État, scientifiques et soignants font ce qu'ils peuvent. Ils ont gardé leur foi dans la science et mettent donc tous leurs espoirs dans une politique de ralentissement de la circulation du virus, pour gagner le temps nécessaire à trouver le bon traitement et le vaccin. Mais la révolte tient à la perte de confiance totale dans le monde politique et les " sachants " impuissant et monte face à des mesures estimées pire que le mal et qui paraissent parfois issues du monde de l'Absurde. Peut-être aussi au caractère inhabituel des mesures. Traditionnellement, on isolait les personnes contaminées au fond d'une forêt, au sommet d'un glacier ou sur une ile. Cette fois ci, ce sont les bien-portants qu'on confine pour les protéger certainement, mais en créant l'angoisse de la ruine.

Etat de droit, Etat des droits

L'état d'esprit n'est plus au fatalisme d'il y a 100 ans. L'Etat de Droit a fait place à l'Etat des Droits et les mesures semblent injustes et souvent discriminatoires. Chaque citoyen se voit reconnaître un droit propre, droit des femmes, droit de l'enfant, droit à la Santé. Le droit à la protection de la Santé est édicté dans l'article 23,3° de la Constitution. Toute défaillance ou erreur des pouvoirs publics apparaît dès lors comme un manquement à un Droit Fondamental, même si ce dernier n'est pas exigible directement individuellement. Mais qu'importe, chaque citoyen pense posséder une créance de santé sur l'Etat. C'est ce qui entraîne dans les esprits la mise en cause de la responsabilité des autorités débitrices des soins. Cela explique en même temps l'hostilité vis-à-vis de concitoyens qui pourraient porter atteinte à ce Droit par le non-respect des consignes de sécurité. C'est un argument d'ailleurs constamment rabâché par les médias et exploité par les Autorités, trop heureuses de se dédouaner ainsi. Le ministre de la Santé, visitant un hôpital le 30 octobre, déclarait que les malades qui étaient là étaient victimes de nos négligences. Et de marteler que chacun doit prendre son destin en main. C'est toujours l'idée sous-jacente que ce n'est pas le décideur mais le peuple qui est responsable.

Le gouvernement n'est cependant responsable que dans la mesure où il n'a pas prévu de moyens nécessaires ou bien s'il les a paralysés, comme il l'a fait avec des effets catastrophiques lors de la première phase en interdisant les soins courants et les consultations. Ce climat génère aussi une violence croissante à l'égard des soignants. Les patients paniqués sont exaspérés par des restrictions de libertés les privant de leurs repères et habitudes. La peur a transformé la contamination en infraction. Les habitants d'un immeuble veulent chasser une colocataire infirmière, par définition en contact rapproché avec la contamination. Demain, on va exiger que les médecins et soignants ne puissent plus sortir de leurs hôpitaux ou MRS pendant deux ans.

Jadis, les (rares) médecins et infirmières des sanatoriums antituberculeux logeaient sur place, d'ailleurs dans de luxueuses villas bâties dans le domaine. Les lépreux étaient isolés dans des léproseries abandonnées. Au Québec, l'Etat que nos politiciens ont choisi comme modèles de qualité pour nos institutions, 2.000 employés des maisons de repos se sont enfuis au début de l'épidémie Covid, abandonnant les pensionnaires plusieurs jours sans soins ni nourriture jusqu'à ce que l'Armée prenne la relève. Est- cela que les politiciens, experts et médias veulent ?

Si l'explosion de la deuxième vague est plus violente que celle du printemps, la situation actuelle n'est plus la même que lors de la première ; des leçons ont été tirées. Les mesures paraissent plus équilibrées et les moyens accrus mais voilà que le gouvernement remet sa responsabilité en jeu en clamant urbi et urbi qu'on va devoir choisir entre les malades qu'on va soigner et ceux qu'on va condamner, faute de lits. Mais c'est justement sa faute si on n'a pas assez de lits. C'est sa faute parce qu'il se réserve le droit de déterminer l'organisation et la structure des services de santé tout comme la programmation des équipements lourds. La loi de 22 avril 2019 sur la qualité dans les prestations de santé relayant l'AR78 ou celle relative aux Droits des patients du 22 aout 2002 sont claires sur le droit de tous à des soins de qualité, à la continuité des soins... et celui d 'introduire une plainte ! Et c'est aux pouvoirs compétents de mettre les acteurs de terrain en état de faire face à ces droits.

Vivre avec les cavaliers de l'Apocalypse

Les leçons de la pandémie sera-t-elle tirée ? On a répété qu'il fallait désormais vivre avec le virus. Alors, il faut se préparer à une autre société, une société qui aura à faire face simultanément à la transition écologique, à la violence généralisée et au terrorisme, au chômage lié à la disparition de pans entiers de l'économie ; on prédit les crises financières associées à la distribution sans compter d'argent puisé dans un jeu de Monopoly virtuel, l'explosion d'une nouvelle pauvreté avec la disparition de la classe moyenne et des indépendants ; la famine, compagne éternelle des pandémies a été évitée à ce jour et reparaîtra si le monde rural ou les transports et la distribution sont arrêtés par les maladies ou la panique ; enfin, les pandémies pourraient désormais s'enchaîner, retour de la peste compris, à une cadence plus rapide. Alors, la société de confinement inventée cette année pourrait s'instaurer durablement si on croit vraiment à son efficacité : plus de fêtes, de théâtre, de cinéma, de livres (dangereux) de danse (très dangereux), d'amour (encore plus dangereux jusqu'à ce que le KCE fasse décréter les positions jugées les moins susceptibles de transmettre le virus), plus de coiffeurs, de magasins de vêtements, de chaussures, de jouets, plus de tourismes, de déplacement surtout en transports en commun, et de tout contact social, générateur de peur, y compris à l'école, y compris dans les familles, cluster principal de contamination avec le milieu du travail. Ce n'est pas la fin du monde. Ce sera le 19 e siècle.

C'est fou tout ce qui était inutile dans la vie d'aujourd'hui. On fera d'une pierre deux coups en supprimant toute cette activité humaine pour le plus grand profit de l'écologie qui prouve maintenant que la planète est bien menacée par l'activité humaine, trop de monde. Le dogme d'aujourd'hui est de se fuir, même en dépit du bon sens. Jusqu'à un médecin représentant MG France, le Dr Handschuh qui justifiait sur LCI le 2 novembre 2020 la fermeture des petits commerces alors que les grandes surfaces restaient ouvertes : Dans les petits commerces, les gens se rencontrent et bavardent contrairement à ce qui se passe dans les supermarchés. Ce médecin a sa propre expérience de la manière dont il fait ses courses. Personnellement, j'ai une expérience contraire : C'est dans les supermarchés et particulièrement dans les files aux caisses que les voisins se rencontrent, se parlent et se demandent des nouvelles. Je n'ai jamais rencontré mes voisins chez un libraire. Qu'importe. Sur le fond, ce qui est incriminé, c'est le contact humain. Mais justement, y a-t-il moyen de les supprimer dans la vie ? L'être humain peut- il vivre seul ? On ne parle que prudemment des effets psychologiques et nocifs du confinement, comme si tout ce qui apparaissait comme une remise en question n'était pas politiquement correct.

Il y a encore du chemin à faire ; il semble que les politiques ont pris conscience de la nécessité de concilier au long cours la vie sociale, l'économie et la protection de la santé, même en période de prévention dans l'attente d'un vaccin. Déjà, la deuxième phase de la pandémie parait mieux anticipée, même s'il y a le couac du manque de vaccins antigrippes ; surprise ! Il y a encore d'autres pathologies. On a prévu le matériel nécessaire pour augmenter le nombre de lits de réa dans une phase critique 2 B pour assurer la continuité des soins autres que Covid. Manque de pot : Il n'était pas prévu que maintenant, nous devrions faire face à une indisponibilité importante de personnel. Mais oui, la Covid frappe aussi les soignants. Et encore, certains d'entre eux doivent continuer de travailler même infectés alors qu'il faudrait confiner la plupart des soignants dans la théorie en vigueur. On compte 20% d'absences dans les rangs de ceux qui se dévouent, ce qui est encore peu si on compte le nombre de contacts Covid, et le Burn out.

Libérer des soignants pour les malades

Est-il possible de renforcer les effectifs ponctuellement, par exemple en les dégageant de toute la paperasse qui les étouffe et en les libérant pour soigner ? C'est le moment de faire reculer la bureaucratie. Peut-on également demander à l'Inami, aux Mutuelles et aux 7 ou 8 ministères de la santé, comme le fait l'Armée, de mettre sur le terrain leurs médecins et infirmiers fonctionnaires et personnels familiarisés avec les paperasses. Ont-ils les aptitudes ? Certainement oui. Comme ces fonctionnaires imposent des guidelines, contrôlent ou autorisent les soins de n'importe quelle spécialité, on présume qu'ils formeraient sûrement des renforts très compétents utilisables directement sans autre formation, au même titre que les enseignants des écoles de Santé publique ou des écoles d'infirmiers ; cela aiderait, en attendant que les pénuries soient comblées. Pour préparer la suite de la pandémie et les suivantes dont la cadence risque de s'accélérer, disposer en permanence de l'équipement nécessaire sera indispensable. Il faudrait sans doute en même temps dès à présent donner une formation complémentaire en réa à un grand nombre de praticiens de la Santé, afin de disposer d'une réserve permettant une extension possible de services critiques. La France a, dans cette optique, donné d'urgence une formation accélérée à 7.000 infirmiers de plus pendant le répit des mois derniers.

Pourquoi, avec un système de santé classé au 5e rang mondial, sommes-nous frappés d'une manière beaucoup plus catastrophique que tous les autres pays au monde ?

Il faudra bien que les responsables et leurs experts analysent le plus vite possible l'historique de l'épidémie actuelle pour en dégager les facteurs critiques. Il y a l'impact de la densité de population et de la proportion de personnes âgées, mais Stockholm, avec 2,2 millions d'habitants n'est quand même pas Namur. Toute comparaison doit se faire à situations égales. Pour faire face à l'avenir, il faut vraiment savoir pourquoi, avec un système de santé classé au 5e rang mondial, une excellente médecine, un réseau d'hôpitaux encore de qualité même après la course aux formulaires sur la qualité, un enseignement supérieur réputé, un Etat providence assurant l'accès aux soins, une prospérité et une docilité des citoyens incroyables, sommes-nous frappés d'une manière beaucoup plus catastrophique que tous les autres pays au monde ?

La solution proposée par nos dirigeants, c'est de compter autrement. On pourrait aussi casser les thermomètres. Que faut-il changer ? Il faudra faire des choix clairs et ceux-ci ne peuvent qu'avoir un objectif : sauvegarder l'avenir d'une Société démocratique, libre et prospère offrant de l'espoir à nos descendants.

(1) Ouest France 18 avril 2020

État, scientifiques et soignants font ce qu'ils peuvent. Ils ont gardé leur foi dans la science et mettent donc tous leurs espoirs dans une politique de ralentissement de la circulation du virus, pour gagner le temps nécessaire à trouver le bon traitement et le vaccin. Mais la révolte tient à la perte de confiance totale dans le monde politique et les " sachants " impuissant et monte face à des mesures estimées pire que le mal et qui paraissent parfois issues du monde de l'Absurde. Peut-être aussi au caractère inhabituel des mesures. Traditionnellement, on isolait les personnes contaminées au fond d'une forêt, au sommet d'un glacier ou sur une ile. Cette fois ci, ce sont les bien-portants qu'on confine pour les protéger certainement, mais en créant l'angoisse de la ruine.L'état d'esprit n'est plus au fatalisme d'il y a 100 ans. L'Etat de Droit a fait place à l'Etat des Droits et les mesures semblent injustes et souvent discriminatoires. Chaque citoyen se voit reconnaître un droit propre, droit des femmes, droit de l'enfant, droit à la Santé. Le droit à la protection de la Santé est édicté dans l'article 23,3° de la Constitution. Toute défaillance ou erreur des pouvoirs publics apparaît dès lors comme un manquement à un Droit Fondamental, même si ce dernier n'est pas exigible directement individuellement. Mais qu'importe, chaque citoyen pense posséder une créance de santé sur l'Etat. C'est ce qui entraîne dans les esprits la mise en cause de la responsabilité des autorités débitrices des soins. Cela explique en même temps l'hostilité vis-à-vis de concitoyens qui pourraient porter atteinte à ce Droit par le non-respect des consignes de sécurité. C'est un argument d'ailleurs constamment rabâché par les médias et exploité par les Autorités, trop heureuses de se dédouaner ainsi. Le ministre de la Santé, visitant un hôpital le 30 octobre, déclarait que les malades qui étaient là étaient victimes de nos négligences. Et de marteler que chacun doit prendre son destin en main. C'est toujours l'idée sous-jacente que ce n'est pas le décideur mais le peuple qui est responsable.Le gouvernement n'est cependant responsable que dans la mesure où il n'a pas prévu de moyens nécessaires ou bien s'il les a paralysés, comme il l'a fait avec des effets catastrophiques lors de la première phase en interdisant les soins courants et les consultations. Ce climat génère aussi une violence croissante à l'égard des soignants. Les patients paniqués sont exaspérés par des restrictions de libertés les privant de leurs repères et habitudes. La peur a transformé la contamination en infraction. Les habitants d'un immeuble veulent chasser une colocataire infirmière, par définition en contact rapproché avec la contamination. Demain, on va exiger que les médecins et soignants ne puissent plus sortir de leurs hôpitaux ou MRS pendant deux ans.Jadis, les (rares) médecins et infirmières des sanatoriums antituberculeux logeaient sur place, d'ailleurs dans de luxueuses villas bâties dans le domaine. Les lépreux étaient isolés dans des léproseries abandonnées. Au Québec, l'Etat que nos politiciens ont choisi comme modèles de qualité pour nos institutions, 2.000 employés des maisons de repos se sont enfuis au début de l'épidémie Covid, abandonnant les pensionnaires plusieurs jours sans soins ni nourriture jusqu'à ce que l'Armée prenne la relève. Est- cela que les politiciens, experts et médias veulent ?Si l'explosion de la deuxième vague est plus violente que celle du printemps, la situation actuelle n'est plus la même que lors de la première ; des leçons ont été tirées. Les mesures paraissent plus équilibrées et les moyens accrus mais voilà que le gouvernement remet sa responsabilité en jeu en clamant urbi et urbi qu'on va devoir choisir entre les malades qu'on va soigner et ceux qu'on va condamner, faute de lits. Mais c'est justement sa faute si on n'a pas assez de lits. C'est sa faute parce qu'il se réserve le droit de déterminer l'organisation et la structure des services de santé tout comme la programmation des équipements lourds. La loi de 22 avril 2019 sur la qualité dans les prestations de santé relayant l'AR78 ou celle relative aux Droits des patients du 22 aout 2002 sont claires sur le droit de tous à des soins de qualité, à la continuité des soins... et celui d 'introduire une plainte ! Et c'est aux pouvoirs compétents de mettre les acteurs de terrain en état de faire face à ces droits.Les leçons de la pandémie sera-t-elle tirée ? On a répété qu'il fallait désormais vivre avec le virus. Alors, il faut se préparer à une autre société, une société qui aura à faire face simultanément à la transition écologique, à la violence généralisée et au terrorisme, au chômage lié à la disparition de pans entiers de l'économie ; on prédit les crises financières associées à la distribution sans compter d'argent puisé dans un jeu de Monopoly virtuel, l'explosion d'une nouvelle pauvreté avec la disparition de la classe moyenne et des indépendants ; la famine, compagne éternelle des pandémies a été évitée à ce jour et reparaîtra si le monde rural ou les transports et la distribution sont arrêtés par les maladies ou la panique ; enfin, les pandémies pourraient désormais s'enchaîner, retour de la peste compris, à une cadence plus rapide. Alors, la société de confinement inventée cette année pourrait s'instaurer durablement si on croit vraiment à son efficacité : plus de fêtes, de théâtre, de cinéma, de livres (dangereux) de danse (très dangereux), d'amour (encore plus dangereux jusqu'à ce que le KCE fasse décréter les positions jugées les moins susceptibles de transmettre le virus), plus de coiffeurs, de magasins de vêtements, de chaussures, de jouets, plus de tourismes, de déplacement surtout en transports en commun, et de tout contact social, générateur de peur, y compris à l'école, y compris dans les familles, cluster principal de contamination avec le milieu du travail. Ce n'est pas la fin du monde. Ce sera le 19 e siècle.C'est fou tout ce qui était inutile dans la vie d'aujourd'hui. On fera d'une pierre deux coups en supprimant toute cette activité humaine pour le plus grand profit de l'écologie qui prouve maintenant que la planète est bien menacée par l'activité humaine, trop de monde. Le dogme d'aujourd'hui est de se fuir, même en dépit du bon sens. Jusqu'à un médecin représentant MG France, le Dr Handschuh qui justifiait sur LCI le 2 novembre 2020 la fermeture des petits commerces alors que les grandes surfaces restaient ouvertes : Dans les petits commerces, les gens se rencontrent et bavardent contrairement à ce qui se passe dans les supermarchés. Ce médecin a sa propre expérience de la manière dont il fait ses courses. Personnellement, j'ai une expérience contraire : C'est dans les supermarchés et particulièrement dans les files aux caisses que les voisins se rencontrent, se parlent et se demandent des nouvelles. Je n'ai jamais rencontré mes voisins chez un libraire. Qu'importe. Sur le fond, ce qui est incriminé, c'est le contact humain. Mais justement, y a-t-il moyen de les supprimer dans la vie ? L'être humain peut- il vivre seul ? On ne parle que prudemment des effets psychologiques et nocifs du confinement, comme si tout ce qui apparaissait comme une remise en question n'était pas politiquement correct. Il y a encore du chemin à faire ; il semble que les politiques ont pris conscience de la nécessité de concilier au long cours la vie sociale, l'économie et la protection de la santé, même en période de prévention dans l'attente d'un vaccin. Déjà, la deuxième phase de la pandémie parait mieux anticipée, même s'il y a le couac du manque de vaccins antigrippes ; surprise ! Il y a encore d'autres pathologies. On a prévu le matériel nécessaire pour augmenter le nombre de lits de réa dans une phase critique 2 B pour assurer la continuité des soins autres que Covid. Manque de pot : Il n'était pas prévu que maintenant, nous devrions faire face à une indisponibilité importante de personnel. Mais oui, la Covid frappe aussi les soignants. Et encore, certains d'entre eux doivent continuer de travailler même infectés alors qu'il faudrait confiner la plupart des soignants dans la théorie en vigueur. On compte 20% d'absences dans les rangs de ceux qui se dévouent, ce qui est encore peu si on compte le nombre de contacts Covid, et le Burn out.Est-il possible de renforcer les effectifs ponctuellement, par exemple en les dégageant de toute la paperasse qui les étouffe et en les libérant pour soigner ? C'est le moment de faire reculer la bureaucratie. Peut-on également demander à l'Inami, aux Mutuelles et aux 7 ou 8 ministères de la santé, comme le fait l'Armée, de mettre sur le terrain leurs médecins et infirmiers fonctionnaires et personnels familiarisés avec les paperasses. Ont-ils les aptitudes ? Certainement oui. Comme ces fonctionnaires imposent des guidelines, contrôlent ou autorisent les soins de n'importe quelle spécialité, on présume qu'ils formeraient sûrement des renforts très compétents utilisables directement sans autre formation, au même titre que les enseignants des écoles de Santé publique ou des écoles d'infirmiers ; cela aiderait, en attendant que les pénuries soient comblées. Pour préparer la suite de la pandémie et les suivantes dont la cadence risque de s'accélérer, disposer en permanence de l'équipement nécessaire sera indispensable. Il faudrait sans doute en même temps dès à présent donner une formation complémentaire en réa à un grand nombre de praticiens de la Santé, afin de disposer d'une réserve permettant une extension possible de services critiques. La France a, dans cette optique, donné d'urgence une formation accélérée à 7.000 infirmiers de plus pendant le répit des mois derniers.Il faudra bien que les responsables et leurs experts analysent le plus vite possible l'historique de l'épidémie actuelle pour en dégager les facteurs critiques. Il y a l'impact de la densité de population et de la proportion de personnes âgées, mais Stockholm, avec 2,2 millions d'habitants n'est quand même pas Namur. Toute comparaison doit se faire à situations égales. Pour faire face à l'avenir, il faut vraiment savoir pourquoi, avec un système de santé classé au 5e rang mondial, une excellente médecine, un réseau d'hôpitaux encore de qualité même après la course aux formulaires sur la qualité, un enseignement supérieur réputé, un Etat providence assurant l'accès aux soins, une prospérité et une docilité des citoyens incroyables, sommes-nous frappés d'une manière beaucoup plus catastrophique que tous les autres pays au monde ?La solution proposée par nos dirigeants, c'est de compter autrement. On pourrait aussi casser les thermomètres. Que faut-il changer ? Il faudra faire des choix clairs et ceux-ci ne peuvent qu'avoir un objectif : sauvegarder l'avenir d'une Société démocratique, libre et prospère offrant de l'espoir à nos descendants.(1) Ouest France 18 avril 2020