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Le malaise est partout tangible. L'année dernière pourtant, rien ne présageait de la grisaille actuelle. Les marques premium allemandes enregistraient chaque mois un chiffre d'affaires et des gains à la hausse. Le moteur a commencé à toussoter à l'automne. Un phénomène tout d'abord considéré comme temporaire, dû à l'application de la nouvelle norme WLTP et à l'image négative véhiculée par les médias quant à l'impact des gaz d'échappement sur l'être humain et la nature.Cette explication occulte cependant le vrai problème, à savoir le retard accumulé par les marques allemandes en matière d'implémentation des propulsions alternatives et de développement de systèmes qui permettront la conduite autonome à l'avenir. Par ailleurs, les marques premium allemandes souffrent fortement des conséquences de la bataille commerciale qui oppose les USA, la Chine et l'Europe, mais aussi de l'annonce du Brexit. La confiance des consommateurs chute et les constructeurs automobiles voient leur cote chuter en bourse. L'action BMW a ainsi perdu 38% de sa valeur en quatre ans.Pour endiguer le problème, les marques tentent de tailler dans les dépenses, en premier dans le budget alloué au marketing (et donc aux campagnes de pub et aux salons automobiles). Cela permet en effet de réaliser des économies, sans toucher à la production des modèles existants et au développement des nouveautés. Le marketing représente des millions d'euros qui se répercutent sur le prix de vente du véhicule, sans que ce dernier ou son acheteur n'y gagne quoi que ce soit.Il y a quelques années, Volvo a été le premier constructeur à ne plus participer aux salons de l'automobile, rapidement suivi par d'autres, au point que les salons de Paris et de Francfort ont commencé à se faire du souci.Les organisateurs du IIA de Francfort ont toujours vécu dans l'opulence, mais sont aujourd'hui confrontés à une situation inattendue : l'annulation de 23 constructeurs. Par ordre alphabétique, cela donne : Abarth, Alfa Romeo, Alpine, Aston Martin, Cadillac, Chevrolet, Chrysler, Citroën, Dacia, DS, Fiat, Jeep, Kia, Peugeot, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Renault, Rolls-Royce, Subaru, Suzuki, Toyota et Volvo. En d'autres mots, tant les constructeurs américains que français, italiens et japonais ont déclaré forfait pour éviter les dépenses excessives. Certains ont aussi agi par rancune, vexés de ne pas avoir été " chouchoutés " par les organisateurs du IIA, qui préféraient réserver leurs faveurs aux marques allemandes.Ces marques allemandes sont bien entendu présentes au Salon, mais au prix de coupes drastiques. BMW a ainsi diminué son budget (de 25 à 6 millions d'euros) et son espace d'exposition (de 11.000 à 3.000 m2).Deux grandes halles d'exposition n'ouvriront tout simplement pas. Volkswagen et ses filiales Audi, Bentley, Lamborghini, Seat et Skoda ont ainsi gagné une meilleure exposition. Une belle occasion de mettre l'accent sur une série de premières mondiales intéressantes ou de voitures conceptuelles, qui préfigurent de futures modèles à la propulsion électrique, comme l'Audi e-tron SUV Coupé, la Skoda Citigo-e iV ou la VW ID.3.Mercedes a fait la part belle à l'EQ S et l'EQV, mais les regards se tourneront surtout vers la Porsche Taycan, sportive quatre places à la propulsion 100% électrique. La Taycan annonce une nouvelle ère pour Porsche, mais aussi pour ses concurrents, réduits au rôle de suiveur. Parmi les autres modèles dignes d'intérêt, citons l'Audi Q4 Sportback et Q7, la BMW 4 et X6, le Ford Puma, la Kia Xceed, le Land Rover Defender, le Mercedes GLB et GLE Coupé, l'Opel Corsa, la Skoda Kamiq et le VW T-Roc cabriolet.L'IAA 2019 se tiendra du 12 au 22 septembre prochain à Francfort. Facilement accessible en train à grande vitesse depuis Bruxelles, la gare se situe à distance de marche du parc des expositions.