Longtemps rêvé par des experts de l'UCLouvain, l'ULB et l'ULiège faisant partie du GIEV (Groupe Interuniversitaire d'Experts en Vaccinologie), le Certificat interuniversitaire en vaccinologie - le premier du genre en Fédération Wallonie-Bruxelles - va débuter en octobre. Cette initiative ne surfe donc pas sur la vague du Covid-19, le constat de la nécessité d'une éducation de la population à la vaccinologie a précédé la crise sanitaire et a été renforcé par elle. Pour ses concepteurs, au-delà de l'actuelle pandémie, il convient de développer une vision à long terme pour améliorer l'adhésion générale à la vaccination.

"Je reste globalement étonné du niveau relativement faible de connaissances partout: dans les hôpitaux, il est parfois préoccupant d' entendre les propos tenus par des gens qui sont formés et qui sont confrontés à la réalité des maladies infectieuses et, dans le grand public aussi, on entend beaucoup de bêtises sur ce sujet", précise le Pr Pierre Smeesters (Huderf), l'une des chevilles ouvrières du certificat.

L'objectif est clair: augmenter le niveau de connaissances de base sur les vaccins et toucher un large public. Ce certificat s'adresse en effet à toute personne confrontée à la vaccination dans le cadre de sa pratique professionnelle: médecins, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes, acteurs en santé publique, de la promotion de la santé à l'école ou de l'éducation, journalistes... Les inscriptions se font sur base d'un dossier d'admission. Une trentaine de candidats se sont déjà inscrits, dont environ une moitié de médecins.

En quatre étapes

Cette formation s'articule en quatre modules: les bases scientifiques de la vaccination (octobre-décembre 2021), le développement et la production d'un vaccin (janvier-mars 2022), la mise en oeuvre de la vaccination, l'établissement des recommandations et programmes vaccinaux (mars 2022) et enfin, les aspects sociétaux liés à la vaccination (décembre 2022). Elle combine des cours interactifs à suivre en ligne et des sessions en présentiel permettant un renforcement des apprentissages par la pratique (un atelier/module).

Les personnes intéressées peuvent choisir le parcours modulaire (possibilité d'être suivi 100% en ligne, attestation de participation) ou le parcours certifiant. Pour obtenir ce certificat interuniversitaire, il faut suivre les quatre modules, participer aux ateliers pratiques et remettre un travail personnel en lien avec sa pratique professionnelle.

"Nous visons à développer une connaissance générale sur les vaccins et puis aussi des aspects de communication, d' esprit critique: quelles sont les bonnes sources pour s' informer, comment gérer l' hésitation vaccinale de manière constructive... À l' avenir, on aura un niveau plus poussé, avec des études de cas. On réfléchit également à l'organisation du certificat sur une année et à des approches plus ciblées par exemple pour l' ONE ou pour l' enseignement des sciences en secondaire", indique Pierre Smeesters.

En mars 2020, j'étais convaincu qu'on aurait un vaccin avant la fin de l'année, ce n'était pas une surprise. Ce qui était une surprise c'est qu'il fonctionne aussi bien! On pensait que ce serait plus de l'ordre du vaccin contre la grippe. Mais, depuis Ebola, on savait qu'on avait la capacité globale de faire un nouveau vaccin en quelques mois, l'infrastructure était prête " - Pierre Smeesters.

Nouveaux ambassadeurs

En mettant cette formation sur pied, les experts du Giev aimeraient créer une sorte de communauté de relais: " Le domaine des vaccins est très technique et en constante évolution, c'est un défi. Il y a un an, personne, à part quelques experts, ne connaissait la technique de l'ARNm: il faut donc créer des ambassadeurs et des relais pour les futures évolutions. En Flandre, c' est quelque chose qu' ils ont réussi. On s' est beaucoup inspiré de ce que Pierre Van Damme (Université d' Anvers) a créé, un maillage et un réseau de partage d' information qui in fine, arrive en première ligne et permet d' informer le mieux possible tout le monde", fait-il observer.

C'est par exemple dans cette idée que l'étape de la production d'un vaccin sera explicitée: "Il est important que les gens comprennent mieux les outils que nous avons à notre disposition. En mars 2020, j'étais convaincu qu' on aurait un vaccin avant la fin de l' année, ce n'était pas une surprise. Ce qui était une surprise c' est qu' il fonctionne aussi bien! On pensait que ce serait plus de l' ordre du vaccin contre la grippe. Mais, depuis Ebola, on savait qu'on avait la capacité globale de faire un nouveau vaccin en quelques mois, l' infrastructure était prête".

Cependant, pour Pierre Smeesters, il n'est pas question que cette formation devienne un 'Certificat Covid': "Nous allons au-delà, tout en prenant des exemples du Covid pour illustrer nos propos parce que c' est parlant. Il y a eu pas mal d' efforts pour essayer de vulgariser des choses complexes, mais on contrôle mal la mésinformation. Je suis étonné de devoir encore répondre à des questions de gens éduqués, par exemple sur la stérilité liée au vaccin contre le Sars-Cov-2, alors qu'il n'y a aucune donnée sur ce thème!"

"Un des intérêts majeurs du Covid, c' est qu' il faut avoir un oeil philosophique, anthropologique, psychologique plus aiguisé: pourquoi ce type de nouvelle se propage si vite? Qu' est-ce qu' on foire dans l'éducation de nos enfants pour que n' importe quel truc un peu croustillant semble plus plausible? Comment gérer ces flux d' informations où le négatif passe mieux que le nuancé positif? ... C' est une vraie question qui ne touche pas que la vaccination. Il y a beaucoup d' autres choses dont on peut avoir peur, la perception de la vaccination n' est pas raisonnable: les gens sont prêts à bouffer des crasses mais pas à prendre un vaccin...", commente-t-il.

Centre de référence

A côté du symposium de la Saint-Valentin et du nouveau certificat, l'idée est de donner naissance à une sorte de centre de référence sur la vaccination. "Se coordonner au niveau francophone nous permettra aussi d'être partie prenante dans certaines discussions de manière plus efficace", espère Pierre Smeesters.

Informations: Erica Berghman (erica.berghman@ulb.be), 02-555.85.17

https://vaccino.helsci.be

Longtemps rêvé par des experts de l'UCLouvain, l'ULB et l'ULiège faisant partie du GIEV (Groupe Interuniversitaire d'Experts en Vaccinologie), le Certificat interuniversitaire en vaccinologie - le premier du genre en Fédération Wallonie-Bruxelles - va débuter en octobre. Cette initiative ne surfe donc pas sur la vague du Covid-19, le constat de la nécessité d'une éducation de la population à la vaccinologie a précédé la crise sanitaire et a été renforcé par elle. Pour ses concepteurs, au-delà de l'actuelle pandémie, il convient de développer une vision à long terme pour améliorer l'adhésion générale à la vaccination. "Je reste globalement étonné du niveau relativement faible de connaissances partout: dans les hôpitaux, il est parfois préoccupant d' entendre les propos tenus par des gens qui sont formés et qui sont confrontés à la réalité des maladies infectieuses et, dans le grand public aussi, on entend beaucoup de bêtises sur ce sujet", précise le Pr Pierre Smeesters (Huderf), l'une des chevilles ouvrières du certificat. L'objectif est clair: augmenter le niveau de connaissances de base sur les vaccins et toucher un large public. Ce certificat s'adresse en effet à toute personne confrontée à la vaccination dans le cadre de sa pratique professionnelle: médecins, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes, acteurs en santé publique, de la promotion de la santé à l'école ou de l'éducation, journalistes... Les inscriptions se font sur base d'un dossier d'admission. Une trentaine de candidats se sont déjà inscrits, dont environ une moitié de médecins. Cette formation s'articule en quatre modules: les bases scientifiques de la vaccination (octobre-décembre 2021), le développement et la production d'un vaccin (janvier-mars 2022), la mise en oeuvre de la vaccination, l'établissement des recommandations et programmes vaccinaux (mars 2022) et enfin, les aspects sociétaux liés à la vaccination (décembre 2022). Elle combine des cours interactifs à suivre en ligne et des sessions en présentiel permettant un renforcement des apprentissages par la pratique (un atelier/module). Les personnes intéressées peuvent choisir le parcours modulaire (possibilité d'être suivi 100% en ligne, attestation de participation) ou le parcours certifiant. Pour obtenir ce certificat interuniversitaire, il faut suivre les quatre modules, participer aux ateliers pratiques et remettre un travail personnel en lien avec sa pratique professionnelle. "Nous visons à développer une connaissance générale sur les vaccins et puis aussi des aspects de communication, d' esprit critique: quelles sont les bonnes sources pour s' informer, comment gérer l' hésitation vaccinale de manière constructive... À l' avenir, on aura un niveau plus poussé, avec des études de cas. On réfléchit également à l'organisation du certificat sur une année et à des approches plus ciblées par exemple pour l' ONE ou pour l' enseignement des sciences en secondaire", indique Pierre Smeesters. En mettant cette formation sur pied, les experts du Giev aimeraient créer une sorte de communauté de relais: " Le domaine des vaccins est très technique et en constante évolution, c'est un défi. Il y a un an, personne, à part quelques experts, ne connaissait la technique de l'ARNm: il faut donc créer des ambassadeurs et des relais pour les futures évolutions. En Flandre, c' est quelque chose qu' ils ont réussi. On s' est beaucoup inspiré de ce que Pierre Van Damme (Université d' Anvers) a créé, un maillage et un réseau de partage d' information qui in fine, arrive en première ligne et permet d' informer le mieux possible tout le monde", fait-il observer. C'est par exemple dans cette idée que l'étape de la production d'un vaccin sera explicitée: "Il est important que les gens comprennent mieux les outils que nous avons à notre disposition. En mars 2020, j'étais convaincu qu' on aurait un vaccin avant la fin de l' année, ce n'était pas une surprise. Ce qui était une surprise c' est qu' il fonctionne aussi bien! On pensait que ce serait plus de l' ordre du vaccin contre la grippe. Mais, depuis Ebola, on savait qu'on avait la capacité globale de faire un nouveau vaccin en quelques mois, l' infrastructure était prête".Cependant, pour Pierre Smeesters, il n'est pas question que cette formation devienne un 'Certificat Covid': "Nous allons au-delà, tout en prenant des exemples du Covid pour illustrer nos propos parce que c' est parlant. Il y a eu pas mal d' efforts pour essayer de vulgariser des choses complexes, mais on contrôle mal la mésinformation. Je suis étonné de devoir encore répondre à des questions de gens éduqués, par exemple sur la stérilité liée au vaccin contre le Sars-Cov-2, alors qu'il n'y a aucune donnée sur ce thème!""Un des intérêts majeurs du Covid, c' est qu' il faut avoir un oeil philosophique, anthropologique, psychologique plus aiguisé: pourquoi ce type de nouvelle se propage si vite? Qu' est-ce qu' on foire dans l'éducation de nos enfants pour que n' importe quel truc un peu croustillant semble plus plausible? Comment gérer ces flux d' informations où le négatif passe mieux que le nuancé positif? ... C' est une vraie question qui ne touche pas que la vaccination. Il y a beaucoup d' autres choses dont on peut avoir peur, la perception de la vaccination n' est pas raisonnable: les gens sont prêts à bouffer des crasses mais pas à prendre un vaccin...", commente-t-il. A côté du symposium de la Saint-Valentin et du nouveau certificat, l'idée est de donner naissance à une sorte de centre de référence sur la vaccination. "Se coordonner au niveau francophone nous permettra aussi d'être partie prenante dans certaines discussions de manière plus efficace", espère Pierre Smeesters.