Nadia Benhamed, Expert santé au KCE : "L'idée est de rebondir sur les initiatives E health en cours développées par l'Inami pour créer différents outils. Il s'agirait de dossiers partagés structurés par des "care set"; des fiches qui reprennent un certain type de renseignements sur les patients. Car lorsqu'on a interviewé certaines mamans, elles avaient l'impression que les informations données chez le gynécologue et la sagefemme étaient redondantes. En fait les praticiens ne savent pas ce que font les autres. "

Les "care sets" porteront sur des thématiques définies telles que les allergies, la glycémie, les antécédents médicaux etc. explique le KCE dans son rapport. Il y aura également des " care set" administratifs pour permettre l'identification du patient. Ceux-ci seront accessibles uniquement aux prestataires de soins pour respecter le secret médical, via les logiciels agréés par Abrumet, Vitalink et le Réseau santé Wallon.

"Il existe déjà des exemples de bonnes pratiques ; certains hôpitaux ont des dossiers partagés entre sages-femmes et gynécologues, très détaillés et favorisant l'échange d'informations. Il faudrait généraliser ces exemples à l'ensemble de la prise en charge afin d'avoir un plan intégré universel. "

Le Journal du médecin : Dans cette étude, le KCE a constaté une surconsommation des services par une majorité des mamans et une sous consommation par une minorité d'entre elles.

Nadia Benhamed : Cette constatation est faite d'après notre définition de la femme enceinte à bas risque qui est basée sur des données administratives à savoir ; des futures mères sans comorbidité associée et sans facteurs de risque lié à l'âge. Mais il s'agit là d'une définition assez restrictive. Il y a d'autres facteurs de risques qui n'ont pas pu être identifiés via les données administratives. Donc il y a de la " surconsommation " mais en quelle quantité exactement nous ne savons pas. Cela nécessiterait davantage d'investigations. On sait que la majorité des mamans ont plus de dix consultations, alors que sept pour les multipares et six pour les primipares sont requises. Il y a deux raisons à cela, tout d'abord nous voyons un manque de coordination entre les services et ensuite, il existe des facteurs de risques non identifiés pour lesquels une surconsommation est tout à fait normale. Donc mesurer précisément la surconsommation était un peu difficile sur l'unique base des données administratives.

En ce qui concerne la sous- consommation, 4 % des mamans au niveau national n'ont pas eu les sept consultations requises. A Bruxelles ce sont 6% des mamans (un chiffre probablement sous-estimé car on ne compte que les mamans avec une assurance maladie et une mutuelle, et ne sont pas comprises les mères SDF, précarisées et non belge). Mais ce chiffre de 6 % est malgré tout assez interpellant ! En Wallonie et en Flandres il s'agit de 3 %.

Un manque d'information et d'orientation par rapport à l'offre a également été constaté.

Les parents n'arrivent pas à différencier l'essentiel de l'accessoire et sont parfois un peu perdu et submergé par ce qui est proposé ; entre le suivi clinique, la préparation à la naissance et les propositions alternatives comme le yoga, le chant etc. l'offre est finalement très abondante. Souvent les mamans voient un gynécologue, mais par la suite elles avouent qu'elles auraient aimé être suivies par une sage-femme. Certains hôpitaux proposent d'office une alternance mais toutes les mamans ne sont pas informées de cette possibilité.

Douze mamans ont été interrogées en Flandres, onze en Wallonie et trois à Bruxelles, toutes référencées par des professionnels, avec des profils très différents : des mères belges, étrangères, célibataires ou en couple, hétéro ou homo afin de percevoir la variabilité des besoins.

"Il en est ressorti des problématiques communes telles que les démarches administratives complexes, la difficulté de séparer le suivi clinique de la préparation à la naissance, avec des confusions chez les patientes qui s'attendent à avoir de la préparation à la naissance pendant leur suivi clinique alors que ce n'est pas l'endroit. Souvent le gynécologue s'attarde sur l'aspect clinique et les conseils de prévention. Lorsqu'il y a un suivi avec une sage-femme, celle-ci n'est pas toujours au courant de ce qui a été fait."

L'idée serait que chaque patiente ait un coordinateur de soin choisi par elle-même lors des consultations de "conseil prénatal personnalisé " (CPP).

Le coordinateur serait le gynécologue, la sage-femme ou le médecin généraliste dépendant des contextes locaux en fonction de la disponibilité des sages-femmes et des gynécologues. Le coordinateur serait choisi lors d'une premier CPP. Il veillera à ce que chaque étape soit bien respectée quece soit au niveau du suivi clinique que de la préparation à la naissance et à la parentalité. L'objectif de la première CPP serait de fournir toutes les informations (scientifiquement fondées) nécessaires, de détecter d'éventuelles fragilités psycho-sociales, et de rédiger le plan de soins. Une seconde CPP permettrait d'organiser l'accouchement et le postpartum.

La collaboration devrait se faire dès la formation

On a le sentiment que les gynécologue, les sages-femmes et les kiné travaillent un peu dans une ambiance de concurrence au lieu de collaborer. Les formations collaboratives sont une recommandation de l'OMS pour pouvoir améliorer la connaissance de la pratique de l'un et de l'autre. Qu'est-ce qu'une sage-femme peut faire ? Qu'est-ce qu'elle ne peut pas faire ? Ou encore qu'est-ce qu'un kiné peut apporter à une maman enceinte, qu'une sage-femme ne va pas apporter ? Voici des questions qui pourraient être résolues lors de formations. Quand ils se connaissent bien, ils peuvent orienter la patiente selon ses besoins spécifiques. Des stages communs entre sages-femmes et gynécologues pourraient être organisés par exemple pour promouvoir l'approche collaborative !

Nadia Benhamed, Expert santé au KCE : "L'idée est de rebondir sur les initiatives E health en cours développées par l'Inami pour créer différents outils. Il s'agirait de dossiers partagés structurés par des "care set"; des fiches qui reprennent un certain type de renseignements sur les patients. Car lorsqu'on a interviewé certaines mamans, elles avaient l'impression que les informations données chez le gynécologue et la sagefemme étaient redondantes. En fait les praticiens ne savent pas ce que font les autres. "Les "care sets" porteront sur des thématiques définies telles que les allergies, la glycémie, les antécédents médicaux etc. explique le KCE dans son rapport. Il y aura également des " care set" administratifs pour permettre l'identification du patient. Ceux-ci seront accessibles uniquement aux prestataires de soins pour respecter le secret médical, via les logiciels agréés par Abrumet, Vitalink et le Réseau santé Wallon."Il existe déjà des exemples de bonnes pratiques ; certains hôpitaux ont des dossiers partagés entre sages-femmes et gynécologues, très détaillés et favorisant l'échange d'informations. Il faudrait généraliser ces exemples à l'ensemble de la prise en charge afin d'avoir un plan intégré universel. "Le Journal du médecin : Dans cette étude, le KCE a constaté une surconsommation des services par une majorité des mamans et une sous consommation par une minorité d'entre elles.Nadia Benhamed : Cette constatation est faite d'après notre définition de la femme enceinte à bas risque qui est basée sur des données administratives à savoir ; des futures mères sans comorbidité associée et sans facteurs de risque lié à l'âge. Mais il s'agit là d'une définition assez restrictive. Il y a d'autres facteurs de risques qui n'ont pas pu être identifiés via les données administratives. Donc il y a de la " surconsommation " mais en quelle quantité exactement nous ne savons pas. Cela nécessiterait davantage d'investigations. On sait que la majorité des mamans ont plus de dix consultations, alors que sept pour les multipares et six pour les primipares sont requises. Il y a deux raisons à cela, tout d'abord nous voyons un manque de coordination entre les services et ensuite, il existe des facteurs de risques non identifiés pour lesquels une surconsommation est tout à fait normale. Donc mesurer précisément la surconsommation était un peu difficile sur l'unique base des données administratives.En ce qui concerne la sous- consommation, 4 % des mamans au niveau national n'ont pas eu les sept consultations requises. A Bruxelles ce sont 6% des mamans (un chiffre probablement sous-estimé car on ne compte que les mamans avec une assurance maladie et une mutuelle, et ne sont pas comprises les mères SDF, précarisées et non belge). Mais ce chiffre de 6 % est malgré tout assez interpellant ! En Wallonie et en Flandres il s'agit de 3 %.Un manque d'information et d'orientation par rapport à l'offre a également été constaté.Les parents n'arrivent pas à différencier l'essentiel de l'accessoire et sont parfois un peu perdu et submergé par ce qui est proposé ; entre le suivi clinique, la préparation à la naissance et les propositions alternatives comme le yoga, le chant etc. l'offre est finalement très abondante. Souvent les mamans voient un gynécologue, mais par la suite elles avouent qu'elles auraient aimé être suivies par une sage-femme. Certains hôpitaux proposent d'office une alternance mais toutes les mamans ne sont pas informées de cette possibilité.Douze mamans ont été interrogées en Flandres, onze en Wallonie et trois à Bruxelles, toutes référencées par des professionnels, avec des profils très différents : des mères belges, étrangères, célibataires ou en couple, hétéro ou homo afin de percevoir la variabilité des besoins."Il en est ressorti des problématiques communes telles que les démarches administratives complexes, la difficulté de séparer le suivi clinique de la préparation à la naissance, avec des confusions chez les patientes qui s'attendent à avoir de la préparation à la naissance pendant leur suivi clinique alors que ce n'est pas l'endroit. Souvent le gynécologue s'attarde sur l'aspect clinique et les conseils de prévention. Lorsqu'il y a un suivi avec une sage-femme, celle-ci n'est pas toujours au courant de ce qui a été fait."L'idée serait que chaque patiente ait un coordinateur de soin choisi par elle-même lors des consultations de "conseil prénatal personnalisé " (CPP).Le coordinateur serait le gynécologue, la sage-femme ou le médecin généraliste dépendant des contextes locaux en fonction de la disponibilité des sages-femmes et des gynécologues. Le coordinateur serait choisi lors d'une premier CPP. Il veillera à ce que chaque étape soit bien respectée quece soit au niveau du suivi clinique que de la préparation à la naissance et à la parentalité. L'objectif de la première CPP serait de fournir toutes les informations (scientifiquement fondées) nécessaires, de détecter d'éventuelles fragilités psycho-sociales, et de rédiger le plan de soins. Une seconde CPP permettrait d'organiser l'accouchement et le postpartum.La collaboration devrait se faire dès la formationOn a le sentiment que les gynécologue, les sages-femmes et les kiné travaillent un peu dans une ambiance de concurrence au lieu de collaborer. Les formations collaboratives sont une recommandation de l'OMS pour pouvoir améliorer la connaissance de la pratique de l'un et de l'autre. Qu'est-ce qu'une sage-femme peut faire ? Qu'est-ce qu'elle ne peut pas faire ? Ou encore qu'est-ce qu'un kiné peut apporter à une maman enceinte, qu'une sage-femme ne va pas apporter ? Voici des questions qui pourraient être résolues lors de formations. Quand ils se connaissent bien, ils peuvent orienter la patiente selon ses besoins spécifiques. Des stages communs entre sages-femmes et gynécologues pourraient être organisés par exemple pour promouvoir l'approche collaborative !