L'objectif de ce travail est de faire une mise au point des connaissances actuelles sur les facteurs de risque exposant à un mésusage de prégabaline, les habitudes de consommation dangereuses, et les risques encourus, afin d'en retirer des recommandations pour une prescription raisonnée en médecine générale.

Méthode

Une revue narrative de la littérature a été effectuée jusqu'en août 2022 sur Pubmed, Ebpracticenet, Cochrane, Dynamed, CDLH, UptoDate et Google Scholar avec les termes MeSH ou équivalents suivants: "pregabalin", "drug misuse", "abuse, prescription drug", "substance related disorder", "substance abuse", "substance withdrawal syndrome". Quelque 495 articles ont été identifiés, incluant les méta-analyses, guidelines, revues systématiques ou non, études observationnelles, études de cohorte et études rétrospectives datant de moins de dix ans, en français ou en anglais.

Résultats

21 articles ont été retenus. Parmi les facteurs de risque de mésusage, on retrouve le jeune âge, la consommation de drogues, la précarité, la présence de pathologies psychiatriques, la multiplication des prescripteurs et la prescription de plus de 600 mg/jour. Le mésusage peut avoir un but récréatif ou thérapeutique. La consommation se fait principalement per os, mais des cas de consommation en sniff, intraveineuse, parachute ou insertion intrarectale ont été décrits.

Consommée seule, la prégabaline présente un faible risque de décès par overdose, même à très haute dose. Ce risque augmente significativement lorsqu'elle est consommée avec d'autres substances, notamment des opiacés. En cas d'arrêt brutal de la prise de prégabaline, des symptômes de sevrage sont susceptibles d'apparaître. Il est important de réduire graduellement la posologie.

Discussion

Les principales limites sont la non-exhaustivité de la recherche et l'absence de recul, lié au caractère récent du sujet. La recherche n'a pas mis en évidence de guide de pratique clinique. Ce travail est une contribution dans ce sens.

Conclusion

Recommandations:

  • Ne jamais prescrire lors du premier contact ;
  • Attention au comportement du patient ;
  • Privilégier petits conditionnements et dosages faibles ;
  • Encourager la relation thérapeutique ;
  • Explorer l'indication ;
  • Rechercher les facteurs de risque ;
  • Éviter prescription off-label et doses supra-thérapeutiques;
  • Start low, go slow ;
  • Informer le patient: du potentiel addictif, du risque d'interaction, de sevrage et d'effet secondaire et de l'importance du respect de la posologie ;
  • Lorsqu'un mésusage est découvert, explorer les raisons du mésusage ;
  • Sevrage via centre spécialisé ou milieu hospitalier.

Titre complet: Mise au point du mésusage de prégabaline et de sa prise en charge en médecine générale.

Auteur: Dr Imane Himdi (ULiège)

Promoteur : Dr André Crismer

Master de spécialisation en médecine générale.

Année académique 2021-2022

Empathie et remise en question

C'est à la médecine interne qu'Imani Himdi se destinait en commençant son cursus de médecine. Mais ses stages ont révélé un amour particulier pour la médecine générale: "Je me suis vite rendu compte que je ne pourrais pas me cantonner à une seule discipline, et que le contact avec les patients était primordial pour moi. La grande diversité de patients et de pathologies rencontrées en médecine générale me plait beaucoup", explique-t-elle.

Elle partage actuellement un local avec une consoeur, le Dr Aliaksandra Buyevich, sur les hauteurs de Liège, en attendant la fin des travaux de leur propre bâtiment. "Plusieurs raisons m'ont poussées à choisir cet endroit, dont la diversité des profils de patients rencontrés, et la forte demande de la population." Elle avait commencé son assistanat en maison médicale à Verviers, avant de passer au cabinet des Franchises, à Liège, oùelle a été supervisée par le Dr Fabienne Lemaitre-Lambert, puis par le Dr Sabine Gurné.

La jeune femme aime travailler avec des patients de tous âges et horizons, et apprécie la relation avec eux, ainsi que le "suivi longitudinal" qu'elle peut leur offrir. Par contre, comme ses confrères et consoeurs présentés ces dernières semaines dans ces mêmes pages, ne lui parlez pas de l'aspect administratif de la profession: "Cette charge empiète sur du temps qui pourrait être consacré à voir nos patients, et rend plus difficile l'équilibre vie privée/vie professionnelle", souligne-t-elle. "Il serait bon de trouver un moyen de réduire cette charge!"

Outre sa pratique en cabinet, Imane Himdi s'intéresse beaucoup à l'addictologie, ce qui explique le choix du thème de son TFE. "Depuis un an et demi, je consacre une demi-journée par semaine à une permanence au sein de l'ASBL C.A.P fly, à Liège. Il s'agit d'un centre ambulatoire pluridisciplinaire dont le but est la prise en charge et l'accompagnement de personnes consommatrices de cocaïne et/ou héroïne." Elle espère par ailleurs pouvoir poursuivre sa formation en addictologie.

L'exercice de la médecine correspond-il à ce qu'elle imaginait en entamant ses études? "Je pense qu'en commençant nos études, la vision que l'on peut avoir du métier est au mieux incomplète, au pire idéalisée. Il est en effet difficile de se rendre compte de la réalité du terrain, avec tous ses points positifs et négatifs, vu les contacts limités que l'on peut avoir avec le métier."

Quelles sont, à ses yeux, les qualités les plus précieuses pour un généraliste? "Avant tout, une grande capacité d'écoute et d'empathie envers les patients. La capacité de communiquer efficacement, avec les patients comme avec les autres professionnels de la santé est primordiale. Il est également important de faire preuve d'une forte éthique de travail et de savoir se remettre en question lorsque c'est nécessaire."

Comment envisage-t-elle le futur de la médecine générale? "La médecine générale va énormément évoluer. Il me semble évident que la technologie prendra une part plus importante dans notre pratique, et nous aidera à prendre en charge nos patients de manière plus complète."

Enfin, au niveau plus personnel, c'est dans le temps passé avec ses proches que la Dr Himdi a l'occasion de se ressourcer et de décompresser.

L'objectif de ce travail est de faire une mise au point des connaissances actuelles sur les facteurs de risque exposant à un mésusage de prégabaline, les habitudes de consommation dangereuses, et les risques encourus, afin d'en retirer des recommandations pour une prescription raisonnée en médecine générale. Une revue narrative de la littérature a été effectuée jusqu'en août 2022 sur Pubmed, Ebpracticenet, Cochrane, Dynamed, CDLH, UptoDate et Google Scholar avec les termes MeSH ou équivalents suivants: "pregabalin", "drug misuse", "abuse, prescription drug", "substance related disorder", "substance abuse", "substance withdrawal syndrome". Quelque 495 articles ont été identifiés, incluant les méta-analyses, guidelines, revues systématiques ou non, études observationnelles, études de cohorte et études rétrospectives datant de moins de dix ans, en français ou en anglais. 21 articles ont été retenus. Parmi les facteurs de risque de mésusage, on retrouve le jeune âge, la consommation de drogues, la précarité, la présence de pathologies psychiatriques, la multiplication des prescripteurs et la prescription de plus de 600 mg/jour. Le mésusage peut avoir un but récréatif ou thérapeutique. La consommation se fait principalement per os, mais des cas de consommation en sniff, intraveineuse, parachute ou insertion intrarectale ont été décrits. Consommée seule, la prégabaline présente un faible risque de décès par overdose, même à très haute dose. Ce risque augmente significativement lorsqu'elle est consommée avec d'autres substances, notamment des opiacés. En cas d'arrêt brutal de la prise de prégabaline, des symptômes de sevrage sont susceptibles d'apparaître. Il est important de réduire graduellement la posologie. Les principales limites sont la non-exhaustivité de la recherche et l'absence de recul, lié au caractère récent du sujet. La recherche n'a pas mis en évidence de guide de pratique clinique. Ce travail est une contribution dans ce sens. Recommandations: