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Récemment, le docteur Ken Dewitte, urgentiste et coordinateur de l'équipe septicémie de l'UZA, plaidait, dans une carte blanche, pour un plan d'action contre la septicémie, similaire à celui lancé par la Flandre en matière de soins de l'AVC. Chaque année, entre 47 et 50 millions de personnes sont frappées de septicémie à travers le monde. Onze millions d'entre elles meurent. En Europe, on parle de 3,4 millions de cas et de 700.000 décès. Un tiers des survivants meurent encore dans les douze mois. En Belgique, le nombre de cas n'est pas connu. "La septicémie liée au cathéter et celle liée à l'hôpital sont elles répertoriées. Les chiffres se retrouvent chez Sciensano", explique Ken Dewitte, "mais pour la septicémie en tant que telle, un diagnostique pourtant déjà grave, aucun recensement n'existe encore." Par le passé, la septicémie était définie comme "une infection due au syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS)". Au vu de la basse spécificité des critères SIRS, la définition internationale est devenue, en 2016: la septicémie constitue un dysfonctionnement de l'organe menaçant le pronostic vital et qui résulte d'un déraillement de la réponse immunitaire à une infection. Le diagnostique est très difficile à poser: "les symptômes font penser à une grippe sévère. Il faut avoir le réflexe de chercher les causes". En mai 2017, l'OMS adoptait une résolution sur la septicémie, enjoignant les états à redoubler d'efforts en matière de prévention, d'information, de recherche, de traitement et de suivi. En 2019, le ministre néerlandais de la santé, du bien-être et du sport de l'époque, Bruno Bruins, annonçait le soutien financier à un plan national contre la septicémie. Selon les parlementaires Robby De Caluwé (Open VLD) et Nathalie Muylle (CD&V), une initiative similaire serait la bienvenue en Belgique. "J'ai parlé à des personnes ayant subi les affres de cette infection et ça m'a fait réfléchir", raconte Robby De Caluwé. Pour Nathalie Muylle, il est grand temps d'accorder plus d'attention à cette maladie, vu le nombre élevé de personnes touchées et les conséquences graves de la septicémie. Selon eux, il faut fixer des directives et prendre des mesures pour détecter la septicémie à un stade précoce et la soigner rapidement. Il est également nécessaire de lancer une campagne de formation des travailleurs de la santé d'une part, et d'information et de sensibilisation de l'autre, axée sur le grand public. La proposition de résolution est actuellement examinée par la Chambre. Des contacts ont déjà eu lieu avec le Cabinet de la Santé publique. Robby De Caluwé se dit confiant quant à leur soutien. Avec ce plan d'action, le Dr Dewitte espère éveiller les consciences. "Quand rien n'est mesuré, on se dit qu'on est sur la bonne voie. L'ampleur et l'impact de la septicémie ne seront révélés qu'à la lueur de ces mesures. J'espère également qu'un volet scientifique s'ouvrira - Sciensano est l'organe parfait pour cela - et qu'il en ressortira des directives et des critères sensés et atteignables pour les hôpitaux. Les USA attribuent aux établissements hospitaliers des indices scientifiquement peu fiables. Ce n'est pas non plus ce que nous souhaitons." Sepsibel, une association de patients (ou ex-patients) atteints de septicémie, a vu le jour à l'initiative de Carine Nelissen. Celle-ci estime qu'un diagnostic rapide et précoce constitue la clé de voute de la lutte contre cette infection soignable, mais qui occasionne pour l'instant de nombreuses morts et des handicaps sur le long terme.