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Erwin Vermesen est coach indépendant. Il accompagne des collaborateurs, des cadres et des directions actives dans des administrations locales ou dans le domaine des soins et du bien-être. Dans son centre de formation Vorm, il n'est pas rare qu'il coache des personnes désireuses de reprendre le contrôle de leur agenda, dans l'espoir de résoudre l'équation par une meilleure gestion du temps ou de trouver des outils pour arriver au bout de leurs tâches. Il est toutefois important de se pencher d'abord sur les causes de cette pression du temps, explique Erwin Vermesen. "La pression temporelle constitue une expérience subjective. Elle s'exerce tant sur le mental que sur le corps chez les personnes qui doivent gérer leur temps. Le mot subjectif est ici important. Deux médecins peuvent très bien avoir des agendas aussi chargés, les mêmes tâches à réaliser en une journée, mais ne pas du tout le ressentir de la même manière. L'un trouvera que la journée passe très vite, là où l'autre décomptera les secondes et les heures. Au cours de mes formations, j'invite les participants à se pencher sur leur ressenti. Quelle est la différence entre une journée où tout semble couler de source et une journée semblable à une course contre la montre?"Erwin Vermesen renvoie aussi à la Grèce antique. Deux mots existaient alors pour exprimer le temps: "'Chronos' tout d'abord, représentant le temps chronologique et mesuré par l'heure. Ce temps est le même pour tout le monde: 24 heures de 60 minutes. 'Kairos', ensuite, se rapporte à l'expérience du temps, la quête du bon acte au bon moment. Pas besoin de montre pour ce temps-là, juste d'une boussole sur laquelle vos valeurs et principes personnels indiquent comment vous prenez votre vie en charge, tant professionnellement que dans le privé.""La pression temporelle survient souvent quand on s'impose trop d'actions", poursuit Erwin Vermesen. "J'invite mes élèves à se poser la question: dois-je faire ceci maintenant? Chaque élément de cette question compte. Dois-je? S'agit-il d'une véritable obligation ou de ce que je pense être une obligation? Dois-je le faire seul? Cette tâche m'incombe-t-elle vraiment ou puis-je la déléguer à une ou un collègue? Certains ont la mauvaise habitude de toujours vouloir tout faire seul ou de prendre la charge des autres. Dois-je faire ceci? S'agit-il bien d'une priorité ou d'autres tâches sont-elles plus importantes? Puis: dois-je faire ceci maintenant? Cette tâche peut-elle attendre? Le quadrant de Covey peut à ce titre être d'une grande aide (voir cadre). Et enfin, dois-je faire ceci maintenant?""Se poser ces questions vous confronte à vous-même. Beaucoup réalisent qu'ils posent certains actes non pas parce qu'ils doivent le faire, mais bien parce qu'ils pensent devoir le faire ou que l'on attend d'eux qu'ils le fassent. Ils découvrent aussi parfois qu'ils perdent un temps fou à des tâches inutiles. Certaines personnes pratiquent la culture de la journée portes ouvertes. C'est très agréable pour les collègues et les collaborateurs, mais cela les stimulent à vous déranger sans cesse et à reporter leurs problèmes sur vous."Une fois les priorités fixées, voici quelques astuces concrètes à appliquer avant de se lancer dans le travail, poursuit-il. "Pour les travailleurs de bureau, appliquez la politique du clean desk (bureau rangé, NdlR) pour ne pas perdre de temps à chercher les choses. Cela aide aussi à s'attaquer aux tâches les plus pénibles et à ne plus les reporter. Ces conseils ne sont bien sûr pas adaptés à toutes les situations: impossible pour le médecin de déterminer l'ordre des patients à son cabinet. Par contre, les visites à domicile s'y prêtent bien."La pression temporelle étant une donnée subjective, une partie de la solution réside en vous-même. "La gestion du temps constitue pour partie la gestion de sa propre énergie. D'où vous vient-elle? Comment rechargez-vous vos batteries? Si cela signifie pour vous mettre vos enfants au lit, veillez à continuer à le faire. Les techniques de respiration vous aident également à éviter le stress. Vous pouvez aussi travailler sur votre capacité à relativiser, veiller à ne pas ruminer et à bien dormir... Je pense que la plupart des médecins savent tout ça, mais ne l'appliquent pas toujours à eux-mêmes."