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Probablement affecté par les effets de la pandémie de Covid-19, le niveau de l'approvisionnement en sang en Belgique était tombé, au printemps dernier, à un niveau bas. Fin octobre, la Croix-Rouge belge indiquait encore une baisse de la fréquentation des collectes de l'ordre de 15% en moyenne par rapport aux prévisions. Reposant sur le don volontaire, les réserves en sang sont fluctuantes et atteignent parfois des niveaux critiques. Visant à pallier les problèmes de dons, le sang artificiel fait depuis longtemps l'objet de recherches. La possibilité de transfuser à l'humain des globules rouges cultivés en laboratoire à partir de cellules souches humaines est notamment en cours d'évaluation au Royaume-Uni. Associant des équipes de l'université de Bristol et du NHS Blood and Transplant, l'essai randomisé contrôlé RESTORE (REcovery and survival of STem cell Originated REd cells) vise principalement à déterminer la durée de vie, après transfusion à un receveur, de ces globules rouges générés in vitro. Dans cet essai clinique, les globules rouges "de synthèse" sont produits à partir de cellules souches CD34+ prélevées du sang d'un donneur adulte. Des conditions de culture spécifiques permettent la prolifération et la différentiation des cellules souches en globules rouges dans un délai d'environ trois semaines. Deux participants à l'étude clinique ont jusqu'à présent reçu une injection de ces globules rouges et aucun effet indésirable n'a été signalé. L'étude portera au minimum sur dix volontaires sains qui recevront, à au moins quatre mois d'intervalle, deux mini-transfusions de 5 à 10 ml, l'une de globules rouges standards directement issus du sang d'un donneur et l'autre de globules rouges cultivés à partir de cellules souches de ce même donneur. Une transfusion autologue à un patient de globules rouges cultivés en laboratoire à partir de ses propres cellules souches hématopoïétiques avait déjà été réalisée en 2011 par des chercheurs français. L'essai clinique RESTORE est donc innovant puisqu'il se penche quant à lui pour la première fois sur la transfusion allogénique de globules rouges générés in vitro. L'espoir des chercheurs menant cet essai clinique est que les globules rouges de synthèse permettent à l'avenir d'améliorer le traitement de patients présentant un groupe sanguin rare et pour lesquels il peut être difficile de trouver suffisamment de sang de donneur compatible. Ils espèrent également que cette recherche puisse aboutir au développement d'un nouveau produit transfusionnel pour les personnes nécessitant des transfusions régulières, notamment les patients atteints de drépanocytose ou de thalassémie. Les globules rouges cultivés en laboratoire pourraient effectivement s'avérer plus performants que ceux issus d'un don de sang classique. La durée de vie moyenne des globules rouges est de 120 jours et, alors qu'un don de sang classique contient des cellules d'âges différents, les cellules sanguines cultivées en laboratoire sont "fraîches". Ainsi, si les globules rouges de synthèse perdurent plus longtemps dans l'organisme, ces patients pourraient espacer les transfusions, ce qui réduirait le risque de complications liées aux transfusions régulières. Ce nouvel espoir étant toutefois contrebalancé par des défis financiers et technologiques considérables, les globules rouges de synthèse ne seraient a priori utilisés que pour des patients ayant des besoins transfusionnels complexes et, comme le précisent les chercheurs, les dons de sang classiques resteraient dans tous les cas nécessaires pour assurer la grande majorité des transfusions sanguines.