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1967 sonne à la pendule de l'institution ménagère Van Der Beck, laquelle, de génération en génération, forme des jeunes filles à devenir de parfaites épouses telles qu'elles sont décrites dans les livres Marabout Flash ou dans l'émission Aujourd'hui Madame.Mais même dans ce coin perdu et champêtre du fin fond de l'Alsace, le bruissement d'un vent nouveau (via les ondes notamment) vient secouer les traditions qui maintiennent femmes et filles dans un rôle de femmes potiches.Alors, lorsque Robert Van Der Beck meurt étouffé par un os de lapin concocté par sa soeur Gilberte, son épouse Paulette qui est également épaulée par l'irascible et sèche soeur Marie-Thérèse, doit prendre les choses en mains, en contradiction avec les cours qu'elle enseigne, qui voit la femme se mettre au service de son mari : la voilà qui conduit sa voiture, découvre les comptes tenus par son mari et les dettes qu'il a accumulées, et retrouve la passion dans les bras de son premier amour, perdu de vue au cours de la guerre...Jolie comédie légère sur fond de mai 68, La bonne épouse n'a certes pas la carrure d'un Milou en mai, mais décrit avec humour et empathie la vie dans le dortoir des grandes et la légère onde de choc provoqué en Alsace par les événements parisiens, tout en insistant avec justesse sur le combat féministe que fut aussi, voire surtout et on l'oublie trop souvent, l'une des grandes victoires de cette remise en cause de la société et de cet appel à la liberté.Servi par un casting remarquable qu'il s'agisse des jeunes interprètes, mais surtout des figures adultes qui il est vrai s'arrogent les rôles principaux, le film de Martin Provost met en exergue le talent plus multiforme avec l'âge de Juliette Binoche, parfaite en "Marie-Chantal" sans faux pli secoué par un grand chambardement intérieur (un peu comme dans Maloute, mais dans un autre style), Noémie lvovsky en bonne soeur retorde, Yolande Moreau en Bécassine Mamie Nova, et, côté masculin, un François Berléand (Robert Van Der Beck) et un Édouard Baer (André, l'ancien amoureux retrouvé) toujours impeccables.Tous portent cette histoire de femmes passées de la planche à repasser... à celle du salut.