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Le KCE a été chargé en juin d'examiner le fonctionnement du comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC) et les mesures prises par celui-ci. Il s'est également penché sur le déroulement de la première vague de l'épidémie dans notre pays (mars-juin 2020).Le centre fédéral d'expertise des soins rappelle que ce comité n'existait pas avant la crise. "Lorsque la crise Covid-19 a éclaté, il a fallu créer rapidement des capacités supplémentaires dans les hôpitaux. Le comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC) a été mis en place début mars 2020 pour encadrer cette manoeuvre et la mener à bon port. Son rôle était d'émettre des avis à l'attention du Risk Management Group (RMG) en matière de capacité de pointe des hôpitaux et de transports de patients. "Pour réaliser son rapport, le centre a mené des entretiens avec des membres du comité, des représentants du secteur hospitalier et des experts. "Il a également organisé une enquête auprès des hôpitaux aigus (62/98 y ont participé), examiné la littérature (internationale), analysé les procès-verbaux des réunions du comité et sa communication avec les hôpitaux et étudié les approches mises en oeuvre à l'étranger ", précisent les auteurs du rapport. Le KCE souligne que le comité a pris, en mars et avril, une série de mesures radicales pour augmenter la capacité des hôpitaux afin d'accueillir les patients Covid-19, entre autres la suspension de tous les soins non urgents. À partir de mai, les consignes se sont davantage orientées vers la préparation d'une éventuelle deuxième vague."Les hôpitaux ont trouvé ces mesures claires, mais parfois peu réalisables. Ainsi par exemple, le comité a maintenu le niveau de compétence exigé pour le personnel à affecter aux lits de soins intensifs supplémentaires, alors qu'il n'y avait pas suffisamment de professionnels présentant le profil spécifique requis. Par contre, les mesures visant à libérer des lits ont été jugées faisables ", rapportent les auteurs du rapport. "Malgré la sévérité des mesures demandées, l'autorité du comité HTSC n'a pas été remise en question et les hôpitaux ont réagi de manière très professionnelle, dans un bel esprit de solidarité. Cependant, le statut juridique de ces mesures (ainsi que celui du comité) n'était pas clair, de même que les conséquences en cas de refus ou d'impossibilité de les appliquer. Le KCE recommande donc que les plans de répartition proposés par le comité HTSC soient dotés d'un cadre légal permanent afin de permettre au RMG de les rendre immédiatement contraignants en cas de crises futures. "L'étude révèle également que les hôpitaux se soient beaucoup repliés sur eux-mêmes pendant la première vague. "Le rôle des réseaux locorégionaux était encore assez limité, car le secteur ne les trouvait pas encore suffisamment " mûrs ". Mais le comité HTSC leur a donné de plus en plus de poids, ce qui a incité les hôpitaux à s'unir pour aborder certains problèmes tels que les transferts de patients et les échanges de matériel de protection individuelle. Après le premier pic, ils se sont accordés pour admettre les patients Covid dans les plus grands hôpitaux, afin que les plus petits puissent reprendre les soins réguliers."Notre enquête réalisée auprès des directions hospitalières avait également montré que 90% des répondants (62 directeurs généraux et médicaux, ndlr) considéraient que leur hôpital ou réseau clinique avait eu durant la première vague assez d'expertise en interne pour prendre en charge l'épidémie (lire JM-Hospitals N°4, décembre 2020). Le KCE estime que ce type de collaboration au sein d'un même réseau devrait être renforcé à l'avenir. Il recommande "de poursuivre le déploiement des conditions nécessaires requises pour ces réseaux, comme un financement approprié et des structures de gestion davantage élaborées au niveau du réseau."Les auteurs estiment également que les autorités pourraient assumer un rôle de coordination plus important pour le recrutement de personnel supplémentaire. Durant la crise, les hôpitaux ont dû se débrouiller pour trouver et former le personnel infirmier et les médecins chargés des unités Covid et des soins intensifs. Une problématique qui s'est encore accentuée durant la deuxième vague parce que le taux d'absentéisme du personnel a augmenté, atteignant parfois 20% dans certaines institutions. Le KCE préconise de mettre sur pied un système national de collecte de données pour les soins intensifs, qui puisse fournir une image précise en temps réel des capacités disponibles (lits, équipement, personnel), des caractéristiques des patients et des résultats obtenus. Idéalement, ce système devrait être automatisé pour ne pas faire perdre du temps d'encodage aux soignants.Autre conseil : intégrer dans les plans d'urgence hospitalier un volet spécifique pour les situations de pandémie."Notre étude montre qu'en raison de sa composition (principalement les autorités et les fédérations hospitalières), le comité HTSC est considéré comme une plateforme privilégiée pour discuter des questions relatives au secteur des hôpitaux. Nous préconisons donc son maintien en tant qu'organe consultatif permanent, pouvant être mobilisé en cas de nouvelle crise nécessitant une capacité hospitalière supplémentaire ", avance le centre fédéral. "Toutefois, l'absence de représentants du terrain, et plus particulièrement des infirmiers et des médecins hospitaliers (et médecins chefs) a été soulignée. Il serait donc préférable, à l'avenir, de l'élargir en ce sens, et aussi de pouvoir faire systématiquement appel à des compétences supplémentaires (p. ex. des patients, des éthiciens). "