Avec "Le Royaume désuni", Jonathan Coe, brillant et prolifique auteur anglais, signe un livre hommage à sa mère partie récemment, au rythme de l'histoire récente de sa mère... patrie.
Un roman à la Jean-Paul Dubois dans "Une vie française", que Jonathan Coe avoue ne pas connaître: la vie de la petite cité de Bournville, près de Birmingham, où a vécu et est décédée seule, du covid, sa mère Mary, dont est largement inspiré le personnage de ce roman. Une existence locale et familiale rythmée par la grande histoire, notamment royale, de l'Angleterre de la fin de la guerre à aujourd'hui, le tout sous les effluves de l'usine Cadbury toute proche. Un roman pour partie autobiographie donc, sur fond de guerre... chocolatière avec l'Europe. Bref, "la mort au temps du chocolat..."
Le journal du Médecin: c'est la première fois que vous écrivez un livre à propos de l'Allemagne...
Jonathan Coe : (il sourit) il y a beaucoup d'éléments autobiographiques dans ce livre, bien qu'il ne le soit pas strictement. Il y a dans mon arbre généalogique un arrière-grand-père allemand du nom de Carl Schmidt, qui a quitté l'Allemagne à la fin des années 1870; je n'ai pas pu en savoir beaucoup plus sur sa vie, sinon qu'il est parti en Amérique pendant quelques années. N'ayant pas réussi là-bas, il est revenu s'installer en Grande-Bretagne, a trouvé un emploi dans une usine de motos dans la banlieue de Birmingham, juste à côté de Bournville. Au fil des générations, l'influence allemande a diminué dans notre famille pour disparaître totalement. Mais à celle de mon père, on trouvait encore un léger soupçon de germanisme au niveau culinaire. Etaient encore servis à la table familiale des spécialités allemandes comme les Kartoffelpuffer, les spätzle, l'eintopf ou les rinderrouladen que je décris dans la partie du roman qui prend pour arrière-fond la finale de la Coupe du monde 66 opposant l'Angleterre à l'Allemagne.
Parallèlement, le livre est marqué par le règne des Windsor, qui s'appelaient Hanovre jusqu'à l'entame de la Première Guerre mondiale...
Absolument. Les Windsor sont essentiellement une famille royale allemande. Ce roman est, entre autres choses, un livre sur les relations entre la Grande-Bretagne et le reste de l'Europe. Et j'ai décidé, en raison de mes liens familiaux, de me concentrer sur la relation avec l'Allemagne.
Chaque fois qu'en football l'Allemagne joue contre l'Angleterre, la presse populaire britannique ressort les casques à pointe et les Spitfires...
J'ignore si ce type de journalisme footballistique existait avant la finale de la Coupe du monde de 1966, mais il a certainement pris de l'importance à cette date. Je cite cette phrase du journaliste sportif du Daily Mail, le jour de la finale: "Il se peut que l'Allemagne de l'ouest nous batte à notre sport national aujourd'hui, mais ce ne serait que justice. Nous les avons battus deux fois au leur."
Ce livre a-t-il été initié par la vengeance ou la colère?
La partie le plus personnelle résulte du deuil causé par la mort de ma mère et aussi de la colère, je suppose, du fait qu'elle soit morte seule pendant le covid. En soi, c'était une expérience partagée par des milliers de familles britanniques qui ont vu leurs proches âgés décédés pendant la pandémie. Mais nous l'aurions accepté s'il n'était pas apparu plus tard que les personnes qui établissaient les règles de distanciation ne les avaient apparemment pas respectées. C'est là que la colère intervient dans le livre. Mais j'espère qu'il s'agit d'une colère assez discrète et pas d'un hurlement de rage à la fin du récit. J'ai juste essayé de m'en tenir aux faits et de laisser mes sentiments transparaître à travers eux.
Union... Jack
Bien évidemment, dans ce "Royaume désuni", il y a un personnage, l'un des trois fils de Mary, prénommé Jack, référence à l'Union Jack?
Je n'y avais jamais pensé... (il sourit)
Mais je suppose qu'il y a un peu de vous dans ces trois personnages?
Moins dans Jack. Ce qui m'intéresse dans ce personnage, ce n'est pas nécessairement ses convictions politiques très nationalistes, mais son simplisme. Son talon d'Achille, et c'est vrai pour beaucoup de personnes, c'est qu'il est convaincu qu'il existe une solution simple à tout. Que les experts ne savent rien parce qu'ils essaient toujours de compliquer les choses. L'un de nos hommes politiques les plus connus, Michael Gove, a fait cette déclaration incroyable au cours de la campagne référendaire sur le Brexit, citation dont nous parlons encore aujourd'hui en Grande-Bretagne: "Nous en avons tous assez des experts". Jack serait d'accord à 100 % avec une telle assertion.
On a l'impression, à la lecture de vos romans, que vous avez besoin de ressentir de la sympathie pour vos personnages afin de les développer...
Tout à fait. Y compris dans le cas de Jack, parce que les gens sont complexes et qu'ils prennent parfois de mauvaises décisions... mais pour de bonnes raisons. Je ne voulais pas que ce soit un livre partisan: lorsque j'ai écrit à propos du Brexit "Le coeur de l'Angleterre", beaucoup de personnes m'ont reproché le fait qu'il s'agissait d'un roman de "remainer" qui ne montrait qu'un seul aspect de la controverse sur l'Europe. Je désirais cette fois que mon propos soit un peu plus nuancé, même si le personnage de Jack est en effet très... Union Jack.
Concernant les trois prénoms des membres de la fratrie, il s'agit en fait d'une référence littéraire obscure à un livre de Jonathan Swift qui a écrit à certains égards une satire plus grinçante que Les voyages de Gulliver intitulée "A Tale of a Tub - Le conte du tonneau": une sorte d'allégorie sur les schismes du christianisme après la séparation des protestants et des catholiques. Il conte cette histoire à travers la fable d'un père qui lègue un manteau différent à ses trois fils: Martin, Jack et Peter...
Madeleine de Proust
S'agit-il dès lors d'une métaphore sur l'absence de goût des anglicans et réformés en matière culinaire... et donc de chocolat?
Non, absolument pas! (rires). Je vais vous répondre de la même manière que Liz Truss répondant aux questions qui lui étaient posées lors d'entretiens télévisés: "Je n'accepte pas les prémisses de votre question" (rires). Mon grand-père et tous ses proches de cette génération travaillaient pour Cadbury, l'entreprise voisine. Ma mère a grandi près de l'usine Cadbury, qui était le chocolat de mon enfance. J'y porte donc un très fort attachement émotionnel; Cadbury, c'est ma Madeleine de Proust (rires), même si objectivement, j'admets que certains pays européens comme la Belgique, la Suisse ou la France produisent un chocolat de qualité supérieure.
Par le biais de ce roman, je me suis par ailleurs plongé dans cette épopée de la guerre du chocolat, qui a ravagé l'Union européenne pendant 30 ans. Elle est la parfaite illustration de ce que j'apprécie dans l'Union européenne, autant que ce qu'elle peut avoir d'absurde: car quoi de plus absurde que des hommes en costume assis dans une salle de conférence et discutant très sérieusement de la question de savoir si le chocolat des différents pays est du vrai chocolat ou non? Pourtant, à la fin du processus, long et compliqué de 30 ans de discussions, nous sommes parvenus à un accord; et l'harmonie règne en maître sur le marché européen du chocolat.... L'Union européenne fonctionne donc. Il faut juste être très patient et, bien entendu, les Britanniques, ou du moins le type de Britanniques que les Brexiters représentent, ne le sont absolument pas. Ils veulent trouver la solution demain... quand ce n'est pas hier.
Quoi qu'il en soit, il est impossible de s'opposer au goût de l'enfance...
Exactement. Sauf peut-être dans le cas des Américains qui ont grandi avec le goût des barres de chocolat Hershey's, avec pour résultat un traumatisme infantile (rires). Je pensais que j'adorais tous les chocolats... jusqu'à ce que je goûte les Hershey's.
Benny Hill
Vous êtes un visionnaire puisque dans le diptyque "Les enfants de Longbridge", paru dans les années 2000, le personnage de Harding une sorte d'excentrique charismatique très fier de son englishness, prend de l'importance, devient populiste. 20 ans plus tard, le Premier ministre s'appelle Boris Johnson, une sorte de comique, de Benny Hill de la politique...
Je me souviens que développant le personnage de Sean Harding, je me demandais pourquoi je faisais en sorte que ce personnage prenne cette direction. Mais il me semble être la personne la plus dangereuse du récit, même si au début tout le monde l'adore, qu'il est drôle et excentrique comme vous dites. Le célèbre sens de l'humour britannique est à la fois une grande force et une grande faiblesse. Il nous fait courir le risque de devenir une nation peu sérieuse.
Le nationalisme a-t-il désormais remplacé la religion en Grande-Bretagne?
Je suis convaincu que la famille royale est la religion du nationalisme britannique et suis étonné de voir à quel point le patriotisme est devenu un mot et un concept à la mode en Grande-Bretagne, ces dernières années. J'ai toujours apprécié dans le fait d'être britannique, cette manière d'être clairement fier de son pays, mais sans devoir en parler: une sorte de fierté discrète. Désormais, à moins que vous ne vous exprimiez sur une estrade tous les jours pour crier à quel point vous aimez votre pays, les gens pensent que vous êtes un traître ou un ennemi du peuple. Désormais, même le Parti travailliste a conscience que tout ce qu'il propose, chaque politique qu'il élabore doit être encadrée en termes de patriotisme. Les Travaillistes avaient l'habitude de terminer la conférence en chantant le drapeau rouge, et désormais c'est le God Save The Queen... pardon, King (rires).
Un roman à la Jean-Paul Dubois dans "Une vie française", que Jonathan Coe avoue ne pas connaître: la vie de la petite cité de Bournville, près de Birmingham, où a vécu et est décédée seule, du covid, sa mère Mary, dont est largement inspiré le personnage de ce roman. Une existence locale et familiale rythmée par la grande histoire, notamment royale, de l'Angleterre de la fin de la guerre à aujourd'hui, le tout sous les effluves de l'usine Cadbury toute proche. Un roman pour partie autobiographie donc, sur fond de guerre... chocolatière avec l'Europe. Bref, "la mort au temps du chocolat..." Le journal du Médecin: c'est la première fois que vous écrivez un livre à propos de l'Allemagne... Jonathan Coe : (il sourit) il y a beaucoup d'éléments autobiographiques dans ce livre, bien qu'il ne le soit pas strictement. Il y a dans mon arbre généalogique un arrière-grand-père allemand du nom de Carl Schmidt, qui a quitté l'Allemagne à la fin des années 1870; je n'ai pas pu en savoir beaucoup plus sur sa vie, sinon qu'il est parti en Amérique pendant quelques années. N'ayant pas réussi là-bas, il est revenu s'installer en Grande-Bretagne, a trouvé un emploi dans une usine de motos dans la banlieue de Birmingham, juste à côté de Bournville. Au fil des générations, l'influence allemande a diminué dans notre famille pour disparaître totalement. Mais à celle de mon père, on trouvait encore un léger soupçon de germanisme au niveau culinaire. Etaient encore servis à la table familiale des spécialités allemandes comme les Kartoffelpuffer, les spätzle, l'eintopf ou les rinderrouladen que je décris dans la partie du roman qui prend pour arrière-fond la finale de la Coupe du monde 66 opposant l'Angleterre à l'Allemagne. Parallèlement, le livre est marqué par le règne des Windsor, qui s'appelaient Hanovre jusqu'à l'entame de la Première Guerre mondiale... Absolument. Les Windsor sont essentiellement une famille royale allemande. Ce roman est, entre autres choses, un livre sur les relations entre la Grande-Bretagne et le reste de l'Europe. Et j'ai décidé, en raison de mes liens familiaux, de me concentrer sur la relation avec l'Allemagne. Chaque fois qu'en football l'Allemagne joue contre l'Angleterre, la presse populaire britannique ressort les casques à pointe et les Spitfires... J'ignore si ce type de journalisme footballistique existait avant la finale de la Coupe du monde de 1966, mais il a certainement pris de l'importance à cette date. Je cite cette phrase du journaliste sportif du Daily Mail, le jour de la finale: "Il se peut que l'Allemagne de l'ouest nous batte à notre sport national aujourd'hui, mais ce ne serait que justice. Nous les avons battus deux fois au leur." Ce livre a-t-il été initié par la vengeance ou la colère?La partie le plus personnelle résulte du deuil causé par la mort de ma mère et aussi de la colère, je suppose, du fait qu'elle soit morte seule pendant le covid. En soi, c'était une expérience partagée par des milliers de familles britanniques qui ont vu leurs proches âgés décédés pendant la pandémie. Mais nous l'aurions accepté s'il n'était pas apparu plus tard que les personnes qui établissaient les règles de distanciation ne les avaient apparemment pas respectées. C'est là que la colère intervient dans le livre. Mais j'espère qu'il s'agit d'une colère assez discrète et pas d'un hurlement de rage à la fin du récit. J'ai juste essayé de m'en tenir aux faits et de laisser mes sentiments transparaître à travers eux. Bien évidemment, dans ce "Royaume désuni", il y a un personnage, l'un des trois fils de Mary, prénommé Jack, référence à l'Union Jack?Je n'y avais jamais pensé... (il sourit)Mais je suppose qu'il y a un peu de vous dans ces trois personnages?Moins dans Jack. Ce qui m'intéresse dans ce personnage, ce n'est pas nécessairement ses convictions politiques très nationalistes, mais son simplisme. Son talon d'Achille, et c'est vrai pour beaucoup de personnes, c'est qu'il est convaincu qu'il existe une solution simple à tout. Que les experts ne savent rien parce qu'ils essaient toujours de compliquer les choses. L'un de nos hommes politiques les plus connus, Michael Gove, a fait cette déclaration incroyable au cours de la campagne référendaire sur le Brexit, citation dont nous parlons encore aujourd'hui en Grande-Bretagne: "Nous en avons tous assez des experts". Jack serait d'accord à 100 % avec une telle assertion. On a l'impression, à la lecture de vos romans, que vous avez besoin de ressentir de la sympathie pour vos personnages afin de les développer... Tout à fait. Y compris dans le cas de Jack, parce que les gens sont complexes et qu'ils prennent parfois de mauvaises décisions... mais pour de bonnes raisons. Je ne voulais pas que ce soit un livre partisan: lorsque j'ai écrit à propos du Brexit "Le coeur de l'Angleterre", beaucoup de personnes m'ont reproché le fait qu'il s'agissait d'un roman de "remainer" qui ne montrait qu'un seul aspect de la controverse sur l'Europe. Je désirais cette fois que mon propos soit un peu plus nuancé, même si le personnage de Jack est en effet très... Union Jack. Concernant les trois prénoms des membres de la fratrie, il s'agit en fait d'une référence littéraire obscure à un livre de Jonathan Swift qui a écrit à certains égards une satire plus grinçante que Les voyages de Gulliver intitulée "A Tale of a Tub - Le conte du tonneau": une sorte d'allégorie sur les schismes du christianisme après la séparation des protestants et des catholiques. Il conte cette histoire à travers la fable d'un père qui lègue un manteau différent à ses trois fils: Martin, Jack et Peter...S'agit-il dès lors d'une métaphore sur l'absence de goût des anglicans et réformés en matière culinaire... et donc de chocolat? Non, absolument pas! (rires). Je vais vous répondre de la même manière que Liz Truss répondant aux questions qui lui étaient posées lors d'entretiens télévisés: "Je n'accepte pas les prémisses de votre question" (rires). Mon grand-père et tous ses proches de cette génération travaillaient pour Cadbury, l'entreprise voisine. Ma mère a grandi près de l'usine Cadbury, qui était le chocolat de mon enfance. J'y porte donc un très fort attachement émotionnel; Cadbury, c'est ma Madeleine de Proust (rires), même si objectivement, j'admets que certains pays européens comme la Belgique, la Suisse ou la France produisent un chocolat de qualité supérieure.Par le biais de ce roman, je me suis par ailleurs plongé dans cette épopée de la guerre du chocolat, qui a ravagé l'Union européenne pendant 30 ans. Elle est la parfaite illustration de ce que j'apprécie dans l'Union européenne, autant que ce qu'elle peut avoir d'absurde: car quoi de plus absurde que des hommes en costume assis dans une salle de conférence et discutant très sérieusement de la question de savoir si le chocolat des différents pays est du vrai chocolat ou non? Pourtant, à la fin du processus, long et compliqué de 30 ans de discussions, nous sommes parvenus à un accord; et l'harmonie règne en maître sur le marché européen du chocolat.... L'Union européenne fonctionne donc. Il faut juste être très patient et, bien entendu, les Britanniques, ou du moins le type de Britanniques que les Brexiters représentent, ne le sont absolument pas. Ils veulent trouver la solution demain... quand ce n'est pas hier. Quoi qu'il en soit, il est impossible de s'opposer au goût de l'enfance... Exactement. Sauf peut-être dans le cas des Américains qui ont grandi avec le goût des barres de chocolat Hershey's, avec pour résultat un traumatisme infantile (rires). Je pensais que j'adorais tous les chocolats... jusqu'à ce que je goûte les Hershey's. Vous êtes un visionnaire puisque dans le diptyque "Les enfants de Longbridge", paru dans les années 2000, le personnage de Harding une sorte d'excentrique charismatique très fier de son englishness, prend de l'importance, devient populiste. 20 ans plus tard, le Premier ministre s'appelle Boris Johnson, une sorte de comique, de Benny Hill de la politique... Je me souviens que développant le personnage de Sean Harding, je me demandais pourquoi je faisais en sorte que ce personnage prenne cette direction. Mais il me semble être la personne la plus dangereuse du récit, même si au début tout le monde l'adore, qu'il est drôle et excentrique comme vous dites. Le célèbre sens de l'humour britannique est à la fois une grande force et une grande faiblesse. Il nous fait courir le risque de devenir une nation peu sérieuse. Le nationalisme a-t-il désormais remplacé la religion en Grande-Bretagne?Je suis convaincu que la famille royale est la religion du nationalisme britannique et suis étonné de voir à quel point le patriotisme est devenu un mot et un concept à la mode en Grande-Bretagne, ces dernières années. J'ai toujours apprécié dans le fait d'être britannique, cette manière d'être clairement fier de son pays, mais sans devoir en parler: une sorte de fierté discrète. Désormais, à moins que vous ne vous exprimiez sur une estrade tous les jours pour crier à quel point vous aimez votre pays, les gens pensent que vous êtes un traître ou un ennemi du peuple. Désormais, même le Parti travailliste a conscience que tout ce qu'il propose, chaque politique qu'il élabore doit être encadrée en termes de patriotisme. Les Travaillistes avaient l'habitude de terminer la conférence en chantant le drapeau rouge, et désormais c'est le God Save The Queen... pardon, King (rires).