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La littérature scientifique signale que 10 à 25% des hospitalisations de patients âgés sont liées à des pathologies iatrogènes et que près de la moitié des effets secondaires médicamenteux sont évitables. Le vieillissement de la population conduit à une réflexion globale sur l'optimisation des prescriptions médicamenteuses du sujet âgé (SA) et sur l'utilisation croissante d'outils d'aide à la prescription. Parmi les différents outils cités dans la littérature scientifique, le STOPP&START (Screening Tool of Older Person's Prescriptions - Screening Tool to Alert doctors to Right Treatment) basé sur l'evidence- based medicine (EBM) nous est apparu particulièrement adapté à la pratique de la médecine générale. Le STOPP comporte 65 critères de prescriptions potentiellement inappropriées chez le SA. Le START se compose de 22 indicateurs désignant des traitements recommandés dans des pathologies couramment rencontrées chez le SA. Le STOPP&START permet dès lors la révision systématique du traitement du SA à la lumière de ces critères d'analyse. Notre travail a consisté à évaluer l'adéquation de l'outil à la pratique quotidienne et à identifier les moyens d'action visant à renforcer son utilisation par le médecin généraliste (MG).Méthodologie Un sondage en ligne a permis de récolter des informations factuelles sur la problématique de la PMI chez le SA. Une étude qualitative portant sur l'utilisation du STOPP&START a ensuite été réalisée en Province de Liège auprès de MG auxquels l'outil avait été présenté préalablement. Le recrutement a inclus des MG d'âge et de statuts variés (pratique en solo, en association ou en maison médicale, coordinateur de MRS). Les thématiques suivantes ont été étudiées : connaissance de l'outil, conditions et fréquence d'utilisation, maniabilité, adéquation à la pratique en médecine générale, crédibilité et confiance accordées.Résultats Au total, 114 MG ont répondu au sondage en ligne. 54 MG ont testé l'outil durant 4 à 6 semaines et ont été interrogés par questionnaire (questions ouvertes). L'étude a mis en lumière les difficultés de prescription chez le sujet âgé et leur manque de connaissance des outils d'aide à la prescription. Ce dernier point pourrait s'expliquer par le manque de communication et de promotion de ces outils au sein des milieux académiques et des revues spécialisées. La majorité des participants ont estimé que le STOPP&START est d'utilisation facile, adapté à la médecine générale et couvre un nombre suffisant de situations cliniques. Parmi les répondants, 89 % ont confirmé leur confiance dans l'outil et indiqué que celui-ci disposait d'une crédibilité suffisante. Parmi les freins à l'utilisation, on relève le manque de temps, la résistance au changement du patient ou encore le manque de disponibilité de l'outil. Les participants ont émis le souhait d'une version informatisée, intégrée au dossier médical électronique et d'une diffusion plus large du STOPP&START. Ils ont apprécié le fait que l'outil favorise une revue intégrale du traitement du patient. Plus de 81 % des répondants ont recommandé une utilisation systématique en MRS.Conclusion L'étude a révélé un vif intérêt des MG à la problématique de la PMI chez le SA. Les MG qui ont utilisé l'outil en ont apprécié l'usage. Ils pensent qu'il représente un moyen susceptible d'aider à réduire la PMI. Une meilleure adaptation aux besoins rencontrés en médecine générale et une intégration au dossier médical informatisé favoriseraient son utilisation. Il serait utile de quantifier les bénéfices liés à l'utilisation à large échelle du STOPP&START, en particulier en termes de réduction de la morbi-mortalité, des coûts ou du nombre d'hospitalisations.Titre complet : Le STOPP&START est-il adapté à la pratique quotidienne du médecin ? Etude qualitative auprès des médecins généralistesPromoteur : Docteur Jean-Luc BelcheTuteur : Docteur Laetitia Buret