Mais comment s'y prendre, et que peut-on réellement attendre de cette démarche? L'avis du Dr Pierre Bachez, pneumologue et tabacologue à la Clinique Saint-Luc de Bouge, dont il coordonne d'ailleurs le Centre local d'aide aux fumeurs.

Les femmes sont plus à risque

"Chez un patient BPCO, la poursuite du tabagisme augmente le nombre d'exacerbations de la maladie", rappelle le spécialiste. "Or, ces exacerbations sont clairement des facteurs aggravants, avec une accélération de la dégradation. Et la BPCO, depuis quelques années et à l'instar du cancer du poumon, s'observe un peu plus fréquemment chez les femmes qu'auparavant, bien que nous en ignorions la raison. Dans mon expérience personnelle, la BPCO sur tabagisme se développe souvent beaucoup plus précocement chez elles que chez les hommes, et avec une aggravation (exacerbations ou apparition d'un emphysème) souvent bien plus rapide."

La bonne information du public sur la BPCO et l'intérêt de la cessation tabagique doit insister sur le caractère irréversible de la maladie et la très forte dégradation de qualité de vie.

Le risque de différentes pneumopathies dont la BPCO et le cancer bronchique, devient clairement plus élevé à partir de dix patient/paquet/années (le fait de fumer un paquet par jour durant dix ans, NDLR). Bien sûr, tout le monde n'est pas égal face au tabac, pour des raisons encore inconnues. "On estime qu'environ un fumeur régulier sur quatre développera une BPCO (avec ou sans emphysème), et il est vrai que les autres auront la chance de ne présenter que de petites anomalies de type épisodes bronchitiques sans jamais voir leur fonction respiratoire s'altérer." Mais quel fumeur dispose d'une boule de cristal pour savoir ce que l'avenir lui réserve?

"On sait en tout cas que les goudrons ne sont pas les seuls responsables: le tabac "moderne" contient de nombreux autres constituants dont l'ammoniaque, un additif autorisé qui permet d'adoucir un peu le goût de la fumée mais tout en favorisant la solubilisation de la nicotine (ce qui augmente la dépendance), ainsi que de différentes substances toxiques et cancérigènes. L'ammoniaque a été beaucoup utilisée dans les cigarettes dites light et, outre la BPCO, on a alors vu beaucoup de consommatrices présenter des cancers du poumon périphériques."

Information correcte et dépistage

La bonne information du public sur la BPCO - et, partant, sur l'intérêt de la cessation tabagique - doit insister non seulement sur le caractère irréversible de la maladie, mais également sur la très forte dégradation de la qualité de vie à laquelle elle aboutit. L'image de l'insuffisance respiratoire terminale devrait être plus connue, avec le patient qui cherche jour et nuit, seconde après seconde, à "grappiller coûte que coûte un peu d'air. Dans la BPCO, on meurt à petit feu", rappelle Pierre Bachez.

Le dépistage doit être réalisé avant tout en première ligne, estime le pneumologue: "Je dirais qu'environ trois patients sur quatre que nous voyons pour la première fois en consultation spécialisée présentent une fonction respiratoire déjà bien altérée, aux alentours de 50% de la normale. L'évolution de la maladie est lente et, malheureusement, les fumeurs s'habituent à leur mode de vie et aux symptômes classiques, qu'ils estiment "normaux" en fonction de leur tabagisme."

L'aide à la cessation tabagique doit passer par la collecte des informations sur son tabagisme (âge de début, quantités, etc.), par exemple au moyen du test de Fagerström. Ce test existe en version simplifiée, qui se limite à deux questions:

"Personnellement, j'insiste beaucoup sur ce qui motive un patient donné à arrêter de fumer, et qui est variable", explique Pierre Bachez. "Il est évidemment important de renforcer cette motivation, et j'invite d'ailleurs le patient à l'écrire sur papier ou sur son smartphone, par exemple, pour être toujours en mesure de se le rappeler.J'ai souvent tendance, ensuite, à viser la réduction de la consommation (surtout chez les gros fumeurs), puis à refaire le point et embrayer ensuite sur le sevrage. Pour ce dernier, le souci que nous rencontrons actuellement est la disparition, pour différentes raisons liées à sa production, de la varénicline sur le marché belge. C'est surtout dommage pour les gros fumeurs car ce produit ne les oblige pas à arrêter d'emblée. Dans cette catégorie de population, l'option consistant à proposer des substituts nicotiniques doit inciter à demander de cesser directement toute consommation, pour éviter le risque - certes pas trop élevé - de problème coronarien aigu par surdosage."

Le problème sera peut-être résolu d'ici quelques mois mais, ceci dit, " il apparaît malheureusement que la recherche pharmacologique est peu active dans le domaine de la cessation tabagique. Or, d'autres récepteurs cérébraux que les nicotiniques pourraient être ciblés pour aider à la cessation tabagique. C'est d'autant plus dommage que les chiffres montrent, par exemple, que 23% de la population belge est fumeuse, alors que ce chiffre tournait autour de 18% il y a deux-trois ans."

Mais comment s'y prendre, et que peut-on réellement attendre de cette démarche? L'avis du Dr Pierre Bachez, pneumologue et tabacologue à la Clinique Saint-Luc de Bouge, dont il coordonne d'ailleurs le Centre local d'aide aux fumeurs. "Chez un patient BPCO, la poursuite du tabagisme augmente le nombre d'exacerbations de la maladie", rappelle le spécialiste. "Or, ces exacerbations sont clairement des facteurs aggravants, avec une accélération de la dégradation. Et la BPCO, depuis quelques années et à l'instar du cancer du poumon, s'observe un peu plus fréquemment chez les femmes qu'auparavant, bien que nous en ignorions la raison. Dans mon expérience personnelle, la BPCO sur tabagisme se développe souvent beaucoup plus précocement chez elles que chez les hommes, et avec une aggravation (exacerbations ou apparition d'un emphysème) souvent bien plus rapide." Le risque de différentes pneumopathies dont la BPCO et le cancer bronchique, devient clairement plus élevé à partir de dix patient/paquet/années (le fait de fumer un paquet par jour durant dix ans, NDLR). Bien sûr, tout le monde n'est pas égal face au tabac, pour des raisons encore inconnues. "On estime qu'environ un fumeur régulier sur quatre développera une BPCO (avec ou sans emphysème), et il est vrai que les autres auront la chance de ne présenter que de petites anomalies de type épisodes bronchitiques sans jamais voir leur fonction respiratoire s'altérer." Mais quel fumeur dispose d'une boule de cristal pour savoir ce que l'avenir lui réserve? "On sait en tout cas que les goudrons ne sont pas les seuls responsables: le tabac "moderne" contient de nombreux autres constituants dont l'ammoniaque, un additif autorisé qui permet d'adoucir un peu le goût de la fumée mais tout en favorisant la solubilisation de la nicotine (ce qui augmente la dépendance), ainsi que de différentes substances toxiques et cancérigènes. L'ammoniaque a été beaucoup utilisée dans les cigarettes dites light et, outre la BPCO, on a alors vu beaucoup de consommatrices présenter des cancers du poumon périphériques." La bonne information du public sur la BPCO - et, partant, sur l'intérêt de la cessation tabagique - doit insister non seulement sur le caractère irréversible de la maladie, mais également sur la très forte dégradation de la qualité de vie à laquelle elle aboutit. L'image de l'insuffisance respiratoire terminale devrait être plus connue, avec le patient qui cherche jour et nuit, seconde après seconde, à "grappiller coûte que coûte un peu d'air. Dans la BPCO, on meurt à petit feu", rappelle Pierre Bachez. Le dépistage doit être réalisé avant tout en première ligne, estime le pneumologue: "Je dirais qu'environ trois patients sur quatre que nous voyons pour la première fois en consultation spécialisée présentent une fonction respiratoire déjà bien altérée, aux alentours de 50% de la normale. L'évolution de la maladie est lente et, malheureusement, les fumeurs s'habituent à leur mode de vie et aux symptômes classiques, qu'ils estiment "normaux" en fonction de leur tabagisme." L'aide à la cessation tabagique doit passer par la collecte des informations sur son tabagisme (âge de début, quantités, etc.), par exemple au moyen du test de Fagerström. Ce test existe en version simplifiée, qui se limite à deux questions: "Personnellement, j'insiste beaucoup sur ce qui motive un patient donné à arrêter de fumer, et qui est variable", explique Pierre Bachez. "Il est évidemment important de renforcer cette motivation, et j'invite d'ailleurs le patient à l'écrire sur papier ou sur son smartphone, par exemple, pour être toujours en mesure de se le rappeler.J'ai souvent tendance, ensuite, à viser la réduction de la consommation (surtout chez les gros fumeurs), puis à refaire le point et embrayer ensuite sur le sevrage. Pour ce dernier, le souci que nous rencontrons actuellement est la disparition, pour différentes raisons liées à sa production, de la varénicline sur le marché belge. C'est surtout dommage pour les gros fumeurs car ce produit ne les oblige pas à arrêter d'emblée. Dans cette catégorie de population, l'option consistant à proposer des substituts nicotiniques doit inciter à demander de cesser directement toute consommation, pour éviter le risque - certes pas trop élevé - de problème coronarien aigu par surdosage." Le problème sera peut-être résolu d'ici quelques mois mais, ceci dit, " il apparaît malheureusement que la recherche pharmacologique est peu active dans le domaine de la cessation tabagique. Or, d'autres récepteurs cérébraux que les nicotiniques pourraient être ciblés pour aider à la cessation tabagique. C'est d'autant plus dommage que les chiffres montrent, par exemple, que 23% de la population belge est fumeuse, alors que ce chiffre tournait autour de 18% il y a deux-trois ans."