Aucun consensus n'existe encore dans notre pays concernant une éventuelle 3e dose du vaccin Covid. Seul un groupe limité de patients à risque sera vacciné. D'après le Pr Peter Piot, éminent virologue, cette 3e dose est nécessaire.

Une opportunité

Un suivi des vaccins confirme qu'ils sont efficaces, mais pas chez tout le monde. "Il y a une immunosénescence qui fait que les septuagénaires, octogénaires, etc. sont moins longtemps protégés. Idem pour les sujets vulnérables ou victimes de troubles immunitaires", explique Peter Piot, qui envisage cette "troisième dose" dans une perspective planétaire. "Si tous les vaccins sont engloutis par l'Europe et les États-Unis, il n'en restera plus pour les autres pays, ce qui n'est pas souhaitable. Une politique rationnelle ciblerait donc uniquement les sujets vulnérables."

Pour protéger durablement la société du Covid, Peter Piot plaide en faveur de normes de ventilation plus strictes.

Il est très probable que les vaccins Covid et influenza puissent être administrés simultanément sans générer d'effets secondaires supplémentaires. "Le ministre britannique en charge de la vaccination l'a déjà annoncé ; idéalement, le vaccin Covid serait administré dans le bras gauche, celui contre la grippe dans le bras droit. Les premiers résultats d'études confirment que cela fonctionne."

L'expérience engrangée avec le vaccin contre la grippe offre aussi une belle opportunité d'accroître son taux de couverture (bien inférieur à celui du vaccin Covid), observe encore le virologue.

Médicaments

S'il salue la rapidité du développement des vaccins, le Pr Piot est aussi un peu déçu des avancées thérapeutiques. Il revient sur sa propre expérience de patient, en mars-avril 2020. "Tout était nouveau et on ne savait pas très bien comment aborder la prise en charge. Dix-huit mois plus tard, la mortalité s'est effondrée mais le traitement reste clairement compliqué. L'idéal est évidemment de couper la route au virus avant que l'infection ne se développe, mais encore faut-il se savoir contaminé."

Idéalement, un traitement contre le Covid-19 devrait viser large. "Il reste encore du pain sur la planche en ce qui concerne le remdésivir, mais nous disposons en Flandre de deux atouts majeurs. Le premier est ExeVir, une spin-out de l'institut de biotechnologie VIB issue du groupe de recherche gantois de Xavier Staelens et Nico Callewaert, dont les nanoparticules VHH sont capables de combattre différents coronavirus."

Peter Piot cite aussi l'institut Rega à Louvain, qui a déjà identifié et développé de nombreux antiviraux dans le passé et où le groupe de Johan Neyts est très actif dans ce domaine. Il ne s'attend toutefois pas à des résultats spectaculaires d'ici à 2022.

À un stade plus tardif de la maladie, c'est le système immunitaire qui doit être gardé sous contrôle. "La dexaméthasone est par exemple efficace, mais elle ne peut pas être administrée trop tôt sous peine de miner la résistance à l'infection proprement dite. C'est très compliqué."

Indispensable collaboration

L'inclusion de tous les patients Covid d'un hôpital dans les essais cliniques offre une formidable opportunité pour le développement des traitements. "Cela permet de disposer rapidement d'un nombre suffisant de patients. C'est l'un des grands atouts du National Health Service britannique, même si ce n'est évidemment jamais une obligation et que chacun reste libre de refuser."

En tout état de cause, il est aussi capital de parvenir à une meilleure collaboration entre hôpitaux et avec les équipes de recherche clinique. "Elle devrait être stimulée par les autorités: ceux qui acceptent de collaborer reçoivent des moyens financiers, les autres rien. Idem à l'échelon européen, pour la recherche fondamentale mais aussi pour les essais cliniques. Le chacun pour soi, ça ne marche pas."

"Extrêmement inquiet"

Le Pr Piot se dit "extrêmement inquiet" que tant de pays aient assoupli leurs mesures Covid au cours de l'été. L'hiver à venir aussi préoccupe Peter Piot. "L'hiver dernier, la grippe est restée pratiquement absente suite aux mesures prises dans le cadre du covid, ce qui a créé un vide immunologique qui pourrait faire sentir ses effets cette année. Nous devons absolument nous y préparer, par exemple en renforçant la vaccination influenza."

Lire la suite de l'interview de Peter Piot dans notre édition spéciale Covid Planète publiée le 2 septembre.

Aucun consensus n'existe encore dans notre pays concernant une éventuelle 3e dose du vaccin Covid. Seul un groupe limité de patients à risque sera vacciné. D'après le Pr Peter Piot, éminent virologue, cette 3e dose est nécessaire. Un suivi des vaccins confirme qu'ils sont efficaces, mais pas chez tout le monde. "Il y a une immunosénescence qui fait que les septuagénaires, octogénaires, etc. sont moins longtemps protégés. Idem pour les sujets vulnérables ou victimes de troubles immunitaires", explique Peter Piot, qui envisage cette "troisième dose" dans une perspective planétaire. "Si tous les vaccins sont engloutis par l'Europe et les États-Unis, il n'en restera plus pour les autres pays, ce qui n'est pas souhaitable. Une politique rationnelle ciblerait donc uniquement les sujets vulnérables."Il est très probable que les vaccins Covid et influenza puissent être administrés simultanément sans générer d'effets secondaires supplémentaires. "Le ministre britannique en charge de la vaccination l'a déjà annoncé ; idéalement, le vaccin Covid serait administré dans le bras gauche, celui contre la grippe dans le bras droit. Les premiers résultats d'études confirment que cela fonctionne."L'expérience engrangée avec le vaccin contre la grippe offre aussi une belle opportunité d'accroître son taux de couverture (bien inférieur à celui du vaccin Covid), observe encore le virologue. S'il salue la rapidité du développement des vaccins, le Pr Piot est aussi un peu déçu des avancées thérapeutiques. Il revient sur sa propre expérience de patient, en mars-avril 2020. "Tout était nouveau et on ne savait pas très bien comment aborder la prise en charge. Dix-huit mois plus tard, la mortalité s'est effondrée mais le traitement reste clairement compliqué. L'idéal est évidemment de couper la route au virus avant que l'infection ne se développe, mais encore faut-il se savoir contaminé."Idéalement, un traitement contre le Covid-19 devrait viser large. "Il reste encore du pain sur la planche en ce qui concerne le remdésivir, mais nous disposons en Flandre de deux atouts majeurs. Le premier est ExeVir, une spin-out de l'institut de biotechnologie VIB issue du groupe de recherche gantois de Xavier Staelens et Nico Callewaert, dont les nanoparticules VHH sont capables de combattre différents coronavirus."Peter Piot cite aussi l'institut Rega à Louvain, qui a déjà identifié et développé de nombreux antiviraux dans le passé et où le groupe de Johan Neyts est très actif dans ce domaine. Il ne s'attend toutefois pas à des résultats spectaculaires d'ici à 2022. À un stade plus tardif de la maladie, c'est le système immunitaire qui doit être gardé sous contrôle. "La dexaméthasone est par exemple efficace, mais elle ne peut pas être administrée trop tôt sous peine de miner la résistance à l'infection proprement dite. C'est très compliqué."L'inclusion de tous les patients Covid d'un hôpital dans les essais cliniques offre une formidable opportunité pour le développement des traitements. "Cela permet de disposer rapidement d'un nombre suffisant de patients. C'est l'un des grands atouts du National Health Service britannique, même si ce n'est évidemment jamais une obligation et que chacun reste libre de refuser."En tout état de cause, il est aussi capital de parvenir à une meilleure collaboration entre hôpitaux et avec les équipes de recherche clinique. "Elle devrait être stimulée par les autorités: ceux qui acceptent de collaborer reçoivent des moyens financiers, les autres rien. Idem à l'échelon européen, pour la recherche fondamentale mais aussi pour les essais cliniques. Le chacun pour soi, ça ne marche pas."Le Pr Piot se dit "extrêmement inquiet" que tant de pays aient assoupli leurs mesures Covid au cours de l'été. L'hiver à venir aussi préoccupe Peter Piot. "L'hiver dernier, la grippe est restée pratiquement absente suite aux mesures prises dans le cadre du covid, ce qui a créé un vide immunologique qui pourrait faire sentir ses effets cette année. Nous devons absolument nous y préparer, par exemple en renforçant la vaccination influenza."Lire la suite de l'interview de Peter Piot dans notre édition spéciale Covid Planète publiée le 2 septembre.