L'UGIB est une association d'infirmiers créée en 1952. Son but est de réunir tous les praticiens de l'Art infirmier. Ce n'est pas un syndicat mais une faîtière de 40 associations représentant les 140.000 infirmiers belges.

Son vice-président, Yves Maul, infirmier urgentiste au CHU Brugmann tance : " La priorité c'est l'attractivité... Aux Urgences, on a de plus en plus de difficultés à trouver des gens qui veulent rester dans le métier : la charge mentale, la perte de sens (surtout pour l'infirmier urgentiste qui voit une cinquantaine de patients par jour pour un salaire modeste). Le monde change. Les jeunes veulent un meilleur ratio vie privée/vie professionnelle. Or dans les services d'urgence, il faut bien dire que ce n'est pas la priorité. D'abord en raison de la pénurie mais aussi de part les technologies plus sophistiquées et des patients qui ont de plus en plus de comorbidités... Mais je ne connais aucun service où on se la coule douce... Si on n'a pas un volume suffisant de personnel, et qu'en plus celui-ci ne veut plus de contrat temps-plein mais plutôt Ÿ, le calcul en ETP est vite fait... C'est la cata. Il faut améliorer le ratio infirmier/patient. Ce ratio est de 1/11 en journée. La nuit, c'est 1/30. Pire en maison de repos. C'est intenable. Le désamour du métier est lié à la perte de sens. Les études d'infirmières ont pour raison d'être de soigner les gens. Or sur le terrain, vous vous oubliez vous-même et vous vous rendez compte que vous ne pouvez pas réellement vous occuper des gens. Beaucoup d'infirmiers démarrent à 7 heures du matin et la première pause est à 14 h 00. Entre-temps, on n'a ni bu, ni mangé ni même été aux toilettes..."

L'UGIB plaide pour un ratio proche de la moyenne européenne : un infirmier pour huit patients. Ainsi, espère-t-on que moins de professionnels quitteront le métier.

Législation sociale inadaptée

La législation sociale est également problématique... Le personnel demande certains aménagements horaires mais ce n'est pas légal. Certains préfèrent travailler 12 h d'affilée, d'autres préfèrent couper l'horaire en deux... La législation sociale ne le permet pas... " On veut augmenter l'attractivité infirmière en tenant compte du souci des jeunes générations d'avoir une véritable vie privée. On veut plus d'attention à la déontologie et l'éthique. Nous sommes confrontés à des situations éthiques problématiques, sans soutien. " Les patients sont en danger...

Un infirmier souhaitant garder l'anonymat explique : " J'ai fait une simple règle de trois : les personnes travaillant dans la santé, c'est environ 4% de la population belge. Près de 2% des Belges de 18 ans et plus sont infirmiers... 1% des 18 ans et plus diplômés n'arrivent pas sur le marché... On a du personnel diplômé qui quitte la profession trop tôt. La durée moyenne d'une carrière c'est dix ans. C'est une hémorragie. La première chose à faire, c'est arrêter l'hémorragie... Or, Frank Vandenbroucke n'a pas saisi la hauteur de l'enjeu. Il saupoudre. Et le Fonds Blouses blanches, il faudrait d'abord définir ce que c'est une blouse blanche ! S'il rempile à la Santé publique pour un second mandat, c'est la catastrophe pour le monde infirmier. "

Le métier d'infirmier, pourtant extraordinaire, a mauvaise image. " On engage principalement des femmes qui travaillent à temps partiel. Pour combler les trous, il faut non pas une infirmière mais deux ou parfois trois pour chaque départ à la retraite... Tant que l'infirmier travaille et touche des primes de nuit et de week-end, il est convenablement rémunéré. Mais s'il prend congé ou tombe malade, le salaire n'est plus du tout le même. Et la pension est calculée sur le salaire de base, pas sur les primes... "

Solidarité avec les médecins

Un représentant des infirmiers à domicile déplore : " La nomenclature ne prend pas en compte la prise de paramètres, la distribution des médicaments, une toilette... Le cumul des soins à domicile est plafonné à un tarif journalier. Une infirmière déconventionnée peut demander plus mais le patient assuré normal sera moins remboursé contrairement au patient du médecin déconventionné qui conserve le même remboursement. Les patients BIM ont également un remboursement moindre. Payez le ticket modérateur chez l'infirmier est problématique. Certains infirmiers laissent tomber le ticket modérateur (25% de l'honoraire). Si vous êtes kiné ou logopède, vos patients BIM sont protégés et vous pouvez surfacturer des patients qui ont les moyens. Chez l'infirmière, c'est cadenassé. Ce n'est pas possible. C'est pourquoi peu d'infirmières se déconventionnent. Il s'agit le plus souvent d'assistantes de chirurgiens. Au chevet des patients, il est pratiquement obligatoire d'être conventionné. Les dentistes demandent le TM à 80% de leurs patients... Mais dans l'esprit de la population, l'infirmier est gentil, gratuit et corvéable. On est dans une spirale très complexe. L'indépendante peut mieux gagner sa vie mais les congés et les absences pour maladie ne sont pas rémunérés. "

Les infirmiers comptent sur la solidarité des médecins : " Il faut se soutenir l'un l'autre d'autant que les médecins vivent à peu près les mêmes problèmes ", reprend Yves Maul. " C'est la santé en général qui souffre en Belgique. Le gouvernement fait exprès de nous scinder en silos, pour qu'on ne fasse pas trop de bruits. Pas un seul médecin ne va dire ''moi je travaille et les infirmiers ne foutent rien''. Nos ennuis brident l'activité des médecins : un chirurgien ne peut pas opérer sans infirmiers bien dans leur peau au quartier opératoire. "

L'UGIB est une association d'infirmiers créée en 1952. Son but est de réunir tous les praticiens de l'Art infirmier. Ce n'est pas un syndicat mais une faîtière de 40 associations représentant les 140.000 infirmiers belges.Son vice-président, Yves Maul, infirmier urgentiste au CHU Brugmann tance : " La priorité c'est l'attractivité... Aux Urgences, on a de plus en plus de difficultés à trouver des gens qui veulent rester dans le métier : la charge mentale, la perte de sens (surtout pour l'infirmier urgentiste qui voit une cinquantaine de patients par jour pour un salaire modeste). Le monde change. Les jeunes veulent un meilleur ratio vie privée/vie professionnelle. Or dans les services d'urgence, il faut bien dire que ce n'est pas la priorité. D'abord en raison de la pénurie mais aussi de part les technologies plus sophistiquées et des patients qui ont de plus en plus de comorbidités... Mais je ne connais aucun service où on se la coule douce... Si on n'a pas un volume suffisant de personnel, et qu'en plus celui-ci ne veut plus de contrat temps-plein mais plutôt Ÿ, le calcul en ETP est vite fait... C'est la cata. Il faut améliorer le ratio infirmier/patient. Ce ratio est de 1/11 en journée. La nuit, c'est 1/30. Pire en maison de repos. C'est intenable. Le désamour du métier est lié à la perte de sens. Les études d'infirmières ont pour raison d'être de soigner les gens. Or sur le terrain, vous vous oubliez vous-même et vous vous rendez compte que vous ne pouvez pas réellement vous occuper des gens. Beaucoup d'infirmiers démarrent à 7 heures du matin et la première pause est à 14 h 00. Entre-temps, on n'a ni bu, ni mangé ni même été aux toilettes..."L'UGIB plaide pour un ratio proche de la moyenne européenne : un infirmier pour huit patients. Ainsi, espère-t-on que moins de professionnels quitteront le métier.La législation sociale est également problématique... Le personnel demande certains aménagements horaires mais ce n'est pas légal. Certains préfèrent travailler 12 h d'affilée, d'autres préfèrent couper l'horaire en deux... La législation sociale ne le permet pas... " On veut augmenter l'attractivité infirmière en tenant compte du souci des jeunes générations d'avoir une véritable vie privée. On veut plus d'attention à la déontologie et l'éthique. Nous sommes confrontés à des situations éthiques problématiques, sans soutien. " Les patients sont en danger...Un infirmier souhaitant garder l'anonymat explique : " J'ai fait une simple règle de trois : les personnes travaillant dans la santé, c'est environ 4% de la population belge. Près de 2% des Belges de 18 ans et plus sont infirmiers... 1% des 18 ans et plus diplômés n'arrivent pas sur le marché... On a du personnel diplômé qui quitte la profession trop tôt. La durée moyenne d'une carrière c'est dix ans. C'est une hémorragie. La première chose à faire, c'est arrêter l'hémorragie... Or, Frank Vandenbroucke n'a pas saisi la hauteur de l'enjeu. Il saupoudre. Et le Fonds Blouses blanches, il faudrait d'abord définir ce que c'est une blouse blanche ! S'il rempile à la Santé publique pour un second mandat, c'est la catastrophe pour le monde infirmier. "Le métier d'infirmier, pourtant extraordinaire, a mauvaise image. " On engage principalement des femmes qui travaillent à temps partiel. Pour combler les trous, il faut non pas une infirmière mais deux ou parfois trois pour chaque départ à la retraite... Tant que l'infirmier travaille et touche des primes de nuit et de week-end, il est convenablement rémunéré. Mais s'il prend congé ou tombe malade, le salaire n'est plus du tout le même. Et la pension est calculée sur le salaire de base, pas sur les primes... "Un représentant des infirmiers à domicile déplore : " La nomenclature ne prend pas en compte la prise de paramètres, la distribution des médicaments, une toilette... Le cumul des soins à domicile est plafonné à un tarif journalier. Une infirmière déconventionnée peut demander plus mais le patient assuré normal sera moins remboursé contrairement au patient du médecin déconventionné qui conserve le même remboursement. Les patients BIM ont également un remboursement moindre. Payez le ticket modérateur chez l'infirmier est problématique. Certains infirmiers laissent tomber le ticket modérateur (25% de l'honoraire). Si vous êtes kiné ou logopède, vos patients BIM sont protégés et vous pouvez surfacturer des patients qui ont les moyens. Chez l'infirmière, c'est cadenassé. Ce n'est pas possible. C'est pourquoi peu d'infirmières se déconventionnent. Il s'agit le plus souvent d'assistantes de chirurgiens. Au chevet des patients, il est pratiquement obligatoire d'être conventionné. Les dentistes demandent le TM à 80% de leurs patients... Mais dans l'esprit de la population, l'infirmier est gentil, gratuit et corvéable. On est dans une spirale très complexe. L'indépendante peut mieux gagner sa vie mais les congés et les absences pour maladie ne sont pas rémunérés. "Les infirmiers comptent sur la solidarité des médecins : " Il faut se soutenir l'un l'autre d'autant que les médecins vivent à peu près les mêmes problèmes ", reprend Yves Maul. " C'est la santé en général qui souffre en Belgique. Le gouvernement fait exprès de nous scinder en silos, pour qu'on ne fasse pas trop de bruits. Pas un seul médecin ne va dire ''moi je travaille et les infirmiers ne foutent rien''. Nos ennuis brident l'activité des médecins : un chirurgien ne peut pas opérer sans infirmiers bien dans leur peau au quartier opératoire. "