Avant la pandémie, l'Apsar comptait communiquer vers la population pour mieux faire comprendre le rôle des anesthésistes en créant un site internet à destination du public. Cet objectif va être concrétisé. "La profession d'anesthésiste est peu connue par le grand public et même par les autorités. Généralement, les patients rencontrent un anesthésiste avant une intervention. Ils réalisent à ce moment-là ce que fait vraiment ce spécialiste. Ce dernier ne se contente pas de "placer un tube", comme on l'entend parfois, mais il fait toute la gestion du risque périopératoire. Sur une carrière, un anesthésiste va réaliser +/- 30.000 anesthésies et il ne veut aucun "crash", pour comparer au secteur de l'aviation, c'est 30.000 vols sans accidents. Or la machine humaine n'est pas toujours bien entretenue, et certains patients présentent des degrés de risque plus élevés. L'anesthésiste prend le vol en sachant qu'il y a peut-être un problème au niveau des turbines... Il va chercher à réduire le risque au maximum en tenant compte de l'état de santé du patient. Il faut donc connaître toutes les pathologies, tous les traitements médicaux et les procédures chirurgicales. Les risques doivent être anticipés, sans pour autant surestimer les moyens nécessaires. Par exemple, on ne réserve pas vingt poches de sang pour faire une chirurgie du canal carpien. Le jugement final, qui est celui du patient, mais parfois aussi de la justice, est de savoir si toutes les précautions nécessaires ont été prises. L'aspect médico-légal est très important en anesthésie", souligne le Dr Bejjani.

L'association aimerait également continuer à communiquer vers les autres spécialités médicales pour qu'elles apprécient mieux cette spécialité. "Il est important pour les associations professionnelles des médecins de pouvoir s'exprimer à côté de l'action syndicale. Elles le font via le GBS. Vu le nombre de spécialités, c'est très difficile de parler d'une même voix et d'apporter un input de façon unitaire", pointe Gilbert Bejjani. "Au sein du GBS, les anesthésistes n'ont pas toujours été très heureux parce que nous n'avons pas été très entendus au niveau de notre reconnaissance de certaines demandes et de la revalorisation demandée. On trouve normal qu'un anesthésiste travaille 12 à 14 heures par jour, cinq à six jours sur sept, et effectue des gardes jusqu'à l'âge de sa retraite mais on lui attribue 50 euros pour l'anesthésie d'un enfant?! Le prix d'une consultation! Son métier est exclusivement intrahospitalier. Ce qui a des avantages et des désavantages. Les autres spécialistes, à part quelques-uns, peuvent choisir de travailler intra ou extramuros. Les anesthésistes dépendent donc totalement de la machinerie hospitalière et doivent s'accommoder des prélèvements sur les honoraires, des tensions internes, des contraintes horaires... Je ne connais pas un anesthésiste belge qui a eu l'occasion de déposer son enfant à l'école durant sa scolarité. À moins de réduire son activité. De nombreux anesthésistes travaillent d'ailleurs aujourd'hui à huit dixième, soit quatre jours sur cinq pour supporter cette pression. C'est interpellant. Le burn-out est très présent dans cette spécialité, au-dessus de la moyenne du corps médical qui est déjà au-dessus de la moyenne de la population. Le taux de suicide est également élevé dans cette profession parce que lorsqu'il y a un accident durant une intervention, l'anesthésiste le vit très mal. Ce risque est mal perçu par certains confrères d'autres spécialités qui n'en tiennent pas compte."

L'association professionnelle compte réaliser une enquête sur la véritable charge de travail des anesthésistes en Belgique. Le Dr Bejjani regrette que les anesthésistes, qui se sont beaucoup impliqués dans la crise Covid en travaillant dans des soins intensifs, n'ont pas été remerciés, ni symboliquement, ni financièrement . "Or, en 2020, les anesthésistes ont perdu 16% de leurs honoraires, sans recevoir aucune compensation pour leur disponibilité", pointe le nouveau président de l'association

Indispensable revalorisation

Par ailleurs, Gilbert Bejjani souligne qu'aucun anesthésiste ne gagne plus de 100 euros de l'heure, en dehors des suppléments. Et de souligner la nécessité de ne pas s'attaquer aux suppléments sans compensation au risque de créer une crise importante. "Avec ce niveau de qualification, de risque, de stress et de responsabilités, est-il encore normal d'être payé 50 à 60 euros de l'heure? Et devoir faire des gardes supplémentaires chaque mois pour gagner correctement sa vie. C'est révoltant! Et je compte bien changer les choses durant mon mandat", martèle le nouveau président de l'Apsar.

Le Dr Bejjani regrette également de certaines spécialités aient bloqué la reconnaissance en algologie des anesthésistes et la revalorisation de certaines prestations notamment en algologie. "Durant plus que 30 ans, la consultation d'anesthésie n'a pas été remboursée parce qu'elle était englobée dans la prise en charge globale du patient. En raison de l'évolution de la médecine, entre autres le fait que le patient se fait opérer le jour de son admission à l'hôpital, il fallait une consultation préalable en anesthésie. Les médecins la faisaient pour garantir la qualité des soins mais gratuitement et c'est le système de santé qui empochait le bénéfice de la réduction de la durée de séjour du patient. Cette consultation vient enfin d'être reconnue, mais elle a été englobée avec celle de la chirurgie de jour et doit maintenant se faire huit jours avant l'intervention au lieu de 48 h comme c'est le cas dans la plupart des pays. C'est juste honteux. Je pense que le but était plus d'ordre budgétaire que qualitatif."

L'Apsar revendique également d'obtenir pour les anesthésistes des honoraires identiques à ceux des chirurgiens. "Certains estiment que cette demande est inconcevable parce que le travail serait moins important. C'est inexact. Le nombre d'années de spécialisation et la durée de travail auprès du patient sont les mêmes. S'il fallait une étape intermédiaire, alors pour les codes peu élevés, il faut remonter la valeur pour le chirurgien et l'anesthésiste en les égalisant", recommande Gilbert Bejjani. "Nous demandons aussi une revalorisation globale pour l'anesthésie pédiatrique parce qu'elle demande plus de temps et des honoraires pour des thérapies innovantes de réduction de la douleur."

Le nouveau président rappelle également que l'indexation des honoraires des anesthésistes, comme celle d'autres spécialités, a été confisquée et redistribuée vers d'autres spécialités alors que certaines avaient notamment beaucoup plus de marge de bénéficiaire au-delà des frais réels ou raisonnables.

Le nouveau président salue le travail remarquable de ses prédécesseurs qui sont parvenus en quelques années à fédérer un peu moins de 1.000 anesthésistes au sein de l'Apsar. "Il ne faut pas sous-estimer le poids de cette association professionnelle. Un arrêt de travail des anesthésistes bloquerait tous les hôpitaux du pays", prévient Gilbert Bejjani.

Avant la pandémie, l'Apsar comptait communiquer vers la population pour mieux faire comprendre le rôle des anesthésistes en créant un site internet à destination du public. Cet objectif va être concrétisé. "La profession d'anesthésiste est peu connue par le grand public et même par les autorités. Généralement, les patients rencontrent un anesthésiste avant une intervention. Ils réalisent à ce moment-là ce que fait vraiment ce spécialiste. Ce dernier ne se contente pas de "placer un tube", comme on l'entend parfois, mais il fait toute la gestion du risque périopératoire. Sur une carrière, un anesthésiste va réaliser +/- 30.000 anesthésies et il ne veut aucun "crash", pour comparer au secteur de l'aviation, c'est 30.000 vols sans accidents. Or la machine humaine n'est pas toujours bien entretenue, et certains patients présentent des degrés de risque plus élevés. L'anesthésiste prend le vol en sachant qu'il y a peut-être un problème au niveau des turbines... Il va chercher à réduire le risque au maximum en tenant compte de l'état de santé du patient. Il faut donc connaître toutes les pathologies, tous les traitements médicaux et les procédures chirurgicales. Les risques doivent être anticipés, sans pour autant surestimer les moyens nécessaires. Par exemple, on ne réserve pas vingt poches de sang pour faire une chirurgie du canal carpien. Le jugement final, qui est celui du patient, mais parfois aussi de la justice, est de savoir si toutes les précautions nécessaires ont été prises. L'aspect médico-légal est très important en anesthésie", souligne le Dr Bejjani. L'association aimerait également continuer à communiquer vers les autres spécialités médicales pour qu'elles apprécient mieux cette spécialité. "Il est important pour les associations professionnelles des médecins de pouvoir s'exprimer à côté de l'action syndicale. Elles le font via le GBS. Vu le nombre de spécialités, c'est très difficile de parler d'une même voix et d'apporter un input de façon unitaire", pointe Gilbert Bejjani. "Au sein du GBS, les anesthésistes n'ont pas toujours été très heureux parce que nous n'avons pas été très entendus au niveau de notre reconnaissance de certaines demandes et de la revalorisation demandée. On trouve normal qu'un anesthésiste travaille 12 à 14 heures par jour, cinq à six jours sur sept, et effectue des gardes jusqu'à l'âge de sa retraite mais on lui attribue 50 euros pour l'anesthésie d'un enfant?! Le prix d'une consultation! Son métier est exclusivement intrahospitalier. Ce qui a des avantages et des désavantages. Les autres spécialistes, à part quelques-uns, peuvent choisir de travailler intra ou extramuros. Les anesthésistes dépendent donc totalement de la machinerie hospitalière et doivent s'accommoder des prélèvements sur les honoraires, des tensions internes, des contraintes horaires... Je ne connais pas un anesthésiste belge qui a eu l'occasion de déposer son enfant à l'école durant sa scolarité. À moins de réduire son activité. De nombreux anesthésistes travaillent d'ailleurs aujourd'hui à huit dixième, soit quatre jours sur cinq pour supporter cette pression. C'est interpellant. Le burn-out est très présent dans cette spécialité, au-dessus de la moyenne du corps médical qui est déjà au-dessus de la moyenne de la population. Le taux de suicide est également élevé dans cette profession parce que lorsqu'il y a un accident durant une intervention, l'anesthésiste le vit très mal. Ce risque est mal perçu par certains confrères d'autres spécialités qui n'en tiennent pas compte."L'association professionnelle compte réaliser une enquête sur la véritable charge de travail des anesthésistes en Belgique. Le Dr Bejjani regrette que les anesthésistes, qui se sont beaucoup impliqués dans la crise Covid en travaillant dans des soins intensifs, n'ont pas été remerciés, ni symboliquement, ni financièrement . "Or, en 2020, les anesthésistes ont perdu 16% de leurs honoraires, sans recevoir aucune compensation pour leur disponibilité", pointe le nouveau président de l'association Par ailleurs, Gilbert Bejjani souligne qu'aucun anesthésiste ne gagne plus de 100 euros de l'heure, en dehors des suppléments. Et de souligner la nécessité de ne pas s'attaquer aux suppléments sans compensation au risque de créer une crise importante. "Avec ce niveau de qualification, de risque, de stress et de responsabilités, est-il encore normal d'être payé 50 à 60 euros de l'heure? Et devoir faire des gardes supplémentaires chaque mois pour gagner correctement sa vie. C'est révoltant! Et je compte bien changer les choses durant mon mandat", martèle le nouveau président de l'Apsar. Le Dr Bejjani regrette également de certaines spécialités aient bloqué la reconnaissance en algologie des anesthésistes et la revalorisation de certaines prestations notamment en algologie. "Durant plus que 30 ans, la consultation d'anesthésie n'a pas été remboursée parce qu'elle était englobée dans la prise en charge globale du patient. En raison de l'évolution de la médecine, entre autres le fait que le patient se fait opérer le jour de son admission à l'hôpital, il fallait une consultation préalable en anesthésie. Les médecins la faisaient pour garantir la qualité des soins mais gratuitement et c'est le système de santé qui empochait le bénéfice de la réduction de la durée de séjour du patient. Cette consultation vient enfin d'être reconnue, mais elle a été englobée avec celle de la chirurgie de jour et doit maintenant se faire huit jours avant l'intervention au lieu de 48 h comme c'est le cas dans la plupart des pays. C'est juste honteux. Je pense que le but était plus d'ordre budgétaire que qualitatif."L'Apsar revendique également d'obtenir pour les anesthésistes des honoraires identiques à ceux des chirurgiens. "Certains estiment que cette demande est inconcevable parce que le travail serait moins important. C'est inexact. Le nombre d'années de spécialisation et la durée de travail auprès du patient sont les mêmes. S'il fallait une étape intermédiaire, alors pour les codes peu élevés, il faut remonter la valeur pour le chirurgien et l'anesthésiste en les égalisant", recommande Gilbert Bejjani. "Nous demandons aussi une revalorisation globale pour l'anesthésie pédiatrique parce qu'elle demande plus de temps et des honoraires pour des thérapies innovantes de réduction de la douleur."Le nouveau président rappelle également que l'indexation des honoraires des anesthésistes, comme celle d'autres spécialités, a été confisquée et redistribuée vers d'autres spécialités alors que certaines avaient notamment beaucoup plus de marge de bénéficiaire au-delà des frais réels ou raisonnables. Le nouveau président salue le travail remarquable de ses prédécesseurs qui sont parvenus en quelques années à fédérer un peu moins de 1.000 anesthésistes au sein de l'Apsar. "Il ne faut pas sous-estimer le poids de cette association professionnelle. Un arrêt de travail des anesthésistes bloquerait tous les hôpitaux du pays", prévient Gilbert Bejjani.