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Un voyage, qu'il soit exotique ou pas, de loisir ou pas, ça se prépare aussi sur le plan médical. Tel est le message que les spécialistes aimeraient faire passer à l'aube de la belle saison. Selon une enquête1 menée auprès de 763 Belges en novembre 2017, 3/4 d'entre eux ont voyagé récemment, dont 27 % vers des destinations exotiques. Or, 4 personnes sur 10 en partance vers ces zones n'a pas d'information sur les vaccins nécessaires avant de partir. 67 % des voyageurs accepteraient cependant les recommandations vaccinales du médecin traitant ou des Travel Clinics et 85 % accepteraient aussi les vaccins non obligatoires conseillés par leur médecin.Le Dr Charlotte Martin (Travel & Vaccine Clinic, CHU Saint-Pierre) rappelle les étapes essentielles d'une consultation de médecine du voyage : " Les vaccins occupent une grande partie mais ils ne sont pas seuls. On les évoque selon les 3R : routine (tétanos, rougeole), " required " (obligatoires : méningite pour aller à la Mecque, fièvre jaune...) et recommandés. Mais, cette consultation est aussi l'occasion de donner des conseils (désinfection de l'eau, IST, moustiques, rage...) et de faire des prescriptions préventives (malaria, thrombose veineuse profonde...) et curatives (malaria, diarrhée, mal de l'altitude...). Il est en effet parfois préférable d'acheter ces produits ici que sur place étant donné les risques de faux médicaments et de non disponibilité. "" Attention ", met-elle en garde, " la médecine du voyage ne concerne pas que les pays lointains. " Le risque guette aussi près de chez nous. Par exemple, la rougeole dont les rapports de l'ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control) montrent une augmentation significative des cas ces derniers mois. " Actuellement, il y a des foyers actifs en France, et surtout en Italie, Roumanie, Grèce et Biélorussie. Or, la rougeole est la maladie la plus contagieuse au monde : 1 cas peut contaminer 12 à 18 personnes ! Il faut donc une excellente couverture vaccinale. Si on attrape la maladie en vacances en Italie, par exemple, il y a un grand risque de propagation au retour en Belgique. "En Europe occidentale, il n'y a plus de rage terrestre (animaux domestiques), elle ne concerne plus que la chauve-souris. Il n'en va pas de même en Europe de l'Est et dans les pays émergents, où la rage terrestre subsiste, essentiellement transmise par les chiens (mais théoriquement possible par tous les mammifères)." C'est un sujet dont on ne parle pas et les gens tombent des nues quand on leur explique le risque. Elle est 100 % mortelle donc il faut d'abord éviter de l'attraper, ensuite, toute exposition (morsure, griffure) doit faire l'objet d'une prise en charge. Pour s'en prémunir, il convient de rester à distance des animaux et de ne pas toucher ceux qui sont malades ou morts. Il existe aussi une vaccination préventive (de plus en plus simple et démocratique) que l'on propose aux gens qui vont dans les pays à risque et aux enfants qui s'expatrient dans ces pays. "En cas d'exposition, il faut laver à grande eau et savon et se rendre rapidement dans un centre de vaccination pour recevoir soit 5 vaccins en quelques jours, soit 2 rappels (si vacciné). " Ça fonctionne très bien, le seul problème est le manque de disponibilité du sérum dans les pays émergents. C'est pourquoi on recommande aux voyageurs à pied ou à vélo de se faire vacciner parce qu'alors ils n'auront plus jamais besoin du sérum ", observe-t-elle." Si on part au Brésil, il est essentiel d'être vacciné contre la fièvre jaune ", recommande le Dr Martin. " Ce vaccin n'est pas obligatoire, mais il est très important étant donné l'épidémie qui frappe actuellement deux mégalopoles, Rio de Janeiro et Sao Paulo. On a recensé 10 décès chez des touristes (toujours non vaccinés) en 30 ans, mais ces derniers mois, on a déjà dénombré 12 cas (pas tous décédés) de voyageurs revenant des zones épidémiques brésiliennes. "La vaccination contre l'hépatite A ne fait pas partie du schéma vaccinal en Belgique, il ne faut cependant pas aller loin pour voir le risque augmenter (Roumanie...). " Si les enfants n'ont pas beaucoup de symptômes, les adultes infectés font une jaunisse, rarement très grave, mais ils peuvent rester fatigués pendant des mois. L'infection protège à vie, comme le vaccin. Raison pour laquelle on conseille la vaccination pour les jeunes et les personnes qui font des voyages longs et aventureux et ceci, dès l'âge de 10 ans, étant donné son caractère hautement transmissible. "