À nouveau, c'est comme en période de guerre. Nous devons toujours rester en mode "ON" parce que nous avons peur que la bataille recommence rapidement."

Des vagues différentes

Le Dr Bou Sleiman souligne qu'il a été plus facile d'arrêter toutes les activités non-Covid au début de la première vague, en mars 2020, que de poursuivre les activités tout en faisant face à la deuxième vague, en octobre 2020. "Lors de la première vague, nous avons été très créatifs pour trouver des solutions innovantes. Tout le monde s'est mobilisé. En tant que médecin-chef, il était facile pour moi de faire comprendre aux collaborateurs que face au danger il fallait arrêter les activités non-urgentes et non-Covid. Une fois que l'hôpital a pu reprendre ses activités électives, la situation a été plus complexe. En tant que médecin-chef j'ai dû trancher, prioriser... tout en tenant compte de tous les enjeux : la peur chez certains patients de venir à l'hôpital, le risque de retarder des diagnostics et des traitements, la pression d'autres patients qui demandaient de pouvoir être rapidement pris en charge..."

Le médecin-chef note que les autorités n'ont pas donné de consignes claires sur la manière de pouvoir reprendre les activités hospitalières. "Les hôpitaux ont dû se débrouiller et fixer leurs propres règles. Le transfert de cette responsabilité sur les hôpitaux n'a pas aidé les gestionnaires."

Durant la crise, EpiCURA, comme tous les hôpitaux, a dû faire face à l'absentéisme des travailleurs, ceux qui étaient malades, en quarantaine, présentant des facteurs de risques ou effrayés par la situation sanitaire . "Il a fallu gérer les absences au niveau du personnel médical et infirmier, en première ligne. Parfois, une infirmière travaillait le matin, mais il fallait l'écarter l'après-midi parce qu'elle commençait à faire de la température. Un véritable casse-tête pour la direction infirmière. En outre, tous les médecins n'ont pas pu travailler. Certains se sont sentis impuissants parce qu'ils n'ont pas pu participer à la lutte contre le Covid. Par ailleurs, la réduction drastique de l'activité hospitalière durant la première vague a eu impact relativement important sur les finances de l'hôpital (lire jdM N° 2630) et sur les revenus de certains médecins."

La force du réseau

La création du réseau hospitalier loco-régional Phare - en mars 2019 - a permis aux hôpitaux qui en sont membres (EpiCURA, le Chwapi, le CHR de la Haute Senne et le CH Mouscron) de mieux collaborer entre eux durant la pandémie. "Le fait de bien se connaître a permis d'échanger rapidement des informations, de transférer des patients entre les hôpitaux, de partager l'expertise pour l'ECMO... Le travail en réseau est une véritable plus-value durant cette période", constate le président du collège des médecins-chefs du réseau Phare.

L'arrivée de la vaccination contre le Covid a été ressentie par les équipes d'EpiCURA comme une délivrance. "Une des premières infirmières qui a été vaccinée m'a confié qu'elle éprouvait la même joie que lors de son mariage. C'est fabuleux. Elle était dans un état d'esprit mêlant l'excitation, la reconnaissance et l'espoir. Tout le monde se rappelle à EpiCURA de cette première journée de vaccination avec le vaccin Moderna. Il y a eu un changement d'ambiance lorsque nous avons pu commencer à vacciner. Cet espoir était proportionnel à l'état de fatigue et de stress que ressentent les travailleurs hospitaliers depuis des mois."

Soutien familial

Wissam Bou Sleiman a pu compter durant cette période sur le précieux soutien de sa femme et de ses enfants. "J'essayais de ne pas ramener mes problèmes à la maison, tout en ayant besoin de partager mes sentiments. J'ai été bien aidé par ma femme, qui est psychologue de profession. Cela aide. Nous sommes attentifs à ce que nos enfants ne considèrent pas qu'il est normal de ne plus avoir de contacts sociaux. Cette absence de sociabilité est très difficile à vivre. Je n'ai plus vu mes parents depuis un an et demi - qui vivent au Liban et ont tous les deux attrapé le Covid."

"J' ai revécu une année de guerre, comme je l'ai connue au Liban", confie le radiologue qui a vécu là-bas durant les conflits qui ont secoué son pays. "C'est le sentiment de devoir se débrouiller, de devoir affronter le quotidien à la fois dans une grande incertitude et en même temps avec l'impression d'une certaine répétition. En partant à l'hôpital le matin, il faut que je vérifie chaque jour combien de patients sont aux soins intensifs, en unité Covid, décédés ... C'est paradoxal, mais il a fallu gérer l'imprévisible tout en enchaînant des journées prévisibles."Une des grandes difficultés soulevées par le médecin-chef d'EpiCURA c'est que la crise ne finit jamais. "À nouveau, c'est comme en période de guerre. Nous devons toujours rester en mode "ON" parce que nous avons peur que la bataille recommence rapidement."Le Dr Bou Sleiman souligne qu'il a été plus facile d'arrêter toutes les activités non-Covid au début de la première vague, en mars 2020, que de poursuivre les activités tout en faisant face à la deuxième vague, en octobre 2020. "Lors de la première vague, nous avons été très créatifs pour trouver des solutions innovantes. Tout le monde s'est mobilisé. En tant que médecin-chef, il était facile pour moi de faire comprendre aux collaborateurs que face au danger il fallait arrêter les activités non-urgentes et non-Covid. Une fois que l'hôpital a pu reprendre ses activités électives, la situation a été plus complexe. En tant que médecin-chef j'ai dû trancher, prioriser... tout en tenant compte de tous les enjeux : la peur chez certains patients de venir à l'hôpital, le risque de retarder des diagnostics et des traitements, la pression d'autres patients qui demandaient de pouvoir être rapidement pris en charge..."Le médecin-chef note que les autorités n'ont pas donné de consignes claires sur la manière de pouvoir reprendre les activités hospitalières. "Les hôpitaux ont dû se débrouiller et fixer leurs propres règles. Le transfert de cette responsabilité sur les hôpitaux n'a pas aidé les gestionnaires." Durant la crise, EpiCURA, comme tous les hôpitaux, a dû faire face à l'absentéisme des travailleurs, ceux qui étaient malades, en quarantaine, présentant des facteurs de risques ou effrayés par la situation sanitaire . "Il a fallu gérer les absences au niveau du personnel médical et infirmier, en première ligne. Parfois, une infirmière travaillait le matin, mais il fallait l'écarter l'après-midi parce qu'elle commençait à faire de la température. Un véritable casse-tête pour la direction infirmière. En outre, tous les médecins n'ont pas pu travailler. Certains se sont sentis impuissants parce qu'ils n'ont pas pu participer à la lutte contre le Covid. Par ailleurs, la réduction drastique de l'activité hospitalière durant la première vague a eu impact relativement important sur les finances de l'hôpital (lire jdM N° 2630) et sur les revenus de certains médecins."La création du réseau hospitalier loco-régional Phare - en mars 2019 - a permis aux hôpitaux qui en sont membres (EpiCURA, le Chwapi, le CHR de la Haute Senne et le CH Mouscron) de mieux collaborer entre eux durant la pandémie. "Le fait de bien se connaître a permis d'échanger rapidement des informations, de transférer des patients entre les hôpitaux, de partager l'expertise pour l'ECMO... Le travail en réseau est une véritable plus-value durant cette période", constate le président du collège des médecins-chefs du réseau Phare. L'arrivée de la vaccination contre le Covid a été ressentie par les équipes d'EpiCURA comme une délivrance. "Une des premières infirmières qui a été vaccinée m'a confié qu'elle éprouvait la même joie que lors de son mariage. C'est fabuleux. Elle était dans un état d'esprit mêlant l'excitation, la reconnaissance et l'espoir. Tout le monde se rappelle à EpiCURA de cette première journée de vaccination avec le vaccin Moderna. Il y a eu un changement d'ambiance lorsque nous avons pu commencer à vacciner. Cet espoir était proportionnel à l'état de fatigue et de stress que ressentent les travailleurs hospitaliers depuis des mois."Wissam Bou Sleiman a pu compter durant cette période sur le précieux soutien de sa femme et de ses enfants. "J'essayais de ne pas ramener mes problèmes à la maison, tout en ayant besoin de partager mes sentiments. J'ai été bien aidé par ma femme, qui est psychologue de profession. Cela aide. Nous sommes attentifs à ce que nos enfants ne considèrent pas qu'il est normal de ne plus avoir de contacts sociaux. Cette absence de sociabilité est très difficile à vivre. Je n'ai plus vu mes parents depuis un an et demi - qui vivent au Liban et ont tous les deux attrapé le Covid."