La pandémie s'étend à travers le monde. Pourtant, même si l'on assiste ces derniers jours à un regain de vigueur du coronavirus, les Tigres asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Hong Kong et Taïwan) et le Japon ont réussi à " lisser la courbe " sans les contraintes que l'on connaît en Europe. Taïwan fait figure de meilleur élève de la classe avec seulement 306 cas et cinq décès (lundi soir) pour plus de 23 millions d'habitants.
Alors que le coronavirus se propage à travers le monde et que plus de trois milliards de personnes dans le monde vivent en confinement, Taïwan continue de vivre à un rythme presque normal. Étonnant quand on connaît la proximité de l'île avec la Chine (130 km).
" À cause de la proximité avec la Chine et la fréquence élevée des contacts interpersonnels entre les deux nations, Taïwan était considéré comme particulièrement à risque lors de la propagation initiale de la contagion ", confirme leDr Harry Tseng, ambassadeur de Taïwan auprès de l'Union européenne et de la Belgique." Cependant, au 26 mars, Taïwan n'avait enregistré que 252 cas confirmés et deux décès, dont plus de 83% étaient importés de Chine, d'Europe, des États-Unis et du Moyen-Orient."
Les clés du succès
Le gouvernement de Taïwan a tiré des leçons de son expérience du Sras en 2003 et a mis en place un mécanisme de réponse de santé publique pour permettre des actions rapides. "Taïwan a agi rapidement et efficacement", estime Harry Tseng. " Taïwan a été le premier pays à interdire l'accès à la ville de Wuhan, puis au reste de la Chine à ses ressortissants, ce qui a permis de stopper le virus avant qu'il ne puisse s'implanter dans le pays. Une mesure suivie par une mise en quarantaine (de 14 jours avec compensation financière de l'État, ndlr) et une recherche proactive des contacts des personnes infectées ou potentiellement infectées."
Le Centre de commande central de l'épidémie (CECC) communique tous les jours, à l'instar de Sciensano, sur l'évolution de la pandémie. Systématiquement, il fait état de l'origine des nouveaux cas, et des liens, s'il en existe, sont tissés entre chaque cas afin d'éviter que la contagion ne s'installe dans l'île. Le CECC relève ainsi que la grande majorité sont des cas importés, c'est-à-dire ramenés de Chine, d'Europe ou d'Amérique suite à un voyage.
À cette mesure de quarantaine, s'est ajoutée récemment une mesure visant à éviter les rassemblements de masse. Mais ce sont les seules mesures qu'a pris le gouvernement. Pas de confinement donc. " Taïwan est toujours en mouvement. Les bureaux, les écoles, les magasins et les restaurants sont toujours ouverts et la vie se poursuit à un rythme relativement normal", assure l'ambassadeur. " Qui plus est, les efforts taïwanais ont été menés en toute transparence et avec l'engagement de population, ce qui bat en brèche l'idée que les démocraties n'ont pas la capacité de faire face suffisamment à la crise."
Des masques en suffisance...
La prise de conscience rapide du danger a permis d'éviter une série de problèmes que nous connaissons en Belgique. L'exemple de la gestion des masques est particulièrement frappant.
Taïwan a confirmé son premier cas de Covid-19, le 21 janvier (4 février en Belgique). En quelques jours, les masques chirurgicaux ont disparu des rayons des magasins et des pharmacies. Le gouvernement a directement réagit en interdisant l'exportation des masques le 24 janvier et en prenant le contrôle de la distribution la semaine suivante. Le 6 février, un système de rationnement était mis sur pied par l'équivalent local de l'Inami (National Health Insurance ou NHI) : après avoir fourni les hôpitaux, chaque habitant avait droit à deux masques par semaine.
En parallèle, le gouvernement a investi l'équivalent de six millions d'euros pour augmenter la production de masques. Cet argent a permis d'engager une centaines de techniciens et d'acheter de nouvelles lignes de production. Des usines de fabrication ont également été réquisitionnées. En quelques jours, la production quotidienne du pays est passée de quatre à 13 millions de masques par jour. Si bien que le gouvernement a augmenté la ration de masques à trois masques par semaine pour les adultes, et cinq pour les enfants.
...distribués intelligemment
Dans le cadre du système de rationnement qui a commencé le 6 février, chacun peut acheter son quota de masques à la pharmacie sur présentation de la carte d'assurance NHI. En scannant numériquement cette carte, les pharmaciens peuvent vérifier l'historique d'achat des masques du client, ce qui garantit le respect du quota de masques.
Cette méthode a toutefois montré ses limites : les files devant les pharmacies se sont vite accumulées. De plus, tous les travailleurs n'avaient pas nécessairement accès aux masques pendant les heures d'ouverture des pharmacies.
Le Centre de commande central de l'épidémie (CECC) a donc mis en place une alternative afin d'éviter les files. Depuis le 12 mars, les habitants ont la possibilité de précommander leur ration hebdomadaire de masques chirurgicaux en ligne, via une application, et de les retirer dans des distributeurs désignés. En une semaine, 1,8 millions d'habitants ont utilisé ce système.
D'autres nouvelles technologies sont également utilisées par Taïwan pour contrôler l'épidémie. Il est impossible d'en faire le tour en un article. Néanmoins une chose est sûre : plus tôt un État prend conscience du danger d'une épidémie, mieux il gère celle-ci. L'exemple de Taïwan pour l'actuelle crise ne restera malheureusement qu'un exemple, car il est trop tard pour la Belgique et l'Europe d'appliquer de telles mesures.
Alors que le coronavirus se propage à travers le monde et que plus de trois milliards de personnes dans le monde vivent en confinement, Taïwan continue de vivre à un rythme presque normal. Étonnant quand on connaît la proximité de l'île avec la Chine (130 km)." À cause de la proximité avec la Chine et la fréquence élevée des contacts interpersonnels entre les deux nations, Taïwan était considéré comme particulièrement à risque lors de la propagation initiale de la contagion ", confirme leDr Harry Tseng, ambassadeur de Taïwan auprès de l'Union européenne et de la Belgique." Cependant, au 26 mars, Taïwan n'avait enregistré que 252 cas confirmés et deux décès, dont plus de 83% étaient importés de Chine, d'Europe, des États-Unis et du Moyen-Orient."Le gouvernement de Taïwan a tiré des leçons de son expérience du Sras en 2003 et a mis en place un mécanisme de réponse de santé publique pour permettre des actions rapides. "Taïwan a agi rapidement et efficacement", estime Harry Tseng. " Taïwan a été le premier pays à interdire l'accès à la ville de Wuhan, puis au reste de la Chine à ses ressortissants, ce qui a permis de stopper le virus avant qu'il ne puisse s'implanter dans le pays. Une mesure suivie par une mise en quarantaine (de 14 jours avec compensation financière de l'État, ndlr) et une recherche proactive des contacts des personnes infectées ou potentiellement infectées."Le Centre de commande central de l'épidémie (CECC) communique tous les jours, à l'instar de Sciensano, sur l'évolution de la pandémie. Systématiquement, il fait état de l'origine des nouveaux cas, et des liens, s'il en existe, sont tissés entre chaque cas afin d'éviter que la contagion ne s'installe dans l'île. Le CECC relève ainsi que la grande majorité sont des cas importés, c'est-à-dire ramenés de Chine, d'Europe ou d'Amérique suite à un voyage.À cette mesure de quarantaine, s'est ajoutée récemment une mesure visant à éviter les rassemblements de masse. Mais ce sont les seules mesures qu'a pris le gouvernement. Pas de confinement donc. " Taïwan est toujours en mouvement. Les bureaux, les écoles, les magasins et les restaurants sont toujours ouverts et la vie se poursuit à un rythme relativement normal", assure l'ambassadeur. " Qui plus est, les efforts taïwanais ont été menés en toute transparence et avec l'engagement de population, ce qui bat en brèche l'idée que les démocraties n'ont pas la capacité de faire face suffisamment à la crise."La prise de conscience rapide du danger a permis d'éviter une série de problèmes que nous connaissons en Belgique. L'exemple de la gestion des masques est particulièrement frappant.Taïwan a confirmé son premier cas de Covid-19, le 21 janvier (4 février en Belgique). En quelques jours, les masques chirurgicaux ont disparu des rayons des magasins et des pharmacies. Le gouvernement a directement réagit en interdisant l'exportation des masques le 24 janvier et en prenant le contrôle de la distribution la semaine suivante. Le 6 février, un système de rationnement était mis sur pied par l'équivalent local de l'Inami (National Health Insurance ou NHI) : après avoir fourni les hôpitaux, chaque habitant avait droit à deux masques par semaine.En parallèle, le gouvernement a investi l'équivalent de six millions d'euros pour augmenter la production de masques. Cet argent a permis d'engager une centaines de techniciens et d'acheter de nouvelles lignes de production. Des usines de fabrication ont également été réquisitionnées. En quelques jours, la production quotidienne du pays est passée de quatre à 13 millions de masques par jour. Si bien que le gouvernement a augmenté la ration de masques à trois masques par semaine pour les adultes, et cinq pour les enfants.Dans le cadre du système de rationnement qui a commencé le 6 février, chacun peut acheter son quota de masques à la pharmacie sur présentation de la carte d'assurance NHI. En scannant numériquement cette carte, les pharmaciens peuvent vérifier l'historique d'achat des masques du client, ce qui garantit le respect du quota de masques.Cette méthode a toutefois montré ses limites : les files devant les pharmacies se sont vite accumulées. De plus, tous les travailleurs n'avaient pas nécessairement accès aux masques pendant les heures d'ouverture des pharmacies.Le Centre de commande central de l'épidémie (CECC) a donc mis en place une alternative afin d'éviter les files. Depuis le 12 mars, les habitants ont la possibilité de précommander leur ration hebdomadaire de masques chirurgicaux en ligne, via une application, et de les retirer dans des distributeurs désignés. En une semaine, 1,8 millions d'habitants ont utilisé ce système.D'autres nouvelles technologies sont également utilisées par Taïwan pour contrôler l'épidémie. Il est impossible d'en faire le tour en un article. Néanmoins une chose est sûre : plus tôt un État prend conscience du danger d'une épidémie, mieux il gère celle-ci. L'exemple de Taïwan pour l'actuelle crise ne restera malheureusement qu'un exemple, car il est trop tard pour la Belgique et l'Europe d'appliquer de telles mesures.