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Pour dresser le portrait-robot du clinicien de demain, l'éditeur scientifique Elsevier Health et le bureau d'étude de marché Ipsos ont interviewé 23 praticiens réputés, interrogé 2.838 médecins et infirmiers dans 111 pays du monde (dont la Belgique) et organisé des tables rondes avec des leaders d'opinion et étudiants aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Chine. Le volumineux rapport qui en découle présente les médecins et infirmiers du futur sous cinq angles d'approche. ? 62% des soignants interrogés pensent qu'ils travailleront davantage en "partenariat" avec le patient ; ? 51% craignent que la télémédecine n'affecte négativement leur capacité à témoigner de l'empathie ; ? 56% s'attendent à une autonomisation plus grande des patients dans la gestion de leur santé ; ? 77% des médecins s'attendent à ce que des analyses de patients "en temps réel" revêtent une importance cruciale pour des soins personnalisés ; ? 43% s'attendent à ce que chacun ait accès à son génome comme outil d'aide à la prévention des maladies. Conclusion: le soignant du futur travaille en partenariat avec ses patients, est rodé à l'utilisation des données médicales et des connaissances cliniques et consacre aussi plus de temps à se tenir au courant des derniers développements technologiques. Il communique avec les patients de différentes manières, des brefs contacts de suivi en ligne aux visites à domicile en face-à-face. Les patients ont un contrôle beaucoup plus étendu sur leur dossier médical et leurs données de santé. ? 73% des soignants pensent que la gestion de la santé publique sera une priorité majeure ; ? 56% - et même 80% en Chine! - s'attendent à ce qu'une proportion beaucoup plus grande de la population soit régulièrement soumise à des contrôles de santé obligatoires ; ? les prestataires de soins pensent que, dans le futur, leurs équipes s'enrichiront de spécialistes en analyse des données. Conclusion: la prévention revêtira une importance beaucoup plus grande dans les missions des prestataires de soins du futur, qui aideront les patients à mieux gérer leur santé physique et psychologique avant qu'une maladie ne se manifeste, notamment par le biais de contrôles réguliers. La formation médicale accordera une attention beaucoup plus grande au leadership, à la gestion financière et à la science des données. Les médecins seront financièrement encouragés à dispenser des soins fondés sur la valeur plutôt que de traiter des maladies ; en conséquence, les coûts auront une influence moindre dans la prise de décision (médicale). ? 70% des soignants s'accordent à dire que la généralisation du recours aux technologies de santé numériques entraînera une transformation positive des soins de santé ; ? 63% s'attendent à ce que la majorité des consultations se déroulent à distance ; ? 69% admettent que les technologies de santé numériques représenteront un défi voire un fardeau ; ? 56% s'attendent à ce que la plupart de leurs décisions s'appuient sur des outils d'aide à la prise de décision reposant sur l'intelligence artificielle (IA). Conclusion: le prestataire de demain travaillera dans le cadre d'un système de soins dépendant des technologies numériques, mais aussi transformé dans un sens positif par ces dernières. Toutes les données nécessaires seront à portée de main et l'IA permettra aux médecins d'accéder en un tournemain aux informations les plus pertinentes. Le revers de la médaille est qu'ils devront aussi arriver à suivre l'évolution rapide de la technologie. Trouver le moyen de continuer à exprimer leur empathie dans un environnement fortement informatisé restera une priorité. ? 64% pensent que les technologies numériques vont aggraver les inégalités de santé ; ? 49% sont convaincus que la plupart des soins seront dispensés au domicile du patient ; ? 49% attendent davantage d'égalité au travail. Conclusion: le prestataire de demain sera un maillon d'un système de santé "plus équitable" permettant à chacun de mener une longue vie en bonne santé. Les médecins et infirmiers travailleront dans des institutions "traditionnelles" mais se rendront aussi au domicile des patients et dans les quartiers défavorisés, ce qui leur permettra d'atteindre aussi les populations plus vulnérables. Ils recueilleront aussi bien des données médicales que des informations relatives au statut socio-économique des patients, afin de pouvoir identifier des besoins au niveau par exemple des outils de monitoring, de l'accès numérique, du logement et de la situation financière, le tout dans l'optique d'une amélioration de la santé. L'égalité est également importante sur le lieu de travail. ? 74% des prestataires prévoient une pénurie d'infirmiers, 68% une pénurie de médecins ; ? 41% s'attendent à ce que les patients les considèrent comme moins "importants" dans le futur. Conclusion: les pénuries mondiales de médecins auront un impact sur le temps disponible, avec à la clé une charge de travail et une pression professionnelle élevées. Les prestataires sont néanmoins convaincus qu'ils continueront à trouver leur métier beau, dynamique et passionnant. Ils espèrent aussi que les technologies numériques pourront offrir une solution à une charge de travail excessive et qu'ils trouveront un soutien auprès de leurs collègues.