A l'occasion de la Semaine de la migraine, une table ronde a été organisée avec plusieurs témoins qui en souffrent dont, chose rare, une CEO (Mimi Lamote qui dirige l'entreprise Mayerline) "Griet" et "Juliette". Les entouraient, le Dr Peter Winderinckx, médecin du travail chez Mensura, Alain Chaspierre et Jan Depoorter porte-parole de l'APB.

Selon le neurologue Jan Versijpt (Erasme), cité lors de la table ronde, "trop d'inconnues subsistent encore sur la migraine, malgré les nombreuses études. De très nombreux facteurs entrent en ligne de compte : prédispositions génétiques, sensibilité aux déclencheurs comme le stress, certains aliments, l'alcool, l'hypersensibilité à la lumière et au bruit... Cette maladie se manifeste en outre chez les patients sous des formes diverses. Il est donc particulièrement difficile de prescrire un traitement unique".

Présentéisme

Pour le neurologue Gianni Franco du CHU Namur-Dinant (ULC), la migraine devrait être considérée comme un handicap tant elle provoque, au choix, de l'absentéisme ou du présentéisme. Les migraineux s'obstinent dans ce cas à terminer leur journée de travail malgré qu'ils soient quasi inaptes à travailler.

Griet, consultante, explique que "souvent, les crises de migraine s'annoncent, mais si je suis sujette à une crise au travail, je tâche généralement de terminer ma journée. La douleur redouble alors d'intensité une fois dans le train ou dans la voiture sur le chemin du retour. Je dois parfois littéralement me traîner à travers la maison, tellement la douleur est forte. Je suis ensuite épuisée, comme si j'avais dû lutter contre mon propre corps. Heureusement, les gens au travail se montrent compréhensifs envers cette situation. Ils s'accommodent très bien de mes quelques jours d'absence que je peux avoir".

Juliette, étudiante, est sujette à une crise de migraine une fois par semaine en moyenne, souvent provoquée par des moments de grand stress. "Dans mon cercle d'amis, personne ne souffre autant de migraine. Ils se montrent certes compréhensifs, mais ils pensent souvent qu'il s'agit simplement de fortes céphalées. L'alcool et la foule sont des déclencheurs typiques de migraine. Même si je ne bois qu'un seul verre, je dois toujours être doublement vigilante à l'arrivée d'une crise qui n'est jamais très loin, dans de tels moments."

Le rôle du pharmacien

Les deux porte-paroles de l'APB tiennent à souligner le rôle du pharmacien qui peut apporter un soulagement au patient. "Le pharmacien peut aider le patient à détecter les premiers signes et lui fournir de plus amples informations et un accompagnement dans le cadre du traitement, après que le médecin a posé un diagnostic", explique Alain Chaspierre. Jan Depoorter abonde dans ce sens: "Cette grande accessibilité du pharmacien est d'autant plus importante au vu des chiffres concernant le tabou sur la migraine. Nous voulons clairement faire passer le message que les migraineux parmi nous ne doivent plus cacher leur migraine, ils peuvent enlever leur masque, nous leur donnons des pistes (comme le journal de la migraine et les brochures d'informations) qui leur permettent de prendre les choses en mains et devenir maîtres de leur condition."

Les dirigeants d'entreprise ne sont pas épargnés même si pour eux l'aveu est encore plus difficile. Mimi Lamote, CEO de Mayerline, est sujette à des crises 2 à 3 fois par mois. "Je constate déjà une nette amélioration par rapport à avant, quand j'étais touchée 10 à 15 fois par mois. Il n'est pas toujours possible de reporter les réunions importantes. Il faut y participer, ce qui est souvent terriblement douloureux et gênant. Dans de tels moments, je suis hypersensible à la lumière. À tel point que je suis parfois contrainte de demander à ce qu'on me ramène chez moi. Conduire sous la lumière aveuglante des lampadaires serait bien trop dangereux."

La migraine devrait être considérée comme un handicap.

La migraine touche semble-t-il plus les femmes. Celles-ci ont donc tendance à se cacher davantage dans les sphères dirigeantes dominées par les hommes pour éviter d'apparaître plus fragiles. "Même si Mayerline emploie essentiellement des femmes, j'évite de m'afficher. Les personnes des équipes avec lesquelles je collabore le plus étroitement sont au courant et se montrent compréhensives. Et inversement : je me montrerai toujours compréhensive envers un travailleur qui souffre de migraine. Je trouve le bien-être au travail pour mes collaborateurs très important. C'est la raison pour laquelle nous avons signé la charte de la Semaine de la migraine et soutenons activement la campagne dans notre entreprise."

L'entreprise entend mener une campagne de prévention de la migraine et de sensibilisation dans ses murs.

Franchise

Le Dr Peter Winderickx (Mensura) souligne que "la franchise avec laquelle Mimi Lamote parle de la migraine est plutôt une exception dans le monde des supérieurs. Malgré les effets néfastes dont souffrent les travailleurs, le sujet est rarement abordé par les CEO et les RH. La migraine est cependant responsable de la perte de 1,2 million de jours de travail par an : l'impact économique est donc bien réel".

Face aux nombreux témoignages d'employés migraineux, "une oreille attentive et une bonne dose d'empathie peuvent déjà rassurer le migraineux. De petites interventions suffisent en outre à améliorer la situation : il est relativement simple de travailler sur les déclencheurs tels que la lumière, la foule et le stress."

Le médecin du travail recommande la flexibilité au travail comme remède. Ainsi, Griet témoigne de ce que "le télétravail ou le fait de pouvoir commencer plus tard afin de mieux encaisser une crise imminente ou de mieux assimiler ses conséquences sont déjà très salutaires"...

Plus d'info sur www.pharmacie.be/actualites/semaine-de-la-migraine-2017.

D'après le rapport de la conférence en table ronde "Semaine de la migraine" réalisé par les organisateurs.

A l'occasion de la Semaine de la migraine, une table ronde a été organisée avec plusieurs témoins qui en souffrent dont, chose rare, une CEO (Mimi Lamote qui dirige l'entreprise Mayerline) "Griet" et "Juliette". Les entouraient, le Dr Peter Winderinckx, médecin du travail chez Mensura, Alain Chaspierre et Jan Depoorter porte-parole de l'APB.Selon le neurologue Jan Versijpt (Erasme), cité lors de la table ronde, "trop d'inconnues subsistent encore sur la migraine, malgré les nombreuses études. De très nombreux facteurs entrent en ligne de compte : prédispositions génétiques, sensibilité aux déclencheurs comme le stress, certains aliments, l'alcool, l'hypersensibilité à la lumière et au bruit... Cette maladie se manifeste en outre chez les patients sous des formes diverses. Il est donc particulièrement difficile de prescrire un traitement unique". Pour le neurologue Gianni Franco du CHU Namur-Dinant (ULC), la migraine devrait être considérée comme un handicap tant elle provoque, au choix, de l'absentéisme ou du présentéisme. Les migraineux s'obstinent dans ce cas à terminer leur journée de travail malgré qu'ils soient quasi inaptes à travailler. Griet, consultante, explique que "souvent, les crises de migraine s'annoncent, mais si je suis sujette à une crise au travail, je tâche généralement de terminer ma journée. La douleur redouble alors d'intensité une fois dans le train ou dans la voiture sur le chemin du retour. Je dois parfois littéralement me traîner à travers la maison, tellement la douleur est forte. Je suis ensuite épuisée, comme si j'avais dû lutter contre mon propre corps. Heureusement, les gens au travail se montrent compréhensifs envers cette situation. Ils s'accommodent très bien de mes quelques jours d'absence que je peux avoir".Juliette, étudiante, est sujette à une crise de migraine une fois par semaine en moyenne, souvent provoquée par des moments de grand stress. "Dans mon cercle d'amis, personne ne souffre autant de migraine. Ils se montrent certes compréhensifs, mais ils pensent souvent qu'il s'agit simplement de fortes céphalées. L'alcool et la foule sont des déclencheurs typiques de migraine. Même si je ne bois qu'un seul verre, je dois toujours être doublement vigilante à l'arrivée d'une crise qui n'est jamais très loin, dans de tels moments."Les deux porte-paroles de l'APB tiennent à souligner le rôle du pharmacien qui peut apporter un soulagement au patient. "Le pharmacien peut aider le patient à détecter les premiers signes et lui fournir de plus amples informations et un accompagnement dans le cadre du traitement, après que le médecin a posé un diagnostic", explique Alain Chaspierre. Jan Depoorter abonde dans ce sens: "Cette grande accessibilité du pharmacien est d'autant plus importante au vu des chiffres concernant le tabou sur la migraine. Nous voulons clairement faire passer le message que les migraineux parmi nous ne doivent plus cacher leur migraine, ils peuvent enlever leur masque, nous leur donnons des pistes (comme le journal de la migraine et les brochures d'informations) qui leur permettent de prendre les choses en mains et devenir maîtres de leur condition."Les dirigeants d'entreprise ne sont pas épargnés même si pour eux l'aveu est encore plus difficile. Mimi Lamote, CEO de Mayerline, est sujette à des crises 2 à 3 fois par mois. "Je constate déjà une nette amélioration par rapport à avant, quand j'étais touchée 10 à 15 fois par mois. Il n'est pas toujours possible de reporter les réunions importantes. Il faut y participer, ce qui est souvent terriblement douloureux et gênant. Dans de tels moments, je suis hypersensible à la lumière. À tel point que je suis parfois contrainte de demander à ce qu'on me ramène chez moi. Conduire sous la lumière aveuglante des lampadaires serait bien trop dangereux."La migraine touche semble-t-il plus les femmes. Celles-ci ont donc tendance à se cacher davantage dans les sphères dirigeantes dominées par les hommes pour éviter d'apparaître plus fragiles. "Même si Mayerline emploie essentiellement des femmes, j'évite de m'afficher. Les personnes des équipes avec lesquelles je collabore le plus étroitement sont au courant et se montrent compréhensives. Et inversement : je me montrerai toujours compréhensive envers un travailleur qui souffre de migraine. Je trouve le bien-être au travail pour mes collaborateurs très important. C'est la raison pour laquelle nous avons signé la charte de la Semaine de la migraine et soutenons activement la campagne dans notre entreprise." L'entreprise entend mener une campagne de prévention de la migraine et de sensibilisation dans ses murs. Le Dr Peter Winderickx (Mensura) souligne que "la franchise avec laquelle Mimi Lamote parle de la migraine est plutôt une exception dans le monde des supérieurs. Malgré les effets néfastes dont souffrent les travailleurs, le sujet est rarement abordé par les CEO et les RH. La migraine est cependant responsable de la perte de 1,2 million de jours de travail par an : l'impact économique est donc bien réel". Face aux nombreux témoignages d'employés migraineux, "une oreille attentive et une bonne dose d'empathie peuvent déjà rassurer le migraineux. De petites interventions suffisent en outre à améliorer la situation : il est relativement simple de travailler sur les déclencheurs tels que la lumière, la foule et le stress." Le médecin du travail recommande la flexibilité au travail comme remède. Ainsi, Griet témoigne de ce que "le télétravail ou le fait de pouvoir commencer plus tard afin de mieux encaisser une crise imminente ou de mieux assimiler ses conséquences sont déjà très salutaires"...Plus d'info sur www.pharmacie.be/actualites/semaine-de-la-migraine-2017.D'après le rapport de la conférence en table ronde "Semaine de la migraine" réalisé par les organisateurs.