Pas d'hôpital du futur sans changement des mentalités capables d'inspirer aux politiques des lois de financement plus transparentes et plus simples, demandées par le KCE depuis déjà 2010! Depuis des années, de nombreux acteurs, l'Absym-Bvas en premier, réclament ces inaccessibles lois de financement plus transparentes et plus simples. Mais que de discordances! La moindre tentative de réforme se heurte à un bras de fer entre gagnants et perdants potentiels, paralysant le politique. Pour faire avancer le schmilblick, des audacieux devront sortir de leurs zones de confort. La technologie et l'argent vont aider (lire jDM N° 2725).

Culture politique et hôpital du futur: il est temps de se bouger!

De par leurs actes et leurs paroles, du local au régional et au suprarégional, tous les habitants d'un pays influencent la politique. Le courage politique ne doit donc pas s'attendre des seuls partis, mais de tous les citoyens. Alors, pour le sujet actuel une seule question s'impose.

Les patients deviennent des clients curieux et attentifs. L'intégration des soins commence donc avec eux pour se poursuivre au contact des médecins.

Comment chacun de nous, ici et maintenant, peut-il influencer l'hôpital du futur?

Des patients d'un nouveau style

De plus en plus de patients parlent d'internet et de leurs Apps. Certains vont jusqu'à étudier des textes officiels, par exemple sur les interactions médicamenteuses et pointent des détails parfois importants. Ils envoient des ECG avec des protocoles automatiques tantôt justes, tantôt erronés, souvent peu pertinents ou causes d'inquiétudes infondées. Mais ces technologies vont s'améliorer. Les patients deviennent des clients curieux et attentifs. L'intégration des soins commence donc avec eux pour se poursuivre au contact des médecins.

Des médecins ouverts

Au colloque de l'Amgix une majorité accueille bien cette évolution. Elle représente un atout pour discuter du diagnostic et du traitement, à condition de garder une vigilance critique. Depuis longtemps, pas besoin de l'hôpital pour mesurer des glycémies ou des pressions artérielles, mais ce n'est qu'un début. En aidant à distinguer le bon grain de l'ivraie, les médecins devront jouer pleinement leur rôle d'ultimes experts de confiance, une formidable occasion de renouveler la profession.

Des conseils médicaux mis au pied du mur

Jacques de Toeuf insiste sur le rôle des conseils médicaux dans la politique hospitalière. Malheureusement, leurs membres profitent trop souvent de leur mandat pour défendre les intérêts de leur propre service. Seule une nouvelle culture du management hospitalier permettra de sortir les spécialités de leurs silos afin de créer les conditions favorables à des relations harmonieuses entre elles. Le développement de l'esprit d'entreprise et du sens politique chez les médecins reste un formidable défi pédagogique pour les syndicats médicaux.

Des managers soucieux des conditions de travail de leurs équipes

Dans "Médecins pilotes et patients co- pilotes" (jdM n° 2455), j'avais déjà évoqué la culture de la fiabilité prônée par Christian Morel*. Cette culture implique des managers privilégiant leur présence active sur le terrain pour donner l'exemple et mobiliser leurs équipes autour des patients. Beaucoup invoquent des obligations administratives pour se retrancher dans leur bureau et donner des instructions à distance. En fait, rien n'y oblige. Pour preuve, les grandes différences de culture d'entreprise entre les hôpitaux, tous soumis au même cadre légal.

Des directeurs d'hôpitaux sous pressions politiques et budgétaires

Pour les directeurs d'hôpitaux, leur marge de manoeuvre dépend essentiellement des conseils d'administration. Au fur et à mesure que nous nous élevons dans les étages du système, le poids des enjeux politiques et financiers tend à prendre le pas sur le bien être des patients et les bonnes conditions de travail des praticiens. Pour preuve: les blocages dans la mise en oeuvre des réseaux.

Des réseaux conçus pour la population

Le Dr Ventura, déjà cité dans le premier article, ose sortir de sa zone de confort. "Je déplore l'échec du grand réseau de Charleroi. Si on avait fait le grand réseau, on aurait par exemple pu se payer un hélicoptère. Et le gars de Chimay qui tombait en dessous de son tracteur, plutôt que de l'opérer là-bas par un neurochirurgien, l'hélico allait le chercher et il se faisait opérer correctement à Marie Curie ou chez nous. À la place, on est en train de faire du bricolage. On est dans un système de dingues." (La Libre du 06/08/2022).

La technologie et l'argent vont aider, vraiment?

Cette affirmation fleure le slogan un peu court. Car nous contribuons tous par nos choix, nos attitudes et nos votes, à l'usage plus ou moins bon de la technologie et de l'argent. À un pôle les praticiens confrontés à des processus pathologiques et à l'autre des responsables politiques traçant les grandes orientations de l'assurance maladie-invalidité. Personne, à aucun niveau, ne peut garantir seul les trois qualités, techniques, humaines et financières de ses décisions, mais chacun peut y contribuer, non pas en paroles, mais en actes, du terrain des pratiques aux innombrables communications influençant l'opinion publique et les décisions politiques.

Deux questions pour conclure.

Quelle est la première valeur de la culture politique des belges? La liberté!

Quelle est sa plus grande menace? L'étouffement des malades, des médecins et des soignants sous des tonnes de règlements.

Et aux consoeurs et confrères de toutes pratiques, toutes générations et toutes convictions:

1° Vos syndicats ont besoin de votre vote.

2° Vos syndicats, au-delà des divergences de convictions et d'intérêts, doivent s'unir (comme les mutuelles) et chercher des alliances autour des trois qualités indissociables des soins de santé, techniques, humaines et financières.

*Webinaire jeudi 6/09/ 2022 20 h: "gestion des incidents médicaux"https://webinars.medecinsendifficulte.be/

Pas d'hôpital du futur sans changement des mentalités capables d'inspirer aux politiques des lois de financement plus transparentes et plus simples, demandées par le KCE depuis déjà 2010! Depuis des années, de nombreux acteurs, l'Absym-Bvas en premier, réclament ces inaccessibles lois de financement plus transparentes et plus simples. Mais que de discordances! La moindre tentative de réforme se heurte à un bras de fer entre gagnants et perdants potentiels, paralysant le politique. Pour faire avancer le schmilblick, des audacieux devront sortir de leurs zones de confort. La technologie et l'argent vont aider (lire jDM N° 2725).Culture politique et hôpital du futur: il est temps de se bouger! De par leurs actes et leurs paroles, du local au régional et au suprarégional, tous les habitants d'un pays influencent la politique. Le courage politique ne doit donc pas s'attendre des seuls partis, mais de tous les citoyens. Alors, pour le sujet actuel une seule question s'impose.Comment chacun de nous, ici et maintenant, peut-il influencer l'hôpital du futur? Des patients d'un nouveau styleDe plus en plus de patients parlent d'internet et de leurs Apps. Certains vont jusqu'à étudier des textes officiels, par exemple sur les interactions médicamenteuses et pointent des détails parfois importants. Ils envoient des ECG avec des protocoles automatiques tantôt justes, tantôt erronés, souvent peu pertinents ou causes d'inquiétudes infondées. Mais ces technologies vont s'améliorer. Les patients deviennent des clients curieux et attentifs. L'intégration des soins commence donc avec eux pour se poursuivre au contact des médecins.Des médecins ouvertsAu colloque de l'Amgix une majorité accueille bien cette évolution. Elle représente un atout pour discuter du diagnostic et du traitement, à condition de garder une vigilance critique. Depuis longtemps, pas besoin de l'hôpital pour mesurer des glycémies ou des pressions artérielles, mais ce n'est qu'un début. En aidant à distinguer le bon grain de l'ivraie, les médecins devront jouer pleinement leur rôle d'ultimes experts de confiance, une formidable occasion de renouveler la profession.Des conseils médicaux mis au pied du murJacques de Toeuf insiste sur le rôle des conseils médicaux dans la politique hospitalière. Malheureusement, leurs membres profitent trop souvent de leur mandat pour défendre les intérêts de leur propre service. Seule une nouvelle culture du management hospitalier permettra de sortir les spécialités de leurs silos afin de créer les conditions favorables à des relations harmonieuses entre elles. Le développement de l'esprit d'entreprise et du sens politique chez les médecins reste un formidable défi pédagogique pour les syndicats médicaux. Des managers soucieux des conditions de travail de leurs équipesDans "Médecins pilotes et patients co- pilotes" (jdM n° 2455), j'avais déjà évoqué la culture de la fiabilité prônée par Christian Morel*. Cette culture implique des managers privilégiant leur présence active sur le terrain pour donner l'exemple et mobiliser leurs équipes autour des patients. Beaucoup invoquent des obligations administratives pour se retrancher dans leur bureau et donner des instructions à distance. En fait, rien n'y oblige. Pour preuve, les grandes différences de culture d'entreprise entre les hôpitaux, tous soumis au même cadre légal. Des directeurs d'hôpitaux sous pressions politiques et budgétairesPour les directeurs d'hôpitaux, leur marge de manoeuvre dépend essentiellement des conseils d'administration. Au fur et à mesure que nous nous élevons dans les étages du système, le poids des enjeux politiques et financiers tend à prendre le pas sur le bien être des patients et les bonnes conditions de travail des praticiens. Pour preuve: les blocages dans la mise en oeuvre des réseaux. Des réseaux conçus pour la populationLe Dr Ventura, déjà cité dans le premier article, ose sortir de sa zone de confort. "Je déplore l'échec du grand réseau de Charleroi. Si on avait fait le grand réseau, on aurait par exemple pu se payer un hélicoptère. Et le gars de Chimay qui tombait en dessous de son tracteur, plutôt que de l'opérer là-bas par un neurochirurgien, l'hélico allait le chercher et il se faisait opérer correctement à Marie Curie ou chez nous. À la place, on est en train de faire du bricolage. On est dans un système de dingues." (La Libre du 06/08/2022). La technologie et l'argent vont aider, vraiment? Cette affirmation fleure le slogan un peu court. Car nous contribuons tous par nos choix, nos attitudes et nos votes, à l'usage plus ou moins bon de la technologie et de l'argent. À un pôle les praticiens confrontés à des processus pathologiques et à l'autre des responsables politiques traçant les grandes orientations de l'assurance maladie-invalidité. Personne, à aucun niveau, ne peut garantir seul les trois qualités, techniques, humaines et financières de ses décisions, mais chacun peut y contribuer, non pas en paroles, mais en actes, du terrain des pratiques aux innombrables communications influençant l'opinion publique et les décisions politiques. Deux questions pour conclure. Quelle est la première valeur de la culture politique des belges? La liberté!Quelle est sa plus grande menace? L'étouffement des malades, des médecins et des soignants sous des tonnes de règlements. Et aux consoeurs et confrères de toutes pratiques, toutes générations et toutes convictions: 1° Vos syndicats ont besoin de votre vote. 2° Vos syndicats, au-delà des divergences de convictions et d'intérêts, doivent s'unir (comme les mutuelles) et chercher des alliances autour des trois qualités indissociables des soins de santé, techniques, humaines et financières.