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La Société scientifique de médecine générale est particulièrement bien placée pour dispenser des formations en matière d'environnement, comme elle le rappelle dans son courrier à la CNPQ: "Nous savons quoi faire et comment le faire". Et de proposer au Conseil d'y réfléchir ensemble: "Nous nous mettons à votre disposition pour une journée de formation (ou deux demi- journées) spécialement conçue pour vous sur l'impact carbone de la MG et quelles solutions pratiques mettre en place pour le diminuer", écrit-elle. "Ce qui pourrait faire peur au CNPQ", reprend le Dr Sébastien Cleeren, membre de la Cellule 'environnement' de la SSMG, "serait de penser qu'il n'y a pas encore assez de matière disponible: il serait en effet difficile d'obliger les médecins à glaner des points dans des formations rares..." Or, bien au contraire, la Cellule 'environnement' peut s'enorgueillir d'une expertise solide, avec onze e-learnings et de nombreuses formations, générales pour les débutants et plus pointues pour les praticiens déjà sensibilisés au respect de l'environnement. Elle connaît aussi très bien les freins qui peuvent se dresser en chemin. Depuis fin 2022 et jusqu'en mars prochain, la Cellule assure, avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, 12 heures de formation dans trois maisons médicales (Namur, Saint-Hubert et Barvaux). Un projet pilote baptisé "Mémé en transition" pour les accompagner à la mise en place d'un plan d'action durable visant à diminuer l'empreinte écologique de leurs pratiques. "On part de la fresque du climat pour comprendre les causes et conséquences du réchauffement, jusqu'à zoomer sur l'impact carbone du système de santé, puis de la première ligne, puis du cabinet", explique le Dr Cleeren. "Le fil conducteur est une matrice d'efficacité: un tableau croisant la facilité de mise en place de mesures concrètes proposées par les médecins participants, avec leur efficacité réelle. Au début, ils ont plein d'idées qu'ils pensent très efficaces, comme trier ses poubelles et ses pads de café. Puis, ils comprennent que des actes comme mettre son argent dans une banque qui finance les énergies fossiles peut être bien pire... Il est plus efficace de se focaliser sur certaines actions et il est important de garder en tête qu'il est possible de diviser par dix l'impact carbone de sa pratique sans toucher à la qualité des soins. Des pays voisins arrivent à atteindre leurs objectifs de décarbonation (-62% au Royaume-Uni, p.ex.), même dans la première ligne. On peut s'en inspirer pour montrer que c'est possible."Le Dr Cleeren rappelle par ailleurs la Loi relative aux droits du patient, qui souligne le droit "aux informations qui peuvent lui être nécessaires pour comprendre son état de santé et son évolution probable". "Il est urgent que les médecins prennent leurs responsabilités et s'engagent. N'avons-nous pas juré, selon le serment d'Hippocrate, que: ''Dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j'écarterai d'eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible'' ? Les patients posent de plus en plus de questions, il faut pouvoir leur répondre sans nier, ni broder parce qu'on ne sait pas", conclut le médecin, qui espère sincèrement que le CNPQ entendra l'appel.