Le médecin généraliste sera inévitablement confronté à l'hésitation vaccinale pendant cette campagne de vaccination qui s'annonce longue. Un sondage Ipsos-Le soir de décembre 2020 montre que près de 70% de la population belge est favorable à la vaccination, contre 30% de défavorables. "La cible est de vacciner 75 à 90% de la population, compte tenu de l'efficacité actuellement renseignée du vaccin", rappelle Jean-Luc Belche. "Il y a donc un travail à faire et il va falloir convaincre dans nos cabinets. C'est une des tâches qui nous incombe."

Jean-Luc Belche: " On a le devoir de s'informer pour pouvoir informer. Et nous devons être épaulés par les pouvoirs publics dans cette communication vers la population dans un langage accessible.

Définition

La notion d'hésitation vaccinale n'est pas neuve. Le Groupe stratégique consultatif d'experts (Sage) réuni par l'OMS la définit comme "le retard dans l'acceptation ou le refus des vaccins malgré la disponibilité de services de vaccination. C'est un phénomène complexe, spécifique au contexte et variant selon le moment, le lieu et les vaccins. Il inclut certains facteurs comme la sous-estimation du danger, la commodité et la confiance." L'hésitation vaccinale est d'ailleurs citée par l'OMS comme faisant partie des dix menaces globales à la santé en 2019 (8e). Pour le clin d'oeil, on notera qu'une autre menace était une pandémie...

Le Dr Belche va plus loin par rapport aux déterminants de l'hésitation vaccinale. "Quels sont les facteurs d'hésitation? Le fait de ne pas avoir de besoins médicaux, le manque de recommandations, des influences extérieures qui font penser au patient qu'il n'a pas besoin du vaccin car il est en bonne santé, des vaccins jugés non efficaces ou non sûrs, une maladie qui n'est pas si grave, etc. Il y a des spécificités liées au Covid-19. L'âge, par exemple: les personnes de plus de 45 ans sont davantage enclines à se faire vacciner. L'appartenance à un groupe à risque ou la connaissance d'un proche ayant eu la maladie favorisent également l'adhésion au vaccin."

Passeur d'informations

Il faut distinguer les hésitants vaccinaux des antivax. "Tous les gens qui hésitent ne sont pas des anti-vaccins. La population antivax est globalement assez stable, autour des 5%. Les hésitants vaccinaux sont une population assez hétérogène, avec des facteurs multiples et ils n'hésitent pas à propos de tous les vaccins et toutes les maladies. La situation est donc bien plus nuancée."

Ces hésitations concernant la vaccination anti-Covid se retrouvent également chez les soignants. "Les questions que se posent les patients sont globalement les mêmes que celles que se posent les soignants: elles concernent la sécurité, l'efficacité, la nécessité."

Jean-Luc Belge insiste sur le rôle de passeur d'information du généraliste, lui qui est déjà passé par ce questionnement. "Le médecin généraliste est une source d'information qui bénéficie de la confiance de la population et qui est une source d'information jugée crédible. C'est la personne de confiance des patients. Le MG a donc un rôle à jouer en tant que personne de confiance et en tant que personnel de santé facilement accessible à la population. Nous sommes fournisseurs d'information concernant les vaccins."

Comment aborder l'hésitation vaccinale?

Se basant sur un modèle de prise en charge canadien, Jean-Luc Belche estime qu'il faut éviter les attitudes paternalistes. "Il ne faut pas choisir pour ses patients. Ils sont également noyés d'informations autres que les vôtres et ils ont des préoccupations qu'il faut pouvoir entendre, écouter et aborder. Il faut analyser les motivations de leurs hésitations en privilégiant une attitude bienveillante de non-jugement pour pouvoir après développer une information sur-mesure qui est accessible pour eux."

Il s'agit de trouver un terrain d'entente . "Donner l'information accessible et spécifique à chaque personne, c'est avoir en tête ses préoccupations, et avoir des messages positifs par rapport à la vaccination. Il s'agit d'éviter les formes graves de maladies, et cela peut avoir un effet sur la santé collective. L'acte de vaccination est aussi une posture altruiste et c'est un argument supplémentaire."

"Transmettre une information partagée au patient requiert un savoir-faire, mais aussi d'un savoir-être", estime le Dr Thomas Orban, président de la SSMG, en complément à la présentation du Dr Belche . "On aura, dans nos cabinets, quatre types de patients. Il y a ceux qui seront de toute façon pour, il y a ceux qui sont de toute façon contre. Il faut pouvoir le percevoir. Et il y a les hésitants vaccinaux avec deux types de réactions: ceux qui feront ce que le généraliste dit, sans discussion. Je tiens à souligner l'importance que nous avons, à la jonction entre la santé publique et la santé personnelle du patient quand nous répondons à ce type de patients. Il faut garder en tête que ce ne sont pas nos opinions personnelles qui doivent primer mais la santé et le bien-être des gens. Il restera enfin les patients qui ont une hésitation et pour lesquels il faudra argumenter."

Le médecin généraliste sera inévitablement confronté à l'hésitation vaccinale pendant cette campagne de vaccination qui s'annonce longue. Un sondage Ipsos-Le soir de décembre 2020 montre que près de 70% de la population belge est favorable à la vaccination, contre 30% de défavorables. "La cible est de vacciner 75 à 90% de la population, compte tenu de l'efficacité actuellement renseignée du vaccin", rappelle Jean-Luc Belche. "Il y a donc un travail à faire et il va falloir convaincre dans nos cabinets. C'est une des tâches qui nous incombe."La notion d'hésitation vaccinale n'est pas neuve. Le Groupe stratégique consultatif d'experts (Sage) réuni par l'OMS la définit comme "le retard dans l'acceptation ou le refus des vaccins malgré la disponibilité de services de vaccination. C'est un phénomène complexe, spécifique au contexte et variant selon le moment, le lieu et les vaccins. Il inclut certains facteurs comme la sous-estimation du danger, la commodité et la confiance." L'hésitation vaccinale est d'ailleurs citée par l'OMS comme faisant partie des dix menaces globales à la santé en 2019 (8e). Pour le clin d'oeil, on notera qu'une autre menace était une pandémie... Le Dr Belche va plus loin par rapport aux déterminants de l'hésitation vaccinale. "Quels sont les facteurs d'hésitation? Le fait de ne pas avoir de besoins médicaux, le manque de recommandations, des influences extérieures qui font penser au patient qu'il n'a pas besoin du vaccin car il est en bonne santé, des vaccins jugés non efficaces ou non sûrs, une maladie qui n'est pas si grave, etc. Il y a des spécificités liées au Covid-19. L'âge, par exemple: les personnes de plus de 45 ans sont davantage enclines à se faire vacciner. L'appartenance à un groupe à risque ou la connaissance d'un proche ayant eu la maladie favorisent également l'adhésion au vaccin."Il faut distinguer les hésitants vaccinaux des antivax. "Tous les gens qui hésitent ne sont pas des anti-vaccins. La population antivax est globalement assez stable, autour des 5%. Les hésitants vaccinaux sont une population assez hétérogène, avec des facteurs multiples et ils n'hésitent pas à propos de tous les vaccins et toutes les maladies. La situation est donc bien plus nuancée."Ces hésitations concernant la vaccination anti-Covid se retrouvent également chez les soignants. "Les questions que se posent les patients sont globalement les mêmes que celles que se posent les soignants: elles concernent la sécurité, l'efficacité, la nécessité."Jean-Luc Belge insiste sur le rôle de passeur d'information du généraliste, lui qui est déjà passé par ce questionnement. "Le médecin généraliste est une source d'information qui bénéficie de la confiance de la population et qui est une source d'information jugée crédible. C'est la personne de confiance des patients. Le MG a donc un rôle à jouer en tant que personne de confiance et en tant que personnel de santé facilement accessible à la population. Nous sommes fournisseurs d'information concernant les vaccins."Se basant sur un modèle de prise en charge canadien, Jean-Luc Belche estime qu'il faut éviter les attitudes paternalistes. "Il ne faut pas choisir pour ses patients. Ils sont également noyés d'informations autres que les vôtres et ils ont des préoccupations qu'il faut pouvoir entendre, écouter et aborder. Il faut analyser les motivations de leurs hésitations en privilégiant une attitude bienveillante de non-jugement pour pouvoir après développer une information sur-mesure qui est accessible pour eux."Il s'agit de trouver un terrain d'entente . "Donner l'information accessible et spécifique à chaque personne, c'est avoir en tête ses préoccupations, et avoir des messages positifs par rapport à la vaccination. Il s'agit d'éviter les formes graves de maladies, et cela peut avoir un effet sur la santé collective. L'acte de vaccination est aussi une posture altruiste et c'est un argument supplémentaire.""Transmettre une information partagée au patient requiert un savoir-faire, mais aussi d'un savoir-être", estime le Dr Thomas Orban, président de la SSMG, en complément à la présentation du Dr Belche . "On aura, dans nos cabinets, quatre types de patients. Il y a ceux qui seront de toute façon pour, il y a ceux qui sont de toute façon contre. Il faut pouvoir le percevoir. Et il y a les hésitants vaccinaux avec deux types de réactions: ceux qui feront ce que le généraliste dit, sans discussion. Je tiens à souligner l'importance que nous avons, à la jonction entre la santé publique et la santé personnelle du patient quand nous répondons à ce type de patients. Il faut garder en tête que ce ne sont pas nos opinions personnelles qui doivent primer mais la santé et le bien-être des gens. Il restera enfin les patients qui ont une hésitation et pour lesquels il faudra argumenter."