20% des personnes interrogées jugent leur état de santé très bon, contre 14% en septembre 2019. Presque à lui seul cet indicateur d'auto diagnostic résume ce qu'il se passe au sein de la population belge francophone. " Nos indicateurs de santé mentale vont eux aussi dans un sens plutôt positif. Par exemple, 24% expriment de l'anxiété fréquente contre 31% en septembre 2019 ", ajoute Delphine Ancel, responsable des études Solidaris.

Pour l'analyste, ce résultat est dû, entre autres, " simplement à une meilleure qualité de vie qui s'exprime au travers de plusieurs chiffres : 59% disent manger équilibré contre 46% en septembre 2019, 48% déclarent avoir des insomnies contre 55% six mois plus tôt. Même l'impression de prendre trop de médicaments est en léger recul ! "

Des résultats qui tranchent avec ce qui a été mis en avant en Commission santé public sur l'impact du Covid-19 sur la santé mentale. Citons par exemple l'étude " Covid et moi ", menée conjointement par l'UCLouvain et l'UAntwerpen, selon laquelle la prévalence de détresse psychique de la population a été multipliée par 2,3 entre mars 2019 (18%) et mars 2020 (52%).

Les bienfaits du télétravail

Selon l'Institut Solidaris, c'est notamment la modification du contexte de travail qui explique en partie cette tendance positive. " Nos thermomètres sur les jeunes retraités, le stress au travail et nos actualisations 2019 sur ces sujets, témoignaient tous de difficultés cristallisées autour du monde du travail. Notre baromètre de septembre 2019 montrait également (en France aussi d'ailleurs), la perte de sens pour de nombreux travailleurs ", rappelle Delphine Ancel.

Désormais, ceux qui continuent à travailler sont plus contents de leurs horaires (74%, + 7%). Moins, soit 45%, évoquent des cadences élevées (-9%). Ils sont également moins nombreux, soit 33%, à avoir trop peu de temps pour tout le travail qu'ils ont à faire (-11%). Au final le burn-out n'est plus craint " que " par 38% des gens (-11%).

Des résultats surprenants

Pour le Professeur Pitchot, psychiatre clinicien à l'ULiège qui a opéré une lecture indépendante des données obtenues et l'a confrontée à sa pratique, ces résultats sont surprenants. " En tant que psychiatres, nous nous attendions, en début de confinement, à ce que nos patients, population à risque, se sentent moins bien. Nous avons été véritablement surpris par les événements. J'estime qu'à peu près neuf patients sur dix souffrant de burn-out actuellement vont mieux, voire beaucoup mieux. Certains ont eu le sentiment de sortir de prison. J'ai dû mal à comprendre ce qui est en train de se passer. Car l'hypothèse de départ n'était évidemment pas celle-là. La conclusion à laquelle je suis arrivée : pendant cette période de pause de deux mois, une période exceptionnelle, les personnes n'ont plus été exposées aux risques de stigmatisation. Ça a été très impressionnant pour nous, car le travail de psychiatre consiste justement à lutter contre cette stigmatisation. "

" Il y a eu des couacs, c'est clair. Mais l'essentiel du message a été compris par la population. Dans le monde occidental, on a réussi à trouver de l'argent relativement vite pour aider la population. Le pire est néanmoins peut-être à venir. Notamment à cause des conséquences socio-économiques. On sait que cet impact sera dramatique. " Le psychiatre s'attend à ce que la santé mentale de la population se dégrade également dans les six à douze mois qui viennent. " Il faudra repérer les catégories les plus à risque et investir dans la prévention vis-à-vis de groupes cibles. Il ne va pas falloir attendre que les gens décompensent. Il existe un risque que le système soit saturé, au même titre que les psychologues et les psychiatres qui risquent d'être surchargés. "

Pas d'angélisme

" Méfions-nous de la seconde vague qui arrive ", prévient pour sa part Jean-Pascal Labille, secrétaire générale de Solidaris. " Il y a des sentiments mélangés aujourd'hui. On ne connaît pas tous les impacts qui auront lieu dans le futur. Mais on peut dire qu'il y a eu une grande résilience. Cela est dû à trois facteurs : la sécurité sociale d'abord a montré toute sa pertinence, malgré toutes les attaques qu'elle a subies ces dernières années. Deuxième élément de résilience : le rôle des prestataires de soins. Grâce à leur expertise et grâce à leur courage, la Belgique a pu maintenir l'édifice debout malgré le chaos. Enfin, c'est également grâce aux services publics que les Belges ont pu surmonter la crise. "

" Beaucoup n'oublieront cependant pas ce qui s'est passé ", insiste Jean-Pascal Labille . " Cette inquiétude, réelle, est aussi proportionnée, contenue, car on refuse de voir un épiphénomène, mais plutôt une secousse vers un monde plus humain, plus juste, plus vert. Pas mal de choses ont changé, notamment le rapport au travail. Beaucoup de questionnements vont avoir lieu. On ne veut pas faire preuve d'angélisme. Il faut rester lucide. Le baromètre met également en avant un certain nombre de doutes. Nous devons penser la construction d'une nouvelle société. Une nouvelle société où la ligne directrice serait la suivante : l'État social n'est pas le problème mais bien LA solution aux problèmes qui sont devant nous. Et cette crise nous le prouve. À l'heure où l'État vient en aide aux petits commerçants, aux indépendants, à tous les ouvriers qui ont dû être au chômage technique, l'importance d'un État social fort et juste ne fait plus de doute aujourd'hui et ce, dans tous les domaines. "

20% des personnes interrogées jugent leur état de santé très bon, contre 14% en septembre 2019. Presque à lui seul cet indicateur d'auto diagnostic résume ce qu'il se passe au sein de la population belge francophone. " Nos indicateurs de santé mentale vont eux aussi dans un sens plutôt positif. Par exemple, 24% expriment de l'anxiété fréquente contre 31% en septembre 2019 ", ajoute Delphine Ancel, responsable des études Solidaris. Pour l'analyste, ce résultat est dû, entre autres, " simplement à une meilleure qualité de vie qui s'exprime au travers de plusieurs chiffres : 59% disent manger équilibré contre 46% en septembre 2019, 48% déclarent avoir des insomnies contre 55% six mois plus tôt. Même l'impression de prendre trop de médicaments est en léger recul ! "Des résultats qui tranchent avec ce qui a été mis en avant en Commission santé public sur l'impact du Covid-19 sur la santé mentale. Citons par exemple l'étude " Covid et moi ", menée conjointement par l'UCLouvain et l'UAntwerpen, selon laquelle la prévalence de détresse psychique de la population a été multipliée par 2,3 entre mars 2019 (18%) et mars 2020 (52%). Selon l'Institut Solidaris, c'est notamment la modification du contexte de travail qui explique en partie cette tendance positive. " Nos thermomètres sur les jeunes retraités, le stress au travail et nos actualisations 2019 sur ces sujets, témoignaient tous de difficultés cristallisées autour du monde du travail. Notre baromètre de septembre 2019 montrait également (en France aussi d'ailleurs), la perte de sens pour de nombreux travailleurs ", rappelle Delphine Ancel. Désormais, ceux qui continuent à travailler sont plus contents de leurs horaires (74%, + 7%). Moins, soit 45%, évoquent des cadences élevées (-9%). Ils sont également moins nombreux, soit 33%, à avoir trop peu de temps pour tout le travail qu'ils ont à faire (-11%). Au final le burn-out n'est plus craint " que " par 38% des gens (-11%). Pour le Professeur Pitchot, psychiatre clinicien à l'ULiège qui a opéré une lecture indépendante des données obtenues et l'a confrontée à sa pratique, ces résultats sont surprenants. " En tant que psychiatres, nous nous attendions, en début de confinement, à ce que nos patients, population à risque, se sentent moins bien. Nous avons été véritablement surpris par les événements. J'estime qu'à peu près neuf patients sur dix souffrant de burn-out actuellement vont mieux, voire beaucoup mieux. Certains ont eu le sentiment de sortir de prison. J'ai dû mal à comprendre ce qui est en train de se passer. Car l'hypothèse de départ n'était évidemment pas celle-là. La conclusion à laquelle je suis arrivée : pendant cette période de pause de deux mois, une période exceptionnelle, les personnes n'ont plus été exposées aux risques de stigmatisation. Ça a été très impressionnant pour nous, car le travail de psychiatre consiste justement à lutter contre cette stigmatisation. "" Il y a eu des couacs, c'est clair. Mais l'essentiel du message a été compris par la population. Dans le monde occidental, on a réussi à trouver de l'argent relativement vite pour aider la population. Le pire est néanmoins peut-être à venir. Notamment à cause des conséquences socio-économiques. On sait que cet impact sera dramatique. " Le psychiatre s'attend à ce que la santé mentale de la population se dégrade également dans les six à douze mois qui viennent. " Il faudra repérer les catégories les plus à risque et investir dans la prévention vis-à-vis de groupes cibles. Il ne va pas falloir attendre que les gens décompensent. Il existe un risque que le système soit saturé, au même titre que les psychologues et les psychiatres qui risquent d'être surchargés. "" Méfions-nous de la seconde vague qui arrive ", prévient pour sa part Jean-Pascal Labille, secrétaire générale de Solidaris. " Il y a des sentiments mélangés aujourd'hui. On ne connaît pas tous les impacts qui auront lieu dans le futur. Mais on peut dire qu'il y a eu une grande résilience. Cela est dû à trois facteurs : la sécurité sociale d'abord a montré toute sa pertinence, malgré toutes les attaques qu'elle a subies ces dernières années. Deuxième élément de résilience : le rôle des prestataires de soins. Grâce à leur expertise et grâce à leur courage, la Belgique a pu maintenir l'édifice debout malgré le chaos. Enfin, c'est également grâce aux services publics que les Belges ont pu surmonter la crise. "" Beaucoup n'oublieront cependant pas ce qui s'est passé ", insiste Jean-Pascal Labille . " Cette inquiétude, réelle, est aussi proportionnée, contenue, car on refuse de voir un épiphénomène, mais plutôt une secousse vers un monde plus humain, plus juste, plus vert. Pas mal de choses ont changé, notamment le rapport au travail. Beaucoup de questionnements vont avoir lieu. On ne veut pas faire preuve d'angélisme. Il faut rester lucide. Le baromètre met également en avant un certain nombre de doutes. Nous devons penser la construction d'une nouvelle société. Une nouvelle société où la ligne directrice serait la suivante : l'État social n'est pas le problème mais bien LA solution aux problèmes qui sont devant nous. Et cette crise nous le prouve. À l'heure où l'État vient en aide aux petits commerçants, aux indépendants, à tous les ouvriers qui ont dû être au chômage technique, l'importance d'un État social fort et juste ne fait plus de doute aujourd'hui et ce, dans tous les domaines. "