Depuis la pandémie du Covid-19, de nombreux pays ont suspendu leurs programmes de dépistage du cancer du sein. L'interruption du dépistage entraîne une augmentation de la proportion de femmes qui meurent d'un cancer du sein. Cependant, l'étude suggère que ce risque peut être abaissé, par exemple en s'assurant que toutes les femmes qui auraient été dépistées pendant la pandémie ne la rateront pas, même si elles sont maintenant officiellement plus âgées que la limite d'âge supérieure pour le dépistage.
Selon Lindy Kregting, doctorante à l'hôpital Erasme de Rotterdam, "le dépistage fonctionne en détectant les cancers à un stade précoce lorsqu'il existe les meilleures chances de succès du traitement. Les programmes de dépistage du cancer n'ont jamais été aussi gravement perturbés auparavant, nous ne savons donc pas quel impact cela aura. Nous voulions déterminer ce que pourrait être l'impact à long terme sur les décès dus au cancer du sein et voir quelles stratégies seraient les plus efficaces pour relancer les programmes de dépistage du cancer du sein.".
Les chercheurs ont modélisé des stratégies différentes pour recommencer le dépistage du cancer du sein après six mois de perturbation. Un redémarrage simple, ce qui signifie qu'une femme sur quatre finirait par se présenter au dépistage une fois de moins dans sa vie, un retard de dépistage et un rattrapage complet dans une période de six mois, ce qui implique des moyens complémentaires importants. Aux Pays-Bas, les femmes sont invitées à se faire dépister tous les deux ans entre 50 et 75 ans, tandis qu'en Belgique, le même dépistage est gratuit tous les deux ans pour les femmes entre 50 et 69 ans.
Moins de trois cancers pour 100.000 femmes en dix ans
Les chercheurs ont constaté que le premier scénario (retard) avait l'effet le plus dommageable, avec une augmentation estimée de 2,35 décès par cancer du sein pour 100 000 femmes. L'augmentation de la capacité à réaliser un rattrapage complet était le meilleur scénario avec une augmentation de seulement 0,13 décès. Cependant, les chercheurs estiment que cette augmentation de capacité n'est probablement pas réalisable pour les services de santé de la plupart des pays. Ils suggèrent qu'un report du dépistage avec une augmentation temporaire de la limite d'âge supérieure pourrait être la meilleure option.
Une deuxième étude portant sur 1.051 femmes diagnostiquées d'un cancer du sein à Utrecht aux Pays-Bas a examiné comment la pandémie de Covid-19 a affecté leur vie quotidienne. L'étude a révélé que 48% des femmes se sentaient seules pendant la pandémie. La recherche a également révélé que 31% des femmes étaient moins susceptibles de demander de l'aide à leur médecin généraliste, 27% s'inquiétaient des effets de la pandémie sur leur suivi et 15% étaient moins susceptibles de demander l'aide de leur spécialiste du cancer du sein. Pour Claudia Bargon, clinicienne et doctorante à l'University Medical Center Utrecht, "nous savons que les services médicaux, y compris ceux destinés aux patientes atteintes d'un cancer du sein, ont dû être réorganisés pendant la crise. Nous savons également que le soutien social peut être d'une importance vitale pour de nombreuses femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein et que le soutien peut être limité par des mesures de distanciation sociale. Notre étude montre que les femmes étaient moins susceptibles de demander de l'aide médicale pendant la pandémie et qu'une proportion élevée de femmes souffraient de solitude pendant le confinement. Cela suggère que les patients doivent être rassurés sur le fait qu'ils doivent demander une aide médicale lorsqu'ils en ont besoin et que nous devons permettre aux patients d'accéder à un soutien en santé mentale, même si cela doit être fourni en ligne ".
Une autre étude a comparé un groupe de 41 femmes traitées pour un cancer du sein en mars et avril 2020 à l'hôpital universitaire de Sassari, en Italie, avec 42 femmes traitées en mars et avril de l'année précédente. Les chercheurs n'ont trouvé aucune différence dans le temps d'attente pour une intervention chirurgicale ou le fait qu'elles aient subi une intervention de biopsie du ganglion sentinelle. Cependant, ils ont constaté que les femmes opérées pendant le pic de la pandémie étaient moins susceptibles de recevoir une reconstruction mammaire immédiate après une mastectomie ou de recevoir une procédure pour réduire le risque de douleur mammaire après la chirurgie. Un effet sans impact sur le taux de survie, mais sur la qualité de vie des femmes après une chirurgie du cancer du sein.
Frédéric Soumois