En Belgique, en 2020, le cancer du col de l'utérus (CCU) reste le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes de 25 à 49 ans et il représente la troisième cause de mortalité par cancer au sein de cette population. Selon un rapport récent, la couverture du dépistage du CCU est en baisse auprès des femmes belges, et ce malgré son accessibilité (1). Le dépistage du CCU tel qu'il est mis en place aujourd'hui est insuffisamment efficace et, selon l'IARC, si la tendance ne s'inverse pas, nous pourrions observer d'ici 2040, une augmentation non négligeable de l'incidence du CCU et de sa mortalité chez les femmes en Belgique. (2,3)

A l'échelle européenne, les programmes de dépistage par Pap-test implémentés actuellement semblent atteindre leurs limites et ont un effet protecteur insuffisant sur les populations de femmes à haut risque de cancer du CCU. (4,5,6) Si l'on veut diminuer l'impact du CCU sur la morbidité et la mortalité des femmes, il faudra mettre en place des politiques de dépistage qui ciblent les populations à risque de manière plus efficace. (4)

C'est dans ce contexte que s'inscrit le projet RISCC (Risk-based Screening for Cervical Cancer), qui fait partie du programme européen Horizon 2020. Il a pour objectif de développer une approche du dépistage, de la prise en charge des cas positifs et du traitement du CCU, centrée sur les facteurs de risque. Cette approche permettra la mise en place de politiques de dépistage plus individualisées en tenant compte des antécédents de dépistage, de la vaccination contre le HPV et d'autres facteurs de risque tels que l'âge, le statut tabagique, l'immunosuppression (HIV et/ou traitements immunosuppresseurs), l'utilisation de contraception orale, etc. Le dépistage et le suivi seront ainsi plus efficaces et efficients grâce à un ciblage des populations à haut risque et à la possibilité d'adaptation des politiques de dépistage au sein de populations où l'incidence du CCU est plus faible suite à l'implémentation de stratégies de prévention primaire efficaces. (4,6)

En parallèle, du fait de sa meilleure efficacité, le test HPV est présent au coeur des nouvelles recommandations européennes pour le dépistage du CCU. Les possibilités d'auto-prélèvements urinaires et vaginaux qu'il offre ne le rendent que plus intéressant. (7,8) L'efficacité de l'autoprélèvement urinaire a fait l'objet de controverses au sein de la littérature scientifique. Récemment cependant, des études ont montré que sa sensibilité peut être augmentée si certains standards sont respectés. (9-15) Cette nouvelle méthode de dépistage semble être très appréciée des femmes et pourrait être un outil précieux pour atteindre les femmes sous-dépistées. (9-13,16) L'autoprélèvement (vaginal ou urinaire) proposé via les médecins généralistes pourrait ainsi avoir une place centrale au sein des nouvelles politiques de dépistage centrées sur les risques qui devraient voir le jour dans les prochaines années. Par leur accès aux informations sur la participation, les facteurs de risque et le statut vaccinal de leurs patientes, les médecins généralistes pourraient également jouer un rôle essentiel dans le ciblage des populations de femmes à haut risque de CCU. [16]

Objectifs

La mise en place d'une étude clinique prospective interventionnelle, comparative, randomisée, ouverte et multicentrique ; combinée à une analyse transversale par questionnaire de notre échantillon de population sélectionné au sein de la patientèle du Cabinet de médecine générale Mosaïque à Schaerbeek.

Cette étude s'inscrit également dans une étude belge randomisée participative multicentrique plus large nommée "Belgian GP self-sampling RISCC (Risk-based Screening for Cervical Cancer) trials (BELGSSAR trials)" et coordonnée par le Dr Marc Arbyn (Sciensano).

Elle apporte une analyse de la population cible sous-dépistée dans l'espoir d'en tirer des conclusions pour l'implémentation de futurs programmes de dépistage, à travers deux objectifs: 1) vérifier si l'utilisation d'une méthode de dépistage par test HPV sur prélèvement d'urine offert aux patientes sous-dépistées par des médecins généralistes permet d'augmenter la participation au dépistage du CCU ; 2) vérifier si les informations concernant les facteurs de risque des femmes sous-dépistées peuvent être retrouvés par l'intermédiaire des médecins généralistes. Un autre objectif de plus grande envergure est d'enrichir la base de données sur les facteurs de risque du projet européen RISCC.

Méthodologie

Nous procédons au recrutement et à la randomisation aléatoire de 150 femmes sous-dépistées au sein de deux bras d'étude: un bras expérimental dans lequel un kit de prélèvement d'urines premier jet est offert par un médecin, et un bras contrôle dans lequel le médecin rappelle aux participantes de réaliser un Pap-test. Les patientes doivent également répondre à un questionnaire sur leurs facteurs de risque du CCU.

Résultats

La préparation de cette étude a été retardée par la pandémie de Covid-19. Elle a débuté en avril 2021. L'étude est encore en cours et les résultats finaux ne sont pas encore disponibles.

Conclusion

Ce travail souligne l'intérêt de l'instauration de nouvelles recommandations concernant les politiques de dépistage basées sur les risques, la plus-value de l'auto-prélèvement urinaire pour atteindre les femmes sous-dépistées et l'importance du rôle et de l'implication de la première ligne de soins dans l'établissement de nouveaux programmes de dépistage du CCU.

(1-16) Références sur demande.

Titre complet: Le dépistage du cancer du col de l'utérus par auto-prélèvement urinaire est-il pertinent pour les patientes sous-dépistées?

Auteur: Dr Laura Prud'homme (UCLouvain)

Promoteur: Guy Beuken

Master de spécialisation en médecine générale

Année académique 2020-2021

En Belgique, en 2020, le cancer du col de l'utérus (CCU) reste le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes de 25 à 49 ans et il représente la troisième cause de mortalité par cancer au sein de cette population. Selon un rapport récent, la couverture du dépistage du CCU est en baisse auprès des femmes belges, et ce malgré son accessibilité (1). Le dépistage du CCU tel qu'il est mis en place aujourd'hui est insuffisamment efficace et, selon l'IARC, si la tendance ne s'inverse pas, nous pourrions observer d'ici 2040, une augmentation non négligeable de l'incidence du CCU et de sa mortalité chez les femmes en Belgique. (2,3) A l'échelle européenne, les programmes de dépistage par Pap-test implémentés actuellement semblent atteindre leurs limites et ont un effet protecteur insuffisant sur les populations de femmes à haut risque de cancer du CCU. (4,5,6) Si l'on veut diminuer l'impact du CCU sur la morbidité et la mortalité des femmes, il faudra mettre en place des politiques de dépistage qui ciblent les populations à risque de manière plus efficace. (4) C'est dans ce contexte que s'inscrit le projet RISCC (Risk-based Screening for Cervical Cancer), qui fait partie du programme européen Horizon 2020. Il a pour objectif de développer une approche du dépistage, de la prise en charge des cas positifs et du traitement du CCU, centrée sur les facteurs de risque. Cette approche permettra la mise en place de politiques de dépistage plus individualisées en tenant compte des antécédents de dépistage, de la vaccination contre le HPV et d'autres facteurs de risque tels que l'âge, le statut tabagique, l'immunosuppression (HIV et/ou traitements immunosuppresseurs), l'utilisation de contraception orale, etc. Le dépistage et le suivi seront ainsi plus efficaces et efficients grâce à un ciblage des populations à haut risque et à la possibilité d'adaptation des politiques de dépistage au sein de populations où l'incidence du CCU est plus faible suite à l'implémentation de stratégies de prévention primaire efficaces. (4,6) En parallèle, du fait de sa meilleure efficacité, le test HPV est présent au coeur des nouvelles recommandations européennes pour le dépistage du CCU. Les possibilités d'auto-prélèvements urinaires et vaginaux qu'il offre ne le rendent que plus intéressant. (7,8) L'efficacité de l'autoprélèvement urinaire a fait l'objet de controverses au sein de la littérature scientifique. Récemment cependant, des études ont montré que sa sensibilité peut être augmentée si certains standards sont respectés. (9-15) Cette nouvelle méthode de dépistage semble être très appréciée des femmes et pourrait être un outil précieux pour atteindre les femmes sous-dépistées. (9-13,16) L'autoprélèvement (vaginal ou urinaire) proposé via les médecins généralistes pourrait ainsi avoir une place centrale au sein des nouvelles politiques de dépistage centrées sur les risques qui devraient voir le jour dans les prochaines années. Par leur accès aux informations sur la participation, les facteurs de risque et le statut vaccinal de leurs patientes, les médecins généralistes pourraient également jouer un rôle essentiel dans le ciblage des populations de femmes à haut risque de CCU. [16] La mise en place d'une étude clinique prospective interventionnelle, comparative, randomisée, ouverte et multicentrique ; combinée à une analyse transversale par questionnaire de notre échantillon de population sélectionné au sein de la patientèle du Cabinet de médecine générale Mosaïque à Schaerbeek. Cette étude s'inscrit également dans une étude belge randomisée participative multicentrique plus large nommée "Belgian GP self-sampling RISCC (Risk-based Screening for Cervical Cancer) trials (BELGSSAR trials)" et coordonnée par le Dr Marc Arbyn (Sciensano). Elle apporte une analyse de la population cible sous-dépistée dans l'espoir d'en tirer des conclusions pour l'implémentation de futurs programmes de dépistage, à travers deux objectifs: 1) vérifier si l'utilisation d'une méthode de dépistage par test HPV sur prélèvement d'urine offert aux patientes sous-dépistées par des médecins généralistes permet d'augmenter la participation au dépistage du CCU ; 2) vérifier si les informations concernant les facteurs de risque des femmes sous-dépistées peuvent être retrouvés par l'intermédiaire des médecins généralistes. Un autre objectif de plus grande envergure est d'enrichir la base de données sur les facteurs de risque du projet européen RISCC. Nous procédons au recrutement et à la randomisation aléatoire de 150 femmes sous-dépistées au sein de deux bras d'étude: un bras expérimental dans lequel un kit de prélèvement d'urines premier jet est offert par un médecin, et un bras contrôle dans lequel le médecin rappelle aux participantes de réaliser un Pap-test. Les patientes doivent également répondre à un questionnaire sur leurs facteurs de risque du CCU. La préparation de cette étude a été retardée par la pandémie de Covid-19. Elle a débuté en avril 2021. L'étude est encore en cours et les résultats finaux ne sont pas encore disponibles. Ce travail souligne l'intérêt de l'instauration de nouvelles recommandations concernant les politiques de dépistage basées sur les risques, la plus-value de l'auto-prélèvement urinaire pour atteindre les femmes sous-dépistées et l'importance du rôle et de l'implication de la première ligne de soins dans l'établissement de nouveaux programmes de dépistage du CCU.