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En 2022, nous sommes tout juste 60 ans après la publication du célèbre livre "Printemps silencieux" de Rachel Carson. Offrant au grand public l'accès aux connaissances de l'impact environnemental des pesticides, il a permis une prise de conscience et ouvert la voie à de nombreuses initiatives. "Sapere aude", ou "ose savoir par toi-même", était une devise déjà répandue à l'époque des Lumières. D'ici huit ans, pour 2030, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) nous recommande de diminuer d'au moins 50% les émissions de CO2. Dans quel but? Toujours le même, celui de pouvoir assurer un avenir serein, durable et épanouissant pour tous. De par-delà le monde, les communautés s'organisent elles aussi. Après son appel de 2019 aux médecins généralistes à agir en faveur de la santé planétaire, la WONCA (World Organization of Family Doctors), organise en 2023 sa conférence européenne à Bruxelles, avec comme thématique "Making Choices in Primary Care". Le congrès du Rifress (Réseau international francophone de la responsabilité sociale en santé) s'est déroulé en septembre 2022, et avait pour thématique la responsabilité sociale en santé et le développement durable. Rencontrant les sphères politiques, citoyennes, scientifiques, éducationnelles, les échanges riches en savoirs et émotions qui y ont eu lieu permettront de continuer à penser ensemble un meilleur monde. Au sein des universités, des plans "Transitions" ont été entamés afin de former chaque étudiant, futur citoyen, au développement durable. À Namur, la Locnes (Locale namuroise environnement et santé) sculpte ses premières missions et valeurs, au confluent d'une approche plus intégrée des soins. Cette thématique unissant l'environnement et la santé est complexe: à la croisée de la médecine, de la psychologie, de la philosophie, des sciences de la Terre, de l'économie... et encore tant d'autres. Demandant une vue systémique, transdisciplinaire, elle est aussi dynamique, car en constante évolution. J'ai eu la possibilité de pouvoir en apercevoir la pointe de l'iceberg cette année, au sein de la Cellule environnement de la SSMG. Grâce, entre autres, à une recherche qualitative permettant d'aller stimuler cette intelligence collective dont nous avons tant besoin aujourd'hui, j'ai pu commencer à explorer toute la fertilité de cette thématique. Car c'est bien de cela dont il est question: renaître de ses cendres et semer de nouvelles graines. Tout ceci implique de sortir de notre zone de confort, de tâter le terrain pour retrouver ce lien qui nous unit à l'autre, en ce compris tout être vivant confondu. Bien sûr, cela nécessite une de nos ressources les plus précieuses: le temps. L'"otium", concept datant de l'Antiquité, propose de laisser vagabonder nos esprits, afin de pouvoir créer, imaginer, penser de nouvelles choses. Il s'oppose au "neg-otium", qui par définition est le négoce, les affaires, le business. N'est-il pas justement temps de se poser les bonnes questions? N'est-il pas temps de passer d'un train en marche vers un autre, nous menant vers une direction commune et durable? Qu'attendons-nous?