La prévalence du diabète de type 2 chez les jeunes est en constante augmentation dans les pays occidentaux. La prévalence estimée a presque doublé aux États-Unis entre 2001 et 2017, passant de 0,034% à 0,067%. On estime que la prévalence va quadrupler en 40 ans, en particulier dans les milieux ethniques minoritaires. Concernant le prédiabète, selon une étude publiée en 2020 aux États-Unis, environ un adolescent sur cinq et un jeune adulte sur quatre en souffrent.
Chez les enfants et adolescents asymptomatiques, le dépistage doit être envisagé si les trois conditions suivantes sont respectées: après le début de la puberté ou après l'âge de 10 ans, chez les jeunes en surpoids ou obèses, et qui présentent un ou plusieurs facteurs de risque de diabète (antécédents familiaux, ethnie, signes de résistance à l'insuline...).
La prise en charge du diabète de type 2 chez les enfants et adolescents demeure un défi, et les complications microvasculaires apparaissent très précocement chez les jeunes. L'augmentation de la prévalence du diabète de type 2 chez les enfants et adolescents est attribuée à l'augmentation de l'obésité infantile, à une alimentation déséquilibrée et à un manque d'activité physique. Dès lors, notre objectif est de faire un état des lieux des connaissances sur les mesures comportementales dans la prévention primaire du diabète de type 2, la prévention étant également une matière orientée vers la médecine générale et les soins primaires.
Matériel et méthodes
La recherche bibliographique s'est déroulée début 2022 dans des bases de données de littérature quaternaire, tertiaire, secondaire et primaire. Les équations de recherche ont été élaborées avec l'aide de la méthode Pico, et avec l'aide de la MeSH Database de PubMed pour la recherche dans cette base de données.
Seuls les articles datant d'après 2012 et décrivant les effets de mesures de prévention du diabète de type 2 chez les enfants ont été inclus.
Diverses grilles d'évaluation validées ont été utilisées pour analyser ces sources. L'échelle Prisma a été appliquée à notre revue systématique.
Résultats et discussion
1.501 publications ont été identifiées dans l'ensemble des bases de données. Sur base de l'abstract, des critères d'inclusion et de la lecture des articles, dix essais randomisés contrôlés et un essai prospectif non randomisé prétest/post-test ont été inclus.
La majorité des études provient des États-Unis. La taille des échantillons était en général limitée, entre 15 et 222 participants, avec un âge compris entre 7 et 19 ans. Les interventions se sont centrées sur l'activité physique, la nutrition ou les deux.
Les résultats au niveau de l'indice de masse corporelle (IMC) et de la résistance à l'insuline sont mitigés. Sur les onze études retenues, seulement cinq ont démontré une amélioration à la fois de l'IMC et de la sensibilité à l'insuline. Les études ayant étudié l'impact de l'activité physique et de la nutrition combinées ont obtenu des résultats plus probants que les études n'ayant mesuré qu'un de ces deux aspects. Une personnalisation de l'intervention, notamment en fonction de la communauté culturelle, ainsi qu'un suivi individualisé ont permis d'obtenir de meilleurs résultats. Cependant, les effets à long terme n'ont pas été mesurés au-delà de deux ans dans les 11 études retenues.
Conclusion
Les preuves des interventions comportementales sur la diminution du risque de diabète de type 2 chez les enfants et adolescents sont présentes, mais demeurent limitées. Les résultats supportent la faisabilité de telles interventions, mais les preuves d'efficacité sont inconstantes. D'autres études sont nécessaires, avec des échantillons de plus grande taille, des durées de suivi prolongées et un examen des résultats selon le sexe et l'âge.
Des stratégies multidimensionnelles ciblant à la fois l'activité physique, la nutrition et le soutien au changement de comportement sont les plus efficaces, mais demeurent insuffisantes à long terme, dû notamment au manque d'observance présent dans toutes nos études.
Ceci démontre que des interventions individuelles sont insuffisantes dans le cadre de cette pathologie émergente dans cette tranche d'âge. Une politique de santé publique globale et robuste, impliquant plusieurs échelons de la vie des enfants et adolescents, tels l'école, les soins de santé de première ligne et la famille, est nécessaire pour enrailler la dynamique actuelle d'augmentation rapide de la prévalence du diabète de type 2 chez les jeunes.
Titre complet: Prévention du diabète de type 2 chez l'enfant et l'adolescent: une approche comportementale. Revue systématique de la littérature.
Auteur: Dr Laureline Minner (ULB)
Promotrice: Pr Nadine Kacenelenbogen
Master de spécialisation en médecine générale.
Année académique 2021-2022
Accessibilité et pluridisciplinarité
Laureline Minner exerce actuellement à l'Entr'aide dans les Marolles (Bruxelles). C'est là que la jeune femme a fait sa dernière année d'assistanat... et elle y est restée: "J'apprécie beaucoup la pratique en maison médicale au forfait, cela apporte une accessibilité aux soins et une pluridisciplinarité qui me conviennent bien", explique-t-elle, "nous accueillons des patients en séjour illégal, des personnes sans domicile fixe, en cours de procédure Fedasil, etc. Nous travaillons également avec des patients présentant des assuétudes."
En parallèle à son investissement chez Entr'aide, la Dr Minner se forme, depuis un an et demi, à la pratique de l'IVG en planning familial. "Je souhaite participer de manière plus directe à la lutte pour le droit à l'IVG, d'autant plus qu'il y a une pénurie de médecins pratiquant les IVG hors cadre hospitalier. J'aimerais également me former en tabacologie, et plus généralement sur l'aspect de la prévention en santé en médecine générale."
Avant cela, elle a réalisé sa première année d'assistanat à Molenbeek et Berchem-Sainte-Agathe chez un médecin en pratique solo, puis exercé un an d'assistanat à l'hôpital Brugmann et travaillé six mois aux urgences de Brugmann (sites Horta et Brien). "J'ai poursuivi avec deux mois en unité covid, puis quatre mois en unité de gériatrie, tout en faisant des gardes aux urgences", précise-t-elle.
Comme nombre de jeunes généralistes, Laureline Minner a choisi cette spécialité pour être au contact direct du patient et "avoir une vision globale de sa santé et de son bien-être. c'est une spécialité qui permet de faire des formations dans des domaines divers, et d'adapter sa pratique, comme travailler à l'ONE, au planning familial, ou encore travailler avec les usagers de drogues, dans la cadre du projet Lama, par exemple." Elle apprécie le travail en équipe et pluridisciplinaire: l'ASBL de sa maison médicale dispose d'un centre d'action sociale, d'une service d'aide psychologique et même d'une école d'alphabétisation. "Ce que j'apprécie le moins est la charge administrative, qui empiète sur la qualité de prise en charge des patients." Y a-t-il l'un ou l'autre aspect de la profession de médecin généraliste qui demanderait à être amélioré, selon elle? "Je trouve que la charge administrative devrait être allégée. Les soins de santé pourraient également être mieux remboursés." Et comment voit-elle l'avenir de la médecine générale? "Avec une plus grande part à la prévention et la promotion de la santé, et une meilleure proximité et accessibilité à tous les publics."
La Dr Minner n'avait pas d'idée précise de son avenir en entamant son cursus, c'est en exerçant qu'elle a trouvé sa voie. Les qualités de MG essentielles à ses yeux? "L'écoute, la bienveillance, le non-jugement, les compétences médicales et régulièrement mises à jour, l'accessibilité, la vision globale sur la santé avec une approche biopsychosociale."
Ses passions en dehors de sa profession? "Je fais du vélo et de l'acroyoga. Je poursuis également des cours de formation musicale et de piano à l'académie."