Un crocodile bleu, c'est absurde ? Certains certificats le sont aussi. Pour mettre en lumière le nombre d'attestations aberrantes demandées aux médecins généralistes, la SSMJ (branche jeune de la SSMG), en collaboration avec le GBO/Cartel, la FAMGB, la FAGW et avec le soutien du CMG, entame une action de protestation contre la charge administrative inutile qui pèse sur les médecins généralistes. En Flandre, déjà 2.000 médecins généralistes ont pris part à l'action.

Dans le viseur des généralistes, les " certificats parapluie ", notamment, qui n'ont aucune justification médicale et qui ont tendance à faire porter la responsabilité de faits non-médicaux aux médecins généralistes. Ou encore, les attestations qui négligent tellement le bon sens qu'elles en deviennent absurdes comme " demander un certificat pour autoriser un jeune qui a la jambe dans le plâtre à prendre l'ascenseur ", étaye le Dr Marthe Knops, de la SSMG. Il en va de même pour un certificat de reprise de crèche, attestant qu'après une période de maladie (déjà évaluée et certifiée par le médecin), un enfant est en état de reprendre la crèche. Ensemble, les médecins veulent envoyer un signal fort pour demander de simplifier la paperasse afin de revaloriser l'acte médical.

Un vieux problème

La surcharge administrative, pour le corps médical, c'est une ritournelle, un problème qui revient sans cesse sur la table. " Effectivement, c'est un vieux problème ", confirme le Dr Paul De Munck, président du GBO. " Déjà en 2013, j'ai moi-même participé, avec le GBO et d'autres, à une étude réalisée par la Fondation Roi Baudouin sur la problématique. Quand on interroge les médecins, l'immense majorité confirme que ces " certificats parapluie " - appelés comme tels car tout le monde veut se mettre à l'abri - constituent une surcharge inutile. Il y a un large consensus au niveau de la profession pour dire qu'une série de certificats sont inutiles. Ce n'est pas l'histoire de quelques médecins isolés, mais bien un problème constaté par l'ensemble de la profession. "

Le président du GBO rappelle que son syndicat avait déjà soutenu l'initiative qui a démarré en Flandre, par le biais du Cartel, en 2022, sous l'impulsion du groupe de pilotage Kafka (Jong Domus, Kartel, BVAS et AADM). " Nous avions tout de suite dit qu'il fallait faire la même chose au niveau francophone. Mais il nous a semblé utile de le faire collectivement."

C'est par le biais de la SSMJ - et surtout les Drs Marthe Knops et Sarah Cumps - que l'initiative du crocodile bleu a fait son chemin au sud du pays. " Tant du côté flamand que du côté francophone, l'initiative a été prise par la plus jeune génération des médecins ", souligne Paul De Munck pour qui cela est très important. " Ce sont vraiment eux qui portent le projet, soutenus bien sûr par les différentes organisations et les différents bancs du CMG. " Les plus observateurs auront par ailleurs remarqué que l'Absym est le seul absent de l'initiative côté francophone, alors que BVAS a participé au projet flamand.

Pourquoi un crocodile bleu ?

Il s'agit d'une variante du crocodile violet (paarse krokodil) symbolisant la résistance aux nuisances administratives aux Pays-Bas. Par cette campagne, les Néerlandais dénonçaient une bureaucratie inutile et des réglementations superflues. Le groupe Kafka, en Flandre, a repris cette signification pour dénoncer les charges administratives inutiles des médecins généralistes.

Un double objectif

L'intérêt de cette action est double. Elle est dirigée aussi bien vers les autorités sanitaires, institutionnelles, organisationnelles, que vers les patients eux-mêmes. " Ce qui est attendu avec ce cachet est une réaction chez le patient. Ce sera l'occasion d'expliquer au patient que si le médecin fait le certificat demandé - le patient en a besoin en fin de compte -, ce dernier doit prendre conscience que c'est une surcharge administrative inutile. Tous les citoyens doivent en prendre conscience. "

L'objectif est, in fine, de relancer le débat sur la simplification administrative, de supprimer la paperasse inutile et de pousser les autorités à conscientiser les employeurs, les directeurs d'écoles, les présidents de clubs de sport et autres à demander moins de certificats inutiles.

"Quelle est la plus-value du médecin généraliste pour attester qu'une personne peut pratiquer ou non de la pétanque ?"

Un exemple vient de l'actualité récente. Le 12 juin 2021, lors du match Danemark-Finlande en phase de poules de l'Euro de football, Christian Eriksen s'écroule sur la pelouse après un malaise cardiaque. S'en suit une mobilisation pour conscientiser la population des risques de mort subite lors de l'exercice d'un sport. Et une avalanche de demandes de certificats d'aptitudes de la part de directeurs sportifs qui veulent s'assurer que leurs affiliés sont exempts de tout risque. " On ne peut pas faire, pour chaque personne qui pratique un sport, un examen poussé d'aptitude sportive au niveau cardiaque, musculo-squelettique et que sais-je ", rétorque Paul De Munck. " Exemple caricatural mais vrai : la demande un certificat pour un affilié à un club de pétanque. Quelle est la plus-value du médecin généraliste pour attester qu'une personne peut pratiquer ou non la pétanque ? Quand bien même la demande concernerait des sports potentiellement plus à risque, ce n'est pas par le biais d'un certificat d'aptitudes délivré au niveau de la médecine générale que l'on va se mettre à l'abri de quoi que ce soit. Cela n'a aucun sens sur le plan scientifique, ni sur le plan épidémiologique. "

Rendez-vous sur www.certificats-absurdes.be pour retrouver toutes les informations au sujet des certificats absurdes, des exemples de demandes reçues par les généralistes, des conseils concernant chaque certificat spécifique et les éventuelles actions menées à partir de cette collecte.

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Un crocodile bleu, c'est absurde ? Certains certificats le sont aussi. Pour mettre en lumière le nombre d'attestations aberrantes demandées aux médecins généralistes, la SSMJ (branche jeune de la SSMG), en collaboration avec le GBO/Cartel, la FAMGB, la FAGW et avec le soutien du CMG, entame une action de protestation contre la charge administrative inutile qui pèse sur les médecins généralistes. En Flandre, déjà 2.000 médecins généralistes ont pris part à l'action.Dans le viseur des généralistes, les " certificats parapluie ", notamment, qui n'ont aucune justification médicale et qui ont tendance à faire porter la responsabilité de faits non-médicaux aux médecins généralistes. Ou encore, les attestations qui négligent tellement le bon sens qu'elles en deviennent absurdes comme " demander un certificat pour autoriser un jeune qui a la jambe dans le plâtre à prendre l'ascenseur ", étaye le Dr Marthe Knops, de la SSMG. Il en va de même pour un certificat de reprise de crèche, attestant qu'après une période de maladie (déjà évaluée et certifiée par le médecin), un enfant est en état de reprendre la crèche. Ensemble, les médecins veulent envoyer un signal fort pour demander de simplifier la paperasse afin de revaloriser l'acte médical.La surcharge administrative, pour le corps médical, c'est une ritournelle, un problème qui revient sans cesse sur la table. " Effectivement, c'est un vieux problème ", confirme le Dr Paul De Munck, président du GBO. " Déjà en 2013, j'ai moi-même participé, avec le GBO et d'autres, à une étude réalisée par la Fondation Roi Baudouin sur la problématique. Quand on interroge les médecins, l'immense majorité confirme que ces " certificats parapluie " - appelés comme tels car tout le monde veut se mettre à l'abri - constituent une surcharge inutile. Il y a un large consensus au niveau de la profession pour dire qu'une série de certificats sont inutiles. Ce n'est pas l'histoire de quelques médecins isolés, mais bien un problème constaté par l'ensemble de la profession. "Le président du GBO rappelle que son syndicat avait déjà soutenu l'initiative qui a démarré en Flandre, par le biais du Cartel, en 2022, sous l'impulsion du groupe de pilotage Kafka (Jong Domus, Kartel, BVAS et AADM). " Nous avions tout de suite dit qu'il fallait faire la même chose au niveau francophone. Mais il nous a semblé utile de le faire collectivement." C'est par le biais de la SSMJ - et surtout les Drs Marthe Knops et Sarah Cumps - que l'initiative du crocodile bleu a fait son chemin au sud du pays. " Tant du côté flamand que du côté francophone, l'initiative a été prise par la plus jeune génération des médecins ", souligne Paul De Munck pour qui cela est très important. " Ce sont vraiment eux qui portent le projet, soutenus bien sûr par les différentes organisations et les différents bancs du CMG. " Les plus observateurs auront par ailleurs remarqué que l'Absym est le seul absent de l'initiative côté francophone, alors que BVAS a participé au projet flamand. L'intérêt de cette action est double. Elle est dirigée aussi bien vers les autorités sanitaires, institutionnelles, organisationnelles, que vers les patients eux-mêmes. " Ce qui est attendu avec ce cachet est une réaction chez le patient. Ce sera l'occasion d'expliquer au patient que si le médecin fait le certificat demandé - le patient en a besoin en fin de compte -, ce dernier doit prendre conscience que c'est une surcharge administrative inutile. Tous les citoyens doivent en prendre conscience. "L'objectif est, in fine, de relancer le débat sur la simplification administrative, de supprimer la paperasse inutile et de pousser les autorités à conscientiser les employeurs, les directeurs d'écoles, les présidents de clubs de sport et autres à demander moins de certificats inutiles.Un exemple vient de l'actualité récente. Le 12 juin 2021, lors du match Danemark-Finlande en phase de poules de l'Euro de football, Christian Eriksen s'écroule sur la pelouse après un malaise cardiaque. S'en suit une mobilisation pour conscientiser la population des risques de mort subite lors de l'exercice d'un sport. Et une avalanche de demandes de certificats d'aptitudes de la part de directeurs sportifs qui veulent s'assurer que leurs affiliés sont exempts de tout risque. " On ne peut pas faire, pour chaque personne qui pratique un sport, un examen poussé d'aptitude sportive au niveau cardiaque, musculo-squelettique et que sais-je ", rétorque Paul De Munck. " Exemple caricatural mais vrai : la demande un certificat pour un affilié à un club de pétanque. Quelle est la plus-value du médecin généraliste pour attester qu'une personne peut pratiquer ou non la pétanque ? Quand bien même la demande concernerait des sports potentiellement plus à risque, ce n'est pas par le biais d'un certificat d'aptitudes délivré au niveau de la médecine générale que l'on va se mettre à l'abri de quoi que ce soit. Cela n'a aucun sens sur le plan scientifique, ni sur le plan épidémiologique. "