...

Depuis déjà un an, les salariés absents une seule journée pour maladie n'ont plus besoin de certificat médical et ce, pour maximum trois jours dans l'année. Frank Vandenbroucke, suivant en cela plusieurs voix du monde de la médecine générale, propose aujourd'hui d'étendre la mesure à des absences de trois jours ou moins. Ecolo proposait même en avril dernier que les employés puissent s'absenter trois fois trois jours pour maladie sans remettre un certificat médical, ce qui ferait neuf jours en tout. Les écolos estiment qu'un malade d'un virus (grippe par exemple) ne se remet pas en un jour et donc que le patient doit finalement aller quand même chez le médecin pour prolonger le congé de maladie. Avec le ministre Dermagne (PS), Vandenbroucke a demandé l'avis du Conseil national du travail fin 2022. Est-ce un pousse au laxisme? Apparemment pas puisque la société spécialisée en RH, Acerta, a constaté que depuis la mesure, les congés de maladie pour courte durée ont même baissé de 5% au cours du premier trimestre 2023. Le Syndicat national des indépendants (SNI) est cependant opposé à la mesure, même si la plupart des employés agiront honnêtement. La raison: il n'y a aucun contrôle possible. Dès lors que l'employeur paie les congés maladies de courte durée, le SNI réclame le rétablissement du jour de carence. Les employeurs craignent que les employés prennent systématiquement neuf jours par an (dans l'optique la plus permissive). En Norvège et aux Pays-Bas, pays particulièrement civiques, le certificat de maladie a été banni. Les malades reviennent généralement plus rapidement au travail! Mais Wallons et Flamands sont-ils du même acabit? On peut en douter... La proposition de loi VDB pourrait également faire faire des économies à la Sécurité sociale (plusieurs millions d'euro au minimum) puisque chaque visite ou consultation du médecin est remboursée par la Sécu. Les mutuelles y sont donc plutôt favorables. En outre, ceci éviterait que des employés grippés ou enrhumés viennent contaminer leurs collègues en se rendant mordicus au bureau. Le MR s'oppose cependant avec la dernière énergie à cette mesure qu'il juge "inepte" et qui ne devrait pas être décidée par un ministre seul dans sa tour d'ivoire. Par la voix de la députée Caroline Taquin, les libéraux ont fait part jeudi dernier à la Chambre de leur vive opposition au souhait du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. "Nous ne sommes pas d'accord", a déclaré sans ambiguïté la libérale, dans une prise de position qui augure de vifs débats au sein de la majorité Vivaldi. À ses yeux, une telle proposition mettrait potentiellement en danger la qualité des soins. Depuis l'opposition, Maxime Prévot (Les Engagés) a lui aussi dit tout le mal qu'il pensait de cette idée. Pour le Dr Thierry Van der Schueren, médecin coordinateur à la SSMG répondant aux questions de nos confrères de L'Avenir, "l'allongementde la dispense ducertificat médical n'a rien de miraculeux. Rédiger uncertificat médical, avec les outils informatiques dont on dispose maintenant, cela va très vite. Il est vrai qu'une partie des gens qui ont des pathologies qui guérissent spontanément, comme une gastro-entérite ou un refroidissement, qui consultent parce qu'ils doivent remettre uncertificat à leur employeur ne viendront plus au cabinet. Mais vous avez toute une sériede personnes, de nature inquiète, qui continueront à venir pour être rassurées... Cela ne va pas m'aider dans ma pratique. On croule sous une surcharge de travail administratif et ce n'est pas dû au certificatde travail. Chaque année, il faut répéter les mêmes démarches pour obtenir le remboursement d'un médicament ou justifier un nombrede séances de kinésithérapie pour des patients atteints de pathologies chroniques telles que le diabète ou la sclérose en plaques dont on sait qu'ils ne guériront pas." Pour lui, la paperasse énergivore a d'autres origines que le certificat de maladie. Le supprimer partiellement ne réglera pas tout.