L'an passé, après un confinement strict, rues désertes, chants aux fenêtres, six mois d'ensoleillement ininterrompu, l'espoir d'en finir et la cohésion sociale dans l'épreuve apportaient une énergie que la certitude d'en sortir grandis décuplait. Un an plus tard, sortant d'une semaine de consultations moroses, patients grognons, experts divisés, consignes contestées, on observe hélas que la magie du retour en classe sous les arbres en fleurs n'agit plus. Il y a quelque chose de fêlé dans la fête de Pâques cette année.

Une vaccination efficace mais clivante

Les courbes stagnent, le doute s'installe après trois semaines d'une mise à l'arrêt de tout ce qui étudie et travaille. Les mesures imposées s'avéreraient-elles inappropriées, ou furent-elles simplement détournées, chacun se créant son catéchisme de règles adaptées à ce qu'on estime être la prudence ? Paradoxalement, le vaccin, présenté comme le Graal dans la tempête, possède un effet secondaire non décrit et redoutable : il est efficace, mais redoutablement clivant.

Enfin libres ! Les seniors, dont la protection justifiait toutes les mesures contraignantes, se considèrent soudain protégés et s'autorisent de petites faveurs inimaginables jusque-là, petits goûters d'anniversaire avec des amis chers et les petits-enfants, bisous, genoux, escapades à la mer en voiture par bulles de volume variable, perspectives de croisières au soleil, de retour aux restaurants fins, de belles rencontres moyennant le sésame d'un passeport vaccinal qui ne saurait tarder.

Enfin libres, vraiment ? Une liberté mal vécue par tous ceux pour qui le vaccin se fait attendre, l'épouse diabétique ne comprenant guère la raison pour laquelle son mari est convoqué et pas elle, l'enseignant cherchant une justification à son exclusion de la protection accordée à d'autres métiers prioritaires, le bénéficiaire apeuré d'un Astra Zeneca s'interrogeant sur son infortune alors que tous ses proches reçoivent un Pfizer. Quant aux plus jeunes, ceux qui se pressent dans le métro, sur leurs lieux de travail en présentiel, dans les files aux caisses du Carrefour par temps d'affluence, patience. S'étonnera-t-on de cette animosité sourde que suscite la rumeur d'une prochaine libération de la vie sociale réservée aux seuls porteurs d'un passeport vaccinal ?

Un minimum de réserve imposerait qu'après les restrictions pour protéger les aînés, des contraintes similaires se voient prescrites à l'ensemble de la société quel que soit l'état vaccinal. La cohésion sociale en sortirait grandie.

L'an passé, après un confinement strict, rues désertes, chants aux fenêtres, six mois d'ensoleillement ininterrompu, l'espoir d'en finir et la cohésion sociale dans l'épreuve apportaient une énergie que la certitude d'en sortir grandis décuplait. Un an plus tard, sortant d'une semaine de consultations moroses, patients grognons, experts divisés, consignes contestées, on observe hélas que la magie du retour en classe sous les arbres en fleurs n'agit plus. Il y a quelque chose de fêlé dans la fête de Pâques cette année.Les courbes stagnent, le doute s'installe après trois semaines d'une mise à l'arrêt de tout ce qui étudie et travaille. Les mesures imposées s'avéreraient-elles inappropriées, ou furent-elles simplement détournées, chacun se créant son catéchisme de règles adaptées à ce qu'on estime être la prudence ? Paradoxalement, le vaccin, présenté comme le Graal dans la tempête, possède un effet secondaire non décrit et redoutable : il est efficace, mais redoutablement clivant.Enfin libres ! Les seniors, dont la protection justifiait toutes les mesures contraignantes, se considèrent soudain protégés et s'autorisent de petites faveurs inimaginables jusque-là, petits goûters d'anniversaire avec des amis chers et les petits-enfants, bisous, genoux, escapades à la mer en voiture par bulles de volume variable, perspectives de croisières au soleil, de retour aux restaurants fins, de belles rencontres moyennant le sésame d'un passeport vaccinal qui ne saurait tarder. Enfin libres, vraiment ? Une liberté mal vécue par tous ceux pour qui le vaccin se fait attendre, l'épouse diabétique ne comprenant guère la raison pour laquelle son mari est convoqué et pas elle, l'enseignant cherchant une justification à son exclusion de la protection accordée à d'autres métiers prioritaires, le bénéficiaire apeuré d'un Astra Zeneca s'interrogeant sur son infortune alors que tous ses proches reçoivent un Pfizer. Quant aux plus jeunes, ceux qui se pressent dans le métro, sur leurs lieux de travail en présentiel, dans les files aux caisses du Carrefour par temps d'affluence, patience. S'étonnera-t-on de cette animosité sourde que suscite la rumeur d'une prochaine libération de la vie sociale réservée aux seuls porteurs d'un passeport vaccinal ? Un minimum de réserve imposerait qu'après les restrictions pour protéger les aînés, des contraintes similaires se voient prescrites à l'ensemble de la société quel que soit l'état vaccinal. La cohésion sociale en sortirait grandie.