Face à ces limitations, une des réponses possibles pourrait être la bibliothérapie, qui fait déjà ses preuves dans la prise en charge de multiples pathologies fréquentes en médecine générale comme la dépression, l'anxiété, les troubles sexuels, ... Certains pays voisins comme la Grande-Bretagne l'utilisent déjà à grande échelle, entre autres grâce à son programme "reading well". L'exploitation de cet outil thérapeutique semble cependant limitée parmi les médecins généralistes belges. Le but de mon travail a donc été de mettre en évidence les freins à l'utilisation de la bibliothérapie dans notre pratique, permettant ainsi d'y remédier!

Pour ce faire, j'ai interviewé anonymement 12 médecins généralistes en régions wallonne et bruxelloise, réalisant ensuite une analyse thématique des informations récoltées.

Méconnaissance et manque de temps

Les freins principaux mis en évidence lors de mes entretiens furent la méconnaissance occasionnée par le manque de formation universitaire ou de formation continue, le manque de temps pour lire les livres ainsi que le manque de ressources fiables. Ont également été mis en avant des freins inhérents aux médecins, tels que le peu d'attrait pour la lecture et une possible fermeture d'esprit, ainsi qu'aux patients, tels que le niveau éducationnel perçu par le médecin. Ce dernier frein semble cependant découler de ressentis générés par le soignant et pourrait donc faire l'objet de sensibilisation.

De par mes rencontres, j'ai pu conclure que la bibliothérapie semble susciter de l'intérêt chez les médecins généralistes. Certains l'utilisent déjà à leur échelle, parfois sans même s'en rendre compte! Cette pratique reste cependant actuellement limitée pour différents motifs cités ci-dessus. Heureusement, des solutions existent et semblent convaincre, telles que la sensibilisation durant le cursus universitaire, la mise en place de formations en bibliothérapie, l'accès à un listing avec résumé de livres recommandés, l'organisation d'activités en maison médicale,...

Titre complet: La bibliothérapie en médecine générale: quels freins à son utilisation? Étude qualitative réalisée auprès de médecins généralistes agréés en régions wallonne et bruxelloise.

Auteur: Dr Pauline Gérard (UCL)

Promoteur: Dr Pierre Doumont

Master de spécialisation en médecine générale

Année académique 2021-2022

Écoute et empathie

Pourquoi avez-vous choisi la médecine générale? C'est pour la variété que sa pratique propose, et le contact privilégié avec le patient, que le Dr Pauline Gérard a opté pour la médecine générale: "L'idée de pouvoir me former et me spécialiser dans différents domaines était très attrayante. En choisissant la médecine générale, j'ai l'impression d'avoir ouvert de nombreuses portes!" Connaître ses limites est cependant essentiel, "pour savoir quand passer la main dans cette discipline très large." Les qualités les plus précieuses à ses yeux de MG? "La capacité d'écoute et d'empathie. Notre discipline est très humaine, et beaucoup de choses se passent dans le non-verbal également. De plus, une connaissance de ses limites me semble primordiale, pour savoir quand passer la main dans cette discipline très large que couvre la médecine générale."

Au moment où vous lisez ces lignes, la jeune doctoresse effectue un remplacement à la maison médicale du Maelbeek. En parallèle, elle travaille au Projet Lama (Ixelles), un accompagnant thérapeutique de patients toxicomanes au sein d'une équipe pluridisciplinaire, ainsi qu'à l'ONE. "Comme je disais, j'aime la variété!", ponctue-t-elle avec enthousiasme.

Si la capitale belge est son fief, c'est dans une autre, celle de la Wallonie, à Namur, qu'elle a fait son assistanat: "J'ai eu la chance de découvrir cette belle ville au sein de la maison médicale de Bomel. Bruxelles m'a ensuite rappelée à elle, j'y ai poursuivi ma formation au cabinet Wolumed. La découverte d'un système au forfait puis d'une pratique à l'acte a été très enrichissante, ainsi que l'encadrement apporté par mes maitres de stage. Je dois d'ailleurs les remercier pour l'accompagnement offert dans cette aventure qu'est le TFE !"

Comme bon nombre de ses semblables, la partie du boulot qui lui semble la plus ingrate est... l'administratif. D'autant plus que la jeune femme est amenée à travailler régulièrement avec Fedasil et le système d'aide médicale urgente. "Parfois, c'est beaucoup de démarches, pour une prescription par exemple, et ce, au détriment du patient", relève-t-elle. Elle apprécie par contre les échanges avec les patients et les confrères, aussi intrahospitaliers. "Bien que l'on soit seul dans son cabinet, les renforts ne sont jamais loin en cas de question. De plus, tous ces partages sont très enrichissants."

Comment envisage-t-elle l'avenir de la médecine générale? "Une médecine pluridisciplinaire, centrée autour du patient. Si la pénurie de médecins généralistes continue de prendre du terrain, il sera nécessaire de s'associer davantage à d'autres intervenants de la première ligne pour offrir des soins optimaux et se répartir le travail." Un aspect à améliorer? "Venant de finir mon assistanat, je ne peux que souligner la nécessité d'une simplification et automatisation des demandes d'agrément, décourageant parfois certains jeunes médecins à s'installer en fin de parcours. "

Son quotidien correspond-il à ce qu'elle imaginait lors de ses études? "J'ai commencé en pensant à faire de la chirurgie, mes stages m'ont vite convaincue que je préférais un patient réveillé plutôt qu'endormi sur la table d'opération!" Pauline Gérard espère bientôt se former à l'IVG et aussi "reprendre la pratique de l'échographie clinique à laquelle j'ai été initiée durant mes deux ans à Wolumed. A plus long terme, je ne sais pas encore où m'installer, mais certainement au sein d'une équipe !."

Quant, enfin, à ce qui lui permet de décompresser un peu, c'est le sport "pour se défouler" ou "le yoga pour me relaxer. Nous avons aussi une belle collection de jeux de société à la maison, permettant de partager ce loisir avec notre entourage."

Face à ces limitations, une des réponses possibles pourrait être la bibliothérapie, qui fait déjà ses preuves dans la prise en charge de multiples pathologies fréquentes en médecine générale comme la dépression, l'anxiété, les troubles sexuels, ... Certains pays voisins comme la Grande-Bretagne l'utilisent déjà à grande échelle, entre autres grâce à son programme "reading well". L'exploitation de cet outil thérapeutique semble cependant limitée parmi les médecins généralistes belges. Le but de mon travail a donc été de mettre en évidence les freins à l'utilisation de la bibliothérapie dans notre pratique, permettant ainsi d'y remédier! Pour ce faire, j'ai interviewé anonymement 12 médecins généralistes en régions wallonne et bruxelloise, réalisant ensuite une analyse thématique des informations récoltées. Les freins principaux mis en évidence lors de mes entretiens furent la méconnaissance occasionnée par le manque de formation universitaire ou de formation continue, le manque de temps pour lire les livres ainsi que le manque de ressources fiables. Ont également été mis en avant des freins inhérents aux médecins, tels que le peu d'attrait pour la lecture et une possible fermeture d'esprit, ainsi qu'aux patients, tels que le niveau éducationnel perçu par le médecin. Ce dernier frein semble cependant découler de ressentis générés par le soignant et pourrait donc faire l'objet de sensibilisation. De par mes rencontres, j'ai pu conclure que la bibliothérapie semble susciter de l'intérêt chez les médecins généralistes. Certains l'utilisent déjà à leur échelle, parfois sans même s'en rendre compte! Cette pratique reste cependant actuellement limitée pour différents motifs cités ci-dessus. Heureusement, des solutions existent et semblent convaincre, telles que la sensibilisation durant le cursus universitaire, la mise en place de formations en bibliothérapie, l'accès à un listing avec résumé de livres recommandés, l'organisation d'activités en maison médicale,...