Déclinant des thèmes comme "jeunesse", "médias", "santé" bien sûr, "indépendant" "Belgique" ou "futur", ce petit livre concis livre les convictions et la vision d'un homme, d'un médecin, d'un scientifique qui a décidé de se présenter aux prochaines élections législatives dans l'arrondissement du Brabant wallon sous la bannière des Engagés. Il fallait bien un abécédaire pour que cette figure issue de la société civile s'initie au b.a.-ba de l'univers politique...

Le Journal du médecin: Vous allez vous présenter aux élections législatives, quel impact, d'après vous, aura le covid sur celles-ci?

Yves Coppieters: Je constate que la population garde beaucoup de frustration vis-à-vis de la manière dont la crise a été gérée. Elle a été un moteur de clivage de la société, entre groupes de personnes, un phénomène que j'ai ressenti lors de la deuxième partie de la crise, lorsque la stratégie vaccinale s'est déployée, en même temps que l'obligation vaccinale et le pass sanitaire: cela a provoqué un fort clivage entre les citoyens qui ont adhéré et ceux qui refusaient de le faire pour toute une série de raisons. Je n'inclus pas les complotistes et les extrêmes qui étaient "irrécupérables", mais tous ceux qui étaient plutôt dans l'hésitation. Il y a eu un vrai problème de communication des pouvoirs publics par rapport à l'efficacité des stratégies et leur nécessité. Pourquoi on faisait tel choix, versus un autre.

Il faut investir aujourd'hui afin d'obtenir un bénéfice dans 15 à 20 ans. Une attitude qui ne peut intéresser un politicien de carrière, mais bien un type comme moi qui débarque de la société civile.

Les gens me cataloguent comme quelqu'un qui soutenait à tout prix les mesures gouvernementales, alors que je me ralliais aux mesures de santé publique qui me semblaient les plus efficaces et les plus intéressantes pour protéger la population. On sent une volonté de classement entre "les bons" et "les mauvais". Et ce clivage, je le retrouve en campagne électorale entre, pour schématiser, gauche et extrême gauche versus le reste. En tant que candidat d'un parti centriste, je constate que la crise du covid a posé le diagnostic que notre système de santé était très fragile. Et Les Engagés en tant que parti a mis en avant comme priorités la santé et le bien-être. La santé est devenue transversale à la société et si nous ne trouvons pas des solutions rapides en termes de ressources humaines, en termes d'accessibilité aux soins, dans quelques mois ou quelques années, nous serons dans un mur. Pour l'instant, nous évoluons dans un système qui fonctionne quand même bien qualitativement, tout en frustrant beaucoup de monde.

Résilience

Ne sentez-vous pas une résilience, voire un oubli de cette crise du covid?

D'autres crises se sont succédé puisqu'il y a eu la guerre en Ukraine, la crise de l'énergie consécutive à ce conflit, et puis toutes ces difficultés sociales et socio-économiques que les gens traversent en continu depuis. On a l'impression que dans l'esprit des gens, une crise chasse l'autre. Par ailleurs, les vraies propositions par rapport à la transition climatique sont d'un niveau très faible dans les programmes politiques, alors que fondamentalement, c'est là que se trouvent les causes de la crise du covid et qui vont, c'est certain, nous amener dans les mois à venir vers d'autres crises sanitaires. Les grandes résolutions qui ont découlé de cette séquence ont déjà été oubliées. Mais est-ce que ce sont les crises successives qui empêchent d'avoir cette continuité dans les idées? Je penche plutôt pour un manque de volonté politique à long terme de vouloir changer les choses. Et qu'individuellement, cela nous ennuie également de devoir modifier nos comportements.

D'ailleurs, vous écrivez page 42 que les 135 recommandations de la Commission fédérale covid à laquelle vous avez contribué durant un an, ont vite été oubliées...

Elles n'ont même jamais été suivies. Et l'obligation de l'évaluation annuelle de ces recommandations n'a jamais commencé.

Le discours ambiant, dites-vous, voudrait que l'on utilise moins la voiture au profit des transports en commun. Or, les chemins de fer sont en déliquescence partout en Europe...

Tout à fait. Il faudrait faire l'inverse: investir plus au niveau public dans cette solution de mobilité comme dans d'autres alternatives, sinon, on n'y arrivera pas. On ne change pas les comportements des gens si on ne leur propose pas des environnements qui y sont propices. Et cela, cela tient de la responsabilité des pouvoirs publics. Il faut arrêter de culpabiliser la population. On ne peut le faire que si on lui procure les ressources: en santé, par exemple, nous nous sommes leurrés pendant des décennies par rapport au tabagisme, par rapport à la malbouffe... Les lobbies, notamment au niveau de l'environnement, sont tellement puissants que cette possibilité de changer de comportement se révèle très compliquée.

Court-termisme

Parce qu'également, on est dans le court-termisme au niveau politique?

Bien sûr! On n'est pas dans une culture de la prévention, à aucun niveau. Et en santé encore moins. Si l'on développe des environnements qui incitent les jeunes à ne pas commencer à fumer, à maîtriser la consommation d'alcool chez les jeunes et moins jeunes, fatalement on va diminuer la fréquence des maladies chroniques, c'est-à-dire les maladies cardiovasculaires et les cancers qui pèsent énormément sur le financement des systèmes de soins de santé. C'est une réalité. Le problème, c'est qu'il faut investir aujourd'hui afin d'obtenir un bénéfice dans 15 à 20 ans. Il en va de même pour l'économie, la fiscalité, les pensions. Cela a bien entendu des conséquences négatives pour les mandataires du moment mais au moins, ils auraient le courage d'engranger quelque chose de durable. Une attitude qui ne peut intéresser un politicien de carrière, mais bien un type comme moi qui débarque de la société civile et qui possède une expertise scientifique. C'est ce que je veux mettre en avant. Même si je ne suis pas sûr que je puisse être audible très longtemps...

Vous vous positionnez par ailleurs dans votre ouvrage pour la fin du numerus clausus?

Oui, car que fait-on face à cette pénurie de médecins généralistes et spécialistes? Puisque lorsqu'on regarde les projections de 2029, je pense qu'on est à 2.000 médecins qui vont sortir, dont 900 et quelques en francophonie et 1.100 en Flandre. En 2019, on a vu sortir 2.000 médecins. L'augmentation d'ici à 2029 n'est donc pas énorme: on parle de quelques dizaines d'unités en plus. Et lorsqu'on jette un oeil aux sous-quotas, rien ne change. Le sous-quota de médecins généralistes ne change pas: nous n'allons jamais parvenir aux 50% de médecins généralistes, et au niveau des sous-quotas de certaines spécialisations comme la psychiatrie et la gériatrie par exemple, il n'y a aucun changement, alors que nous sommes en pénurie et que nous allons être en pénurie encore pire puisque les besoins augmentent en santé mentale, par rapport au vieillissement de la population, etc. Donc que fait-on? Soit on se dit on ne revoit que les sous-quotas, et je sais que les médecins sont plutôt dans cette optique-là: on maintient le numerus clausus, on essaie d'élargir un peu le nombre de numéros Inami, tout en sachant très bien qu'il y a vraiment une espèce de déséquilibre avec la Flandre. Mais on va plutôt aller bouger les sous-quotas en fonction des spécialités en pénurie et augmenter les médecins généralistes à plus de 50%. Mais même comme cela, quantitativement, nous n'y parviendrons pas: 45% des médecins généralistes côté francophone ont plus de 55 ans, lesquels, d'ici dix ans, partent à la retraite. Et puis la planification ne tient pas compte de l'évolution du métier. Nous savons bien que pour un médecin qui part à la retraite, il faut deux médecins actuellement, du fait d'une féminisation de la profession, et tant mieux! Mais les gens travaillent à temps partiel, n'ont pas les mêmes horaires qu'il y a 30 ou 40 ans. Il y a un vrai problème dans les gardes puisque dans ce secteur, on manque vraiment de ressources humaines. Donc, pour nous Les Engagés, il faut lever les quotas Inami, lever les concours de dentistes et médecins, revoir les sous-quotas et avoir le courage de faire cela durant quelques années. Ce n'est pas une solution à long terme, mais je pense qu'il faut relâcher les choses durant quelques années et voir où nous en sommes d'ici dix ans.

Yves Coppieters. Engagements et nuances: abécédaire d'un universitaire et expert "covid-19" propulsé dans les médias et la politique. Couleur Livres.

Déclinant des thèmes comme "jeunesse", "médias", "santé" bien sûr, "indépendant" "Belgique" ou "futur", ce petit livre concis livre les convictions et la vision d'un homme, d'un médecin, d'un scientifique qui a décidé de se présenter aux prochaines élections législatives dans l'arrondissement du Brabant wallon sous la bannière des Engagés. Il fallait bien un abécédaire pour que cette figure issue de la société civile s'initie au b.a.-ba de l'univers politique... Le Journal du médecin: Vous allez vous présenter aux élections législatives, quel impact, d'après vous, aura le covid sur celles-ci?Yves Coppieters: Je constate que la population garde beaucoup de frustration vis-à-vis de la manière dont la crise a été gérée. Elle a été un moteur de clivage de la société, entre groupes de personnes, un phénomène que j'ai ressenti lors de la deuxième partie de la crise, lorsque la stratégie vaccinale s'est déployée, en même temps que l'obligation vaccinale et le pass sanitaire: cela a provoqué un fort clivage entre les citoyens qui ont adhéré et ceux qui refusaient de le faire pour toute une série de raisons. Je n'inclus pas les complotistes et les extrêmes qui étaient "irrécupérables", mais tous ceux qui étaient plutôt dans l'hésitation. Il y a eu un vrai problème de communication des pouvoirs publics par rapport à l'efficacité des stratégies et leur nécessité. Pourquoi on faisait tel choix, versus un autre. Les gens me cataloguent comme quelqu'un qui soutenait à tout prix les mesures gouvernementales, alors que je me ralliais aux mesures de santé publique qui me semblaient les plus efficaces et les plus intéressantes pour protéger la population. On sent une volonté de classement entre "les bons" et "les mauvais". Et ce clivage, je le retrouve en campagne électorale entre, pour schématiser, gauche et extrême gauche versus le reste. En tant que candidat d'un parti centriste, je constate que la crise du covid a posé le diagnostic que notre système de santé était très fragile. Et Les Engagés en tant que parti a mis en avant comme priorités la santé et le bien-être. La santé est devenue transversale à la société et si nous ne trouvons pas des solutions rapides en termes de ressources humaines, en termes d'accessibilité aux soins, dans quelques mois ou quelques années, nous serons dans un mur. Pour l'instant, nous évoluons dans un système qui fonctionne quand même bien qualitativement, tout en frustrant beaucoup de monde. Ne sentez-vous pas une résilience, voire un oubli de cette crise du covid?D'autres crises se sont succédé puisqu'il y a eu la guerre en Ukraine, la crise de l'énergie consécutive à ce conflit, et puis toutes ces difficultés sociales et socio-économiques que les gens traversent en continu depuis. On a l'impression que dans l'esprit des gens, une crise chasse l'autre. Par ailleurs, les vraies propositions par rapport à la transition climatique sont d'un niveau très faible dans les programmes politiques, alors que fondamentalement, c'est là que se trouvent les causes de la crise du covid et qui vont, c'est certain, nous amener dans les mois à venir vers d'autres crises sanitaires. Les grandes résolutions qui ont découlé de cette séquence ont déjà été oubliées. Mais est-ce que ce sont les crises successives qui empêchent d'avoir cette continuité dans les idées? Je penche plutôt pour un manque de volonté politique à long terme de vouloir changer les choses. Et qu'individuellement, cela nous ennuie également de devoir modifier nos comportements. D'ailleurs, vous écrivez page 42 que les 135 recommandations de la Commission fédérale covid à laquelle vous avez contribué durant un an, ont vite été oubliées... Elles n'ont même jamais été suivies. Et l'obligation de l'évaluation annuelle de ces recommandations n'a jamais commencé.Le discours ambiant, dites-vous, voudrait que l'on utilise moins la voiture au profit des transports en commun. Or, les chemins de fer sont en déliquescence partout en Europe... Tout à fait. Il faudrait faire l'inverse: investir plus au niveau public dans cette solution de mobilité comme dans d'autres alternatives, sinon, on n'y arrivera pas. On ne change pas les comportements des gens si on ne leur propose pas des environnements qui y sont propices. Et cela, cela tient de la responsabilité des pouvoirs publics. Il faut arrêter de culpabiliser la population. On ne peut le faire que si on lui procure les ressources: en santé, par exemple, nous nous sommes leurrés pendant des décennies par rapport au tabagisme, par rapport à la malbouffe... Les lobbies, notamment au niveau de l'environnement, sont tellement puissants que cette possibilité de changer de comportement se révèle très compliquée. Parce qu'également, on est dans le court-termisme au niveau politique? Bien sûr! On n'est pas dans une culture de la prévention, à aucun niveau. Et en santé encore moins. Si l'on développe des environnements qui incitent les jeunes à ne pas commencer à fumer, à maîtriser la consommation d'alcool chez les jeunes et moins jeunes, fatalement on va diminuer la fréquence des maladies chroniques, c'est-à-dire les maladies cardiovasculaires et les cancers qui pèsent énormément sur le financement des systèmes de soins de santé. C'est une réalité. Le problème, c'est qu'il faut investir aujourd'hui afin d'obtenir un bénéfice dans 15 à 20 ans. Il en va de même pour l'économie, la fiscalité, les pensions. Cela a bien entendu des conséquences négatives pour les mandataires du moment mais au moins, ils auraient le courage d'engranger quelque chose de durable. Une attitude qui ne peut intéresser un politicien de carrière, mais bien un type comme moi qui débarque de la société civile et qui possède une expertise scientifique. C'est ce que je veux mettre en avant. Même si je ne suis pas sûr que je puisse être audible très longtemps... Vous vous positionnez par ailleurs dans votre ouvrage pour la fin du numerus clausus? Oui, car que fait-on face à cette pénurie de médecins généralistes et spécialistes? Puisque lorsqu'on regarde les projections de 2029, je pense qu'on est à 2.000 médecins qui vont sortir, dont 900 et quelques en francophonie et 1.100 en Flandre. En 2019, on a vu sortir 2.000 médecins. L'augmentation d'ici à 2029 n'est donc pas énorme: on parle de quelques dizaines d'unités en plus. Et lorsqu'on jette un oeil aux sous-quotas, rien ne change. Le sous-quota de médecins généralistes ne change pas: nous n'allons jamais parvenir aux 50% de médecins généralistes, et au niveau des sous-quotas de certaines spécialisations comme la psychiatrie et la gériatrie par exemple, il n'y a aucun changement, alors que nous sommes en pénurie et que nous allons être en pénurie encore pire puisque les besoins augmentent en santé mentale, par rapport au vieillissement de la population, etc. Donc que fait-on? Soit on se dit on ne revoit que les sous-quotas, et je sais que les médecins sont plutôt dans cette optique-là: on maintient le numerus clausus, on essaie d'élargir un peu le nombre de numéros Inami, tout en sachant très bien qu'il y a vraiment une espèce de déséquilibre avec la Flandre. Mais on va plutôt aller bouger les sous-quotas en fonction des spécialités en pénurie et augmenter les médecins généralistes à plus de 50%. Mais même comme cela, quantitativement, nous n'y parviendrons pas: 45% des médecins généralistes côté francophone ont plus de 55 ans, lesquels, d'ici dix ans, partent à la retraite. Et puis la planification ne tient pas compte de l'évolution du métier. Nous savons bien que pour un médecin qui part à la retraite, il faut deux médecins actuellement, du fait d'une féminisation de la profession, et tant mieux! Mais les gens travaillent à temps partiel, n'ont pas les mêmes horaires qu'il y a 30 ou 40 ans. Il y a un vrai problème dans les gardes puisque dans ce secteur, on manque vraiment de ressources humaines. Donc, pour nous Les Engagés, il faut lever les quotas Inami, lever les concours de dentistes et médecins, revoir les sous-quotas et avoir le courage de faire cela durant quelques années. Ce n'est pas une solution à long terme, mais je pense qu'il faut relâcher les choses durant quelques années et voir où nous en sommes d'ici dix ans.