Boris Johnson et, encore davantage Mark Rutte, premiers ministres respectivement de Grande-Bretagne et des Pays-Bas, misent sur la dispersion du COVID-19 à des fins "d'immunité collective". Boris Johnson a été immédiatement averti par ses experts qu'il risquait des centaines de milliers de morts. Le consultant en virologie Marc G. Wathelet explique ici, dans une lettre aux députés et commissaires européens, l'erreur de suivre cette voie. Il préconise ce qui a marché partout ailleurs en Asie : confinement, hygiène stricte, quarantaine le cas échéant, limitation des trajets au strict minimum et fabrication rapide de masques pour port systématique.
Chers députés européens et membres de gouvernements européens,
Je suis docteur en science et un spécialiste des coronavirus*. Je lis avec effroi que certains pays européens feraient le pari qu'une immunité collective puisse se développer quand 60 à 70% de la population a été infectée, permettant au virus de disparaître faute de trouver de nouvelles personnes à infecter.
Le but de cette stratégie serait de "lisser" la propagation de l'épidémie de manière à ce qu'à aucun moment les services hospitaliers ne soient saturés ou débordés.
Suivre cette stratégie serait une erreur monumentale.
Cette approche trahit une méconnaissance profonde du cycle de vie des coronavirus humains en général et des propriétés spécifiques déjà démontrées par SARS-CoV-2, le nouveau coronavirus responsable de la pandémie de COVID-19 qui explose à travers l'Europe et le monde aujourd'hui.
Les coronavirus humains "bénins" qui sont endémiques à travers le monde (229E, NL63, OC43 et HKU1) n'induisent que très peu d'immunité naturelle chez les humains ! Alors que les individus infectés développent des anticorps contre ces coronavirus, l'immunité conférée par ces anticorps est faible et instable. Résultat ? Ces coronavirus humains infectent et réinfectent la population humaine en l'absence de réservoir animal. La faible efficacité de l'immunité naturelle ne s'explique pas par une évolution très rapide des facettes du coronavirus reconnues par notre système immunitaire, car ces virus évoluent plus lentement que d'autres virus respiratoires, comme celui de la grippe.
Les coronavirus humains responsables des épidémies de SRAS et MERS, et de la pandémie de COVID-19, qui ont émergés récemment induisent également des anticorps mais leur capacité à protéger l'individu n'est pas connue.
L'observation en Chine, en Corée du Sud et au Japon de patients COVID-19 qui après guérison souffre d'une seconde infection dans les semaines qui suivent suggère que nous pourrions ne pas développer une immunité suffisamment stable et efficace contre le nouveau coronavirus, comme c'est le cas pour les autres coronavirus humains. De même les tests de traitements de patients SRAS en 2003 en utilisant le sérum de patients convalescents riche en anticorps n'ont aboutis à aucune conclusion. Ces observations suggèrent que le nouveau coronavirus lui aussi pourrait n'induire qu'une immunité naturelle peu efficace.
"Lisser la courbe" ne veut rien dire, on l'aplatit en mettant les mesures extrêmes en place sans délai, c'est la seule chose à faire et il faut le faire sans plus attendre.
Si vous laissez le nouveau coronavirus infecter 60-70% de la population, cela veut dire la nécessité d'hospitaliser 12-14% de la population, ce qui est impossible avec 5 lits par 1000 habitants en Europe (0,5%) ? Cela veut dire le décès de 3-7% de la population des pays concernés ?
Pourquoi sacrifierons-nous une telle proportion de la population européenne quand l'application de mesures de quarantaine strictes à travers l'Europe permettrait d'arrêter la propagation du virus ?
Dans ce contexte, maintenir l'opération de l'OTAN avec 37,000 personnels militaires à travers l'Europe est irresponsable et incompréhensible en face d'une pandémie qui embrase le continent. Ce personnel va sillonner l'Europe et interagir avec notre personnel militaire, multipliant certainement la propagation du virus lors que les conditions de rassemblement confiné de ces opérations favorisent particulièrement la contamination. Le gouvernement américain a bien annulé son exercice en Corée du Sud à cause de la pandémie, pourquoi ne pas faire de même ici en Europe et annuler cette exercice dangereux pour la santé publique ?
Le virus ne va pas disparaitre, il reviendra plus que probablement en octobre s'il se comporte comme les autres coronavirus humains. Il a commencé à se propager dans l'hémisphère sud (qui est en "octobre" point de vue conditions climatiques) et qui est en très grand danger avec six mois de propagation devant eux.
La fin de propagation dans l'hémisphère sud coïncidera avec notre mois d'octobre ici et c'est un mécanisme par lequel les virus respiratoires peuvent continuer à se propager en absence d'un réservoir animal.
Il ne faut pas non plus compter sur le développement rapide d'un vaccin, car nous savons que des vaccins contre des coronavirus qui infectent des espèces animales peuvent exacerber la maladie plutôt que de protéger contre cette maladie. Tout candidat vaccin doit être rigoureusement testé pour l'absence d'effets néfastes et pour son efficacité avant d'être proposé à la population.
Aujourd'hui, face à ce coronavirus, nous n'avons aucun vaccin ou traitement disponible, ce qui logiquement devrait nous pousser à mettre en place toute une série d'actions de prévention vu cette absence de solutions de guérison.
Chaque jour que nous perdons à tergiverser conduira à plus de cas, plus d'hospitalisations, plus de morts, et un plus grand coût économique.
Les dernières données d'Italie nous disent que le confinement est efficace ! Ne perdons plus de temps ?
Il faut appliquer les mesures qui historiquement ont permis de vaincre les pandémies, et qui ont permis à Taiwan dès le début, et à la Chine ensuite, d'enrayer la propagation du nouveau coronavirus, à savoir l'hygiène, les masques et les procédures de quarantaines.
Procédures de quarantaine : arrêt immédiat de toute activité économique non-essentielle, confinement de la population à son domicile, fermeture des frontières sauf pour retour au domicile.
Il faut reconnaître qu'une telle mesure ne viole pas nos valeurs européennes, puisqu'elle est limitée dans le temps jusqu'à ce que la pandémie soit contrôlée. La liberté de mouvement ne peut être exercée au dépend de la survie d'autrui, et il est légitime de la restreindre de manière temporaire dans une situation de crise sanitaire.
Masques : Il faudra mobiliser l'industrie pour très rapidement produire des masques ffp2 pour toute la population européenne qui doit rester active pendant cette crise, pour permettre l'activité économique minimale nécessaire à la population, au personnel soignant et au gouvernement. Cela peut être fait très rapidement.
Il faut développer et produire des masques en tissus recyclable pour la population entière pour permettre une activité économique normale tant que ce virus circule dans nos populations. Cela peut être fait très rapidement.
Hygiène : les consignes sont claires, appliquons les toutes, chacun d'entre nous.
L'auteur est Docteur en Science (Biologie moléculaire) et a étudié les interactions entre les virus et la réponse immunitaire innée tout au long de sa carrière. Il a dirigé un petit groupe de chercheurs aux États-Unis sur les coronavirus humains en général et sur celui responsable de l'épidémie de SRAS en 2003 en particulier, à la fois en tant que membre du corps professoral du Collège of Médecine de l'Université de Cincinnati, et en tant que scientifique au seul institut axé exclusivement sur les maladies respiratoires, à Albuquerque. https://www.linkedin.com/in/marc-wathelet-76b71610/
Chers députés européens et membres de gouvernements européens,Je suis docteur en science et un spécialiste des coronavirus*. Je lis avec effroi que certains pays européens feraient le pari qu'une immunité collective puisse se développer quand 60 à 70% de la population a été infectée, permettant au virus de disparaître faute de trouver de nouvelles personnes à infecter.Le but de cette stratégie serait de "lisser" la propagation de l'épidémie de manière à ce qu'à aucun moment les services hospitaliers ne soient saturés ou débordés.Suivre cette stratégie serait une erreur monumentale.Cette approche trahit une méconnaissance profonde du cycle de vie des coronavirus humains en général et des propriétés spécifiques déjà démontrées par SARS-CoV-2, le nouveau coronavirus responsable de la pandémie de COVID-19 qui explose à travers l'Europe et le monde aujourd'hui.Les coronavirus humains "bénins" qui sont endémiques à travers le monde (229E, NL63, OC43 et HKU1) n'induisent que très peu d'immunité naturelle chez les humains ! Alors que les individus infectés développent des anticorps contre ces coronavirus, l'immunité conférée par ces anticorps est faible et instable. Résultat ? Ces coronavirus humains infectent et réinfectent la population humaine en l'absence de réservoir animal. La faible efficacité de l'immunité naturelle ne s'explique pas par une évolution très rapide des facettes du coronavirus reconnues par notre système immunitaire, car ces virus évoluent plus lentement que d'autres virus respiratoires, comme celui de la grippe.Les coronavirus humains responsables des épidémies de SRAS et MERS, et de la pandémie de COVID-19, qui ont émergés récemment induisent également des anticorps mais leur capacité à protéger l'individu n'est pas connue.L'observation en Chine, en Corée du Sud et au Japon de patients COVID-19 qui après guérison souffre d'une seconde infection dans les semaines qui suivent suggère que nous pourrions ne pas développer une immunité suffisamment stable et efficace contre le nouveau coronavirus, comme c'est le cas pour les autres coronavirus humains. De même les tests de traitements de patients SRAS en 2003 en utilisant le sérum de patients convalescents riche en anticorps n'ont aboutis à aucune conclusion. Ces observations suggèrent que le nouveau coronavirus lui aussi pourrait n'induire qu'une immunité naturelle peu efficace."Lisser la courbe" ne veut rien dire, on l'aplatit en mettant les mesures extrêmes en place sans délai, c'est la seule chose à faire et il faut le faire sans plus attendre.Si vous laissez le nouveau coronavirus infecter 60-70% de la population, cela veut dire la nécessité d'hospitaliser 12-14% de la population, ce qui est impossible avec 5 lits par 1000 habitants en Europe (0,5%) ? Cela veut dire le décès de 3-7% de la population des pays concernés ?Pourquoi sacrifierons-nous une telle proportion de la population européenne quand l'application de mesures de quarantaine strictes à travers l'Europe permettrait d'arrêter la propagation du virus ?Dans ce contexte, maintenir l'opération de l'OTAN avec 37,000 personnels militaires à travers l'Europe est irresponsable et incompréhensible en face d'une pandémie qui embrase le continent. Ce personnel va sillonner l'Europe et interagir avec notre personnel militaire, multipliant certainement la propagation du virus lors que les conditions de rassemblement confiné de ces opérations favorisent particulièrement la contamination. Le gouvernement américain a bien annulé son exercice en Corée du Sud à cause de la pandémie, pourquoi ne pas faire de même ici en Europe et annuler cette exercice dangereux pour la santé publique ?Le virus ne va pas disparaitre, il reviendra plus que probablement en octobre s'il se comporte comme les autres coronavirus humains. Il a commencé à se propager dans l'hémisphère sud (qui est en "octobre" point de vue conditions climatiques) et qui est en très grand danger avec six mois de propagation devant eux.La fin de propagation dans l'hémisphère sud coïncidera avec notre mois d'octobre ici et c'est un mécanisme par lequel les virus respiratoires peuvent continuer à se propager en absence d'un réservoir animal.Il ne faut pas non plus compter sur le développement rapide d'un vaccin, car nous savons que des vaccins contre des coronavirus qui infectent des espèces animales peuvent exacerber la maladie plutôt que de protéger contre cette maladie. Tout candidat vaccin doit être rigoureusement testé pour l'absence d'effets néfastes et pour son efficacité avant d'être proposé à la population.Aujourd'hui, face à ce coronavirus, nous n'avons aucun vaccin ou traitement disponible, ce qui logiquement devrait nous pousser à mettre en place toute une série d'actions de prévention vu cette absence de solutions de guérison.Chaque jour que nous perdons à tergiverser conduira à plus de cas, plus d'hospitalisations, plus de morts, et un plus grand coût économique.Les dernières données d'Italie nous disent que le confinement est efficace ! Ne perdons plus de temps ?Il faut appliquer les mesures qui historiquement ont permis de vaincre les pandémies, et qui ont permis à Taiwan dès le début, et à la Chine ensuite, d'enrayer la propagation du nouveau coronavirus, à savoir l'hygiène, les masques et les procédures de quarantaines.Procédures de quarantaine : arrêt immédiat de toute activité économique non-essentielle, confinement de la population à son domicile, fermeture des frontières sauf pour retour au domicile.Il faut reconnaître qu'une telle mesure ne viole pas nos valeurs européennes, puisqu'elle est limitée dans le temps jusqu'à ce que la pandémie soit contrôlée. La liberté de mouvement ne peut être exercée au dépend de la survie d'autrui, et il est légitime de la restreindre de manière temporaire dans une situation de crise sanitaire.Masques : Il faudra mobiliser l'industrie pour très rapidement produire des masques ffp2 pour toute la population européenne qui doit rester active pendant cette crise, pour permettre l'activité économique minimale nécessaire à la population, au personnel soignant et au gouvernement. Cela peut être fait très rapidement.Il faut développer et produire des masques en tissus recyclable pour la population entière pour permettre une activité économique normale tant que ce virus circule dans nos populations. Cela peut être fait très rapidement. Hygiène : les consignes sont claires, appliquons les toutes, chacun d'entre nous.