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Covax voulait obtenir et distribuer deux milliards de doses d'ici fin 2021. L'objectif de l'OMS: vacciner 40% de la population mondiale d'ici la fin de l'année. En date du 5 novembre, on y arrive (39,33%), mais ce chiffre cache des disparités énormes. 65,5% de personnes totalement vaccinées dans l'Union européenne contre 6,2% en Afrique. 11 fois plus de vaccinés en Europe qu'en Afrique. Pour en revenir à Covax, en date du 22 octobre, le programme n'avait reçu que 356 millions de doses. 17,8% de l'objectif en l'état actuel. Un véritable fiasco. On le sait, tout le monde le répète à corps et à cri, surtout depuis qu'une deuxième dose a été administrée dans la plupart des pays riches: c'est l'entraide au sens général qui fait défaut. Si le slogan de la Gavi est: "Personne n'est en sécurité, à moins que tout le monde ne soit en sécurité", ce n'est apparemment pas le slogan des pays les plus riches. "Actuellement, seulement 20% des habitants des pays à revenu faible et intermédiaire (et seulement 1,9% des habitants des pays à faible revenu) ont reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, contre 80% de la population des pays à revenu élevé et intermédiaire de la tranche supérieure. Cette situation n'est pas acceptable", renchérit le Dr Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi. Le système Covax a aussi grandement souffert de retards de livraison. Sans parler d'autres défauts inhérents à un programme de vaccination d'une telle ampleur: un vaccin sans seringue ne sert à rien et il faut pouvoir stocker les vaccins. Ces retards "s'expliquent par les interdictions d'exportation, la priorité accordée par les fabricants et les pays aux accords bilatéraux, les difficultés rencontrées actuellement par certains producteurs importants qui ont du mal à augmenter leur production et le retard pris par certains fabricants dans le dépôt des demandes d'autorisation réglementaire", ajoute Seth Berkley. Bien sûr, d'autres paramètres entrent en jeu, et ils sont bien difficiles à objectiver. La défiance face aux vaccins n'est par exemple plus à prouver sur le continent noir. Malgré ces retards à l'allumage, la Belgique vient récemment de s'engager à donner 3,8 millions de doses supplémentaires d'ici fin 2021, en plus des quatre millions de doses initialement prévues. De quoi fanfaronner auprès des voisins européens moins respectueux de leurs engagements internationaux, mais pas de quoi non plus en faire tout un plat. Primo, si Meryame Kitir, ministre à la Coopération au développement se félicite de l'envoie dans les prochaines semaines de 3,8 millions de doses Johnson & Johnson mais aussi de doses Pfizer, il faut d'abord rappeler que notre pays jouit de sa place de producteur de vaccins. "Notre pays coordonne toutes les demandes des pays qui veulent donner du Johnson & Johnson", indique ainsi la ministre Vooruit. Secundo, ce soudain regain d'intérêt pour le programme Covax arrive dans le sillage du sommet du G20 (fin octobre), empli de promesses à l'égard du programme Covax...tout comme l'était le sommet du G7 en juin dernier. Où sont les 1,3 milliards de doses promises? Personne ne le sait. Qu'à cela ne tienne, quelques mois plus tard, ce sont 1,2 milliards de doses de vaccins qui sont promises par les pays les plus riches du globe lors du dernier G20. Du côté de la Gavi, qui pilote Covax, on se montre lucide: "Le cap des deux milliards de doses distribuées ne devrait pas être franchi avant le premier trimestre 2022", avoue le directeur exécutif. Une question se posait d'ailleurs au sein même du CA de la Gavi dès juin dernier: faut-il continuer le programme Covax, vu son manque de succès? La réponse du CA: "Malgré les progrès de Covax à ce jour, les fortes inégalités d'accès mondial au vaccin Covid-19 qui ont émergé ne font que souligner l'importance du rôle continu de Gavi dans la riposte à la pandémie." Une réponse de Normand. En attendant, de nombreux pays se tournent vers d'autres moyens (la Chine, des associations davantage locales) pour se procurer des doses. La Gavi garde toutefois la foi. "L'augmentation actuelle du nombre de doses de vaccin disponibles est une excellente nouvelle, mais nous continuons à chercher à débloquer de nouvelles doses et à gérer le risque permanent de baisses dans notre approvisionnement. Notre Alliance se préoccupe également des besoins des pays en matière de renforcement des capacités de distribution des vaccins. Nous prévoyons de distribuer près d'un milliard de doses au cours du quatrième trimestre 2021", annonce Seth Berkley.