Cet examen écrit sera organisé simultanément durant la première quinzaine de septembre dans chacune des facultés de médecine de la Fédération. Tous les candidats seront soumis à un seul et même questionnaire. Les étudiants regrettent l'absence de seconde session. Le doyen de l'UCL Vanpee également.

L'examen d'entrée évaluera à la fois la bonne maîtrise de différentes matières scientifiques (maths, physique, chimie, bio), de l'anglais, mais aussi les compétences de communication, d'analyse critique et de synthèse des candidats, de même que leur connaissance de questions éthiques et sociales.

Pour réussir cet examen d'admission, les candidats devront obtenir au moins 10 sur 20 dans chacune des matières évaluées.

Les questions et les modalités d'évaluation de l'examen seront élaborées par un jury composé d'au moins dix (anciens) professeurs de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Dans une récente interview accordée à la presse, M. Marcourt avait indiqué qu'"un étudiant sur dix" seulement réussirait ce futur concours.

Si l'organisation décentralisée de l'épreuve ne se révèle pas concluante, le gouvernement se réserve le droit d'organiser, dès la rentrée 2018, une épreuve centralisée dans un lieu unique, comme cela se fait déjà en Flandre.

Un budget de 800.000 euros est prévu pour organiser et gérer l'ensemble de l'épreuve.

Le projet de décret approuvé ce mercredi va à présent être soumis au Conseil d'Etat qui devrait rendre son avis dans le mois.

Débloquer les numéros Inami

Elaboré à contre-coeur par le ministre de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt, le projet de décret devrait logiquement amener la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, à décerner un numéro Inami à tous les étudiants francophones en dernière année qui attendent le précieux sésame.

Pour rappel, après l'invalidation cet été du concours organisé en fin de 1er bachelier par le Conseil d'Etat, la ministre avait conditionné tout déblocage de numéros Inami à l'adoption préalable par le gouvernement de la Fédération d'un examen d'entrée pour répondre au contingentement fédéral des praticiens.

Très tendu ces derniers mois, le dialogue entre le ministre francophone et Mme De Block s'est, semble-t-il, quelque peu décrispé ces dernières semaines à mesure que l'examen francophone prenait forme.

La ministre fédérale a notamment laissé entendre que le "lissage négatif" du nombre de futurs médecins francophones pourrait être moins drastique que ce qu'elle avait laissé entendre préalablement.

Dépourvues bien longtemps de filtre efficace, les universités francophones ont en effet diplômé bien plus de médecins qu'il n'y avait d'attestations disponibles.

La ministre fédérale a longtemps évoqué un excédent de quelque 3.000 médecins francophones diplômés à résorber en l'espace de 7 ou 10 ans à peine.

En tenant compte des étudiants français (nombreux dans les universités francophones, ndlr), elle a toutefois laissé entendre récemment qu'elle pourrait ramener ce chiffre à moins de 1.500.

Dans un souci d'économies en soins de santé, le gouvernement fédéral a décidé il y a vingt ans de contingenter chaque année le nombre de nouveaux médecins.

La Flandre s'y est directement adaptée en organisant un examen d'entre toujours d'application.

La Communauté française, plus réticente, a, elle, appliqué différents régimes de sélection en cours de parcours qui ont tous été invalidés, laissant ainsi entrer un grand nombre d'étudiants dans la filière médicale.

Interrogé à la radio, le doyen de la Faculté de médecine de l'UCL, le Pr Vanpee, a dit son étonnement par rapport à l'absence d'une seconde session. Il espère que les autorités politiques reviendront à la raison sur cette modalité.

Etudiants réticents

Les associations étudiantes sont peu enthousiastes concernant l'avant-projet de décret d'examen d'entrée pour accéder aux études de médecine et de dentisterie. Réticentes au principe d'un examen d'entrée, les associations s'inquiètent également de l'absence d'une deuxième session.

"Les étudiants jugent la proposition comme profondément injuste, la session de juillet pouvant servir à certains comme indicateur pour préparer leur session d'août et se focaliser sur leurs lacunes", souligne Quentin Lamelyn, président du CIUM.

"Cela place les étudiants dans une situation d'incertitude car ils ne sauront s'ils ont réussi que quelques jours à peine avant que les cours ne commencent", ajoute Opaline Meunier, présidente de l'Unécof. L'association s'inquiète surtout pour le logement des étudiants. "Aucun étudiant en médecine ne va signer un bail pour un kot avant de savoir s'il est admis", souligne Opaline Meunier. "Et il sera impossible de trouver un logement de qualité et à un prix décent entre le 10 et le 14 septembre", ce qui place les étudiants en médecine et en dentisterie dans une situation d'inégalité, selon elle.

Le CIUM s'inquiète également pour les étudiants qui ne réussiraient pas leur première année en juin 2017 mais qui auraient acquis un certain nombre de crédits, notamment dans les sciences fondamentales. "Qu'adviendra-t-il de ces élèves? Devront-ils repartir de zéro?", s'interroge-t-il.

Par ailleurs, un budget de 800.000 euros est prévu pour l'organisation de l'examen d'entrée. "Cela nous semble excessif et nous exigeons un décompte afin de connaître précisément la manière dont cet argent sera utilisé", indique l'Unécof. "Si on a besoin de 800.000 euros juste pour louer le palais du Heysel, franchement il y a d'autres priorités. Les bourses d'études en ont bien besoin", s'exclame Opaline Meunier. Elle souligne que le budget pour l'organisation du test d'orientation non contraignant pour les étudiants en médecine, du même type que le projet d'examen d'entrée, n'est pas entièrement utilisé. "On utilise maximum 110.000 euros sur les 200.000 budgétés chaque année. Pourquoi allons-nous désormais vers 800.000 euros pour un test du même acabit?"

Enfin, c'est le principe même d'un examen d'entrée qui dérange. "Pourquoi organiser un examen d'entrée alors qu'on manque de médecins et qu'on importe des médecins formés à l'étranger?", s'interroge Maxime Mori, président de la Fédération des étudiants francophones (FEF).

Quentin Lamelyn, président du CIUM, déplore en outre "une sélection qui s'annonce avant tout sociale, favorisant les classes les plus nanties qui ont accès à un enseignement secondaire souvent d'un bien meilleur niveau" et qui sont "en mesure d'offrir tout le soutien scolaire nécessaire à la réussite d'une telle épreuve".

Il regrette également que l'examen se centre sur la connaissance des sciences fondamentales.

Sous-financement

Enfin, le volet financement du décret fait craindre un sous-financement des facultés incomplètes, pointent les étudiants.

Selon un calcul de l'AGE (Assemblée générale des étudiants de l'université de Namur), la perte financière pour l'université de Namur s'élèverait à plusieurs millions d'euros. "Ce qui pourrait mener à la fermeture de la faculté", s'indigne Brieux Delanghe.

"Les étudiants universitaires sont répartis dans différentes catégories. Pour l'instant, les étudiants en médecine sont dans la catégorie 'B', la plus valorisée financièrement. L'avant-projet veut faire passer certains d'entre eux dans la catégorie 'A', synonyme d'une perte de financement", explique Brieux Delanghe, président de l'AGE. D'autres mesures assez techniques seraient également prévues, notamment pour les 'reçus-collés', ces étudiants qui ont réussi leur année mais qui ne s'étaient pas classés en ordre utile lors du concours organisé en fin de 1ère bachelier et invalidé cet été.

Actualisé jeudi 24/11 - 11:51

Contre tout attente, l'avant-projet de décret instaurant un examen d'entrée aux études de médecine et de dentisterie en Fédération Wallonie-Bruxelles n'a pas été approuvé mercredi par le gouvernement, contrairement à une communication à la presse de celui-ci livrée plus tôt dans l'après-midi de mercredi.

Cet examen écrit sera organisé simultanément durant la première quinzaine de septembre dans chacune des facultés de médecine de la Fédération. Tous les candidats seront soumis à un seul et même questionnaire. Les étudiants regrettent l'absence de seconde session. Le doyen de l'UCL Vanpee également. L'examen d'entrée évaluera à la fois la bonne maîtrise de différentes matières scientifiques (maths, physique, chimie, bio), de l'anglais, mais aussi les compétences de communication, d'analyse critique et de synthèse des candidats, de même que leur connaissance de questions éthiques et sociales.Pour réussir cet examen d'admission, les candidats devront obtenir au moins 10 sur 20 dans chacune des matières évaluées.Les questions et les modalités d'évaluation de l'examen seront élaborées par un jury composé d'au moins dix (anciens) professeurs de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles.Dans une récente interview accordée à la presse, M. Marcourt avait indiqué qu'"un étudiant sur dix" seulement réussirait ce futur concours.Si l'organisation décentralisée de l'épreuve ne se révèle pas concluante, le gouvernement se réserve le droit d'organiser, dès la rentrée 2018, une épreuve centralisée dans un lieu unique, comme cela se fait déjà en Flandre.Un budget de 800.000 euros est prévu pour organiser et gérer l'ensemble de l'épreuve.Le projet de décret approuvé ce mercredi va à présent être soumis au Conseil d'Etat qui devrait rendre son avis dans le mois.Elaboré à contre-coeur par le ministre de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt, le projet de décret devrait logiquement amener la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, à décerner un numéro Inami à tous les étudiants francophones en dernière année qui attendent le précieux sésame.Pour rappel, après l'invalidation cet été du concours organisé en fin de 1er bachelier par le Conseil d'Etat, la ministre avait conditionné tout déblocage de numéros Inami à l'adoption préalable par le gouvernement de la Fédération d'un examen d'entrée pour répondre au contingentement fédéral des praticiens.Très tendu ces derniers mois, le dialogue entre le ministre francophone et Mme De Block s'est, semble-t-il, quelque peu décrispé ces dernières semaines à mesure que l'examen francophone prenait forme. La ministre fédérale a notamment laissé entendre que le "lissage négatif" du nombre de futurs médecins francophones pourrait être moins drastique que ce qu'elle avait laissé entendre préalablement.Dépourvues bien longtemps de filtre efficace, les universités francophones ont en effet diplômé bien plus de médecins qu'il n'y avait d'attestations disponibles. La ministre fédérale a longtemps évoqué un excédent de quelque 3.000 médecins francophones diplômés à résorber en l'espace de 7 ou 10 ans à peine.En tenant compte des étudiants français (nombreux dans les universités francophones, ndlr), elle a toutefois laissé entendre récemment qu'elle pourrait ramener ce chiffre à moins de 1.500.Dans un souci d'économies en soins de santé, le gouvernement fédéral a décidé il y a vingt ans de contingenter chaque année le nombre de nouveaux médecins.La Flandre s'y est directement adaptée en organisant un examen d'entre toujours d'application.La Communauté française, plus réticente, a, elle, appliqué différents régimes de sélection en cours de parcours qui ont tous été invalidés, laissant ainsi entrer un grand nombre d'étudiants dans la filière médicale.Interrogé à la radio, le doyen de la Faculté de médecine de l'UCL, le Pr Vanpee, a dit son étonnement par rapport à l'absence d'une seconde session. Il espère que les autorités politiques reviendront à la raison sur cette modalité.Les associations étudiantes sont peu enthousiastes concernant l'avant-projet de décret d'examen d'entrée pour accéder aux études de médecine et de dentisterie. Réticentes au principe d'un examen d'entrée, les associations s'inquiètent également de l'absence d'une deuxième session."Les étudiants jugent la proposition comme profondément injuste, la session de juillet pouvant servir à certains comme indicateur pour préparer leur session d'août et se focaliser sur leurs lacunes", souligne Quentin Lamelyn, président du CIUM."Cela place les étudiants dans une situation d'incertitude car ils ne sauront s'ils ont réussi que quelques jours à peine avant que les cours ne commencent", ajoute Opaline Meunier, présidente de l'Unécof. L'association s'inquiète surtout pour le logement des étudiants. "Aucun étudiant en médecine ne va signer un bail pour un kot avant de savoir s'il est admis", souligne Opaline Meunier. "Et il sera impossible de trouver un logement de qualité et à un prix décent entre le 10 et le 14 septembre", ce qui place les étudiants en médecine et en dentisterie dans une situation d'inégalité, selon elle.Le CIUM s'inquiète également pour les étudiants qui ne réussiraient pas leur première année en juin 2017 mais qui auraient acquis un certain nombre de crédits, notamment dans les sciences fondamentales. "Qu'adviendra-t-il de ces élèves? Devront-ils repartir de zéro?", s'interroge-t-il.Par ailleurs, un budget de 800.000 euros est prévu pour l'organisation de l'examen d'entrée. "Cela nous semble excessif et nous exigeons un décompte afin de connaître précisément la manière dont cet argent sera utilisé", indique l'Unécof. "Si on a besoin de 800.000 euros juste pour louer le palais du Heysel, franchement il y a d'autres priorités. Les bourses d'études en ont bien besoin", s'exclame Opaline Meunier. Elle souligne que le budget pour l'organisation du test d'orientation non contraignant pour les étudiants en médecine, du même type que le projet d'examen d'entrée, n'est pas entièrement utilisé. "On utilise maximum 110.000 euros sur les 200.000 budgétés chaque année. Pourquoi allons-nous désormais vers 800.000 euros pour un test du même acabit?"Enfin, c'est le principe même d'un examen d'entrée qui dérange. "Pourquoi organiser un examen d'entrée alors qu'on manque de médecins et qu'on importe des médecins formés à l'étranger?", s'interroge Maxime Mori, président de la Fédération des étudiants francophones (FEF).Quentin Lamelyn, président du CIUM, déplore en outre "une sélection qui s'annonce avant tout sociale, favorisant les classes les plus nanties qui ont accès à un enseignement secondaire souvent d'un bien meilleur niveau" et qui sont "en mesure d'offrir tout le soutien scolaire nécessaire à la réussite d'une telle épreuve". Il regrette également que l'examen se centre sur la connaissance des sciences fondamentales. Enfin, le volet financement du décret fait craindre un sous-financement des facultés incomplètes, pointent les étudiants.Selon un calcul de l'AGE (Assemblée générale des étudiants de l'université de Namur), la perte financière pour l'université de Namur s'élèverait à plusieurs millions d'euros. "Ce qui pourrait mener à la fermeture de la faculté", s'indigne Brieux Delanghe."Les étudiants universitaires sont répartis dans différentes catégories. Pour l'instant, les étudiants en médecine sont dans la catégorie 'B', la plus valorisée financièrement. L'avant-projet veut faire passer certains d'entre eux dans la catégorie 'A', synonyme d'une perte de financement", explique Brieux Delanghe, président de l'AGE. D'autres mesures assez techniques seraient également prévues, notamment pour les 'reçus-collés', ces étudiants qui ont réussi leur année mais qui ne s'étaient pas classés en ordre utile lors du concours organisé en fin de 1ère bachelier et invalidé cet été.Actualisé jeudi 24/11 - 11:51Contre tout attente, l'avant-projet de décret instaurant un examen d'entrée aux études de médecine et de dentisterie en Fédération Wallonie-Bruxelles n'a pas été approuvé mercredi par le gouvernement, contrairement à une communication à la presse de celui-ci livrée plus tôt dans l'après-midi de mercredi.