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" En Belgique, les cancers frappent en moyenne 320 enfants et 180 jeunes de 15 à 19 ans chaque année ", expliquent Liesbeth Van Eycken et Kris Henau, de la Fondation Registre du Cancer. " Chez les enfants, les tumeurs les plus fréquentes sont les leucémies (26%), suivies de près par les tumeurs cérébrales (25%) et les lymphomes (12%). Chez les jeunes, il s'agit surtout de lymphomes (25%) et de carcinomes (22%), mais aussi de tumeurs du cerveau ou du SNC (14%) et de leucémies (12%). Les tumeurs germinales (11%) semblent également de plus en plus fréquentes. " [voir graphique - référence et légende en bas d'article] Rares mais lourds de conséquences" Dans l'ensemble, les cancers pédiatriques restent plutôt rares, du moins en comparaison avec la prévalence observée chez les adultes : moins de 1% des tumeurs sont diagnostiquées chez des enfants ou des jeunes ", souligne Liesbeth Van Eycken. " Il n'en reste évidemment pas moins que chaque diagnostic posé va complètement bouleverser la vie du jeune patient et de sa famille. Chaque cas est un drame. " Contrairement à ce que l'on observe dans une population adulte, l'incidence des cancers chez les enfants n'augmente pas avec l'âge. On observe plutôt une répartition bimodale, avec une incidence deux à trois fois plus élevée dans le groupe des 0-4 ans en comparaison avec celui des 5-12 ans, puis une augmentation accélérée jusqu'à l'âge adulte. [voir graphique - référence et légende en bas d'article] " Nous n'observons guère de différences avec les pays qui nous entourent, que ce soit en termes d'incidence, de types de tumeurs, de mortalité ou de survie ", note le Pr Anne Uyttebroeck, spécialiste en hémato-oncologie pédiatrique à l'UZ Leuven et présidente de la BSPHO. " C'est plutôt une bonne nouvelle, car cela signifie que nous faisons au moins aussi bien que nos voisins. " Une baisse de mortalité spectaculaire La survie et de la mortalité ont connu au cours des dernières décennies une évolution proprement spectaculaire. [voir graphique - référence et légende en bas d'article] " Au début des années '60, la mortalité par cancer s'élevait à environ 90 par million d'années-personnes chez les garçons et 70 par million d'années-personnes chez les filles ", rappelle Kris Henau. " Elle est aujourd'hui tombée à 25-30 par million d'années-personnes dans les deux sexes ; dans le groupe des 0-14 ans, la survie à 5 ans atteint 84% chez les garçons et 86% chez les filles. Elle est également légèrement supérieure chez les adolescentes que chez les garçons du même âge (89% vs 84%). " D'après le Pr Uyttebroeck, cette évolution favorable s'explique par plusieurs éléments : le recours à différents facteurs pronostiques, la possibilité de caractériser les tumeurs sur le plan génétique, une utilisation plus efficiente des traitements et combinaisons de médicaments disponibles en fonction du type de tumeur, etc. S'ajoute à cela la possibilité de prendre les patients en charge dans un contexte universitaire hautement spécialisé. " Grâce à la collaboration entre les huit centres d'hémato-oncologie pédiatrique de notre pays, les petits patients se retrouvent tous dans une étude clinique. Cela nous permet, sous l'égide de la BSPHO, de comparer le meilleur traitement disponible aux alternatives et d'améliorer sans cesse la prise en charge. " Les adolescents atteints d'un cancer ont toutefois moins accès à ce " privilège ", précisent prudemment Liesbeth Van Eycken et Anne Uyttebroeck. Certains sont encore pris en charge dans les circuits pédiatriques, mais d'autres se retrouvent malheureusement un peu entre deux chaises... et cela semble avoir un impact bien réel sur leur survie. Des chiffres bétonnés" Cette première publication consacrée aux maladies oncologiques chez les enfants et adolescents est le fruit de nombreuses années d'enregistrement des données, réalisé sur base volontaire dans chaque centre d'oncologie pédiatrique ", souligne le Pr Uyttebroeck. " Si nous avons pu ensuite regrouper toutes ces informations et les compléter par celles du Registre du Cancer, c'est avant tout grâce au soutien du SPF Santé publique, mais aussi de l'Inami, des régions et communautés, de la Fondation contre le Cancer et de la Vlaamse Liga tegen Kanker ", enchaîne Liesbeth Van Eycken. " Nous disposons de données belges pour la période de 2004 à 2009, auxquelles s'ajoutent des chiffres flamands pour 1999-2004 en provenance du Registre du Cancer. " En point de mireAutant dire que le nouveau rapport représente une véritable mine d'informations pour toute personne impliquée dans la problématique des cancers chez l'enfant et l'adolescent. En sus des chiffres généraux, il contient également des données détaillées pour chaque type de tumeur, des leucémies aux tumeurs osseuses en passant par les cancers du foie ou du rein. Nous vous proposons d'en découvrir ci-dessous quelques éléments particulièrement frappants. Dans le domaine des leucémies, la forme lymphoïde aiguë (LLA) affiche une nette prédominance avec environ trois quart des diagnostics. A peu près comparable à celle de la leucémie myéloïde aiguë (LMA) chez les nouveau-nés (environ 15 cas par million), sa fréquence connaît ensuite un pic de 100 cas par million chez les 2-3 ans avant de retomber à un niveau tout juste supérieur à celui de la LMA. Son pronostic est toutefois sensiblement meilleur, avec une survie à 10 ans de 81%, contre 61% pour la LMA. L'âge joue également un rôle déterminant dans la LLA. C'est chez les nourrissons de moins d'un an que le pronostic est le moins favorable : sur 12 enfants ayant développé la maladie au cours des 12 premiers mois de vie, 5 sont décédés endéans les six mois. Les adolescents ont également un moins bon pronostic (68%) que les enfants de 1 à 4 ans (93%) ou de 5 à 14 ans (88%). " Chez les nourrissons, ce pronostic moins favorable découle clairement d'un sous-type différent ", précise le Pr Uyttebroeck. " Chez les adolescents, les choses sont moins tranchées. Ce même aspect intervient en partie, mais le traitement et le suivi sont aussi moins optimaux que chez les plus jeunes. " Une incidence croissante ?Quant à savoir si la fréquence des tumeurs est en augmentation chez les plus jeunes, comme l'a laissé entendre l'étude pan-européenne ACCIS (qui faisait état d'une progression de 1,1% par ans), les chiffres belges ne permettent pas de trancher. " Non seulement le nombre de patients n'est pas suffisant, mais la collecte de données ne couvre encore qu'une période trop limitée ", explique Liesbeth Van Eycken. " Il faudra donc poursuivre cet enregistrement et regrouper nos données avec celles de nos collègues européens. C'est également pour cette raison qu'il était si important de disposer enfin de chiffres fiables au niveau belge : cela nous permet non seulement de nous comparer à nos voisin, mais aussi d'apporter notre petite pierre à des recherches importantes à l'échelon européen. "Référence : Cancer Incidence in Belgium. Special Issue: Cancer in Children and Adolescents. Belgian Cancer Registry, 2013, D/2013/11.846/1. http://www.kankerregister.be/media/docs/publications/CancerIncBel2010-Ch...Figure 1 - (rapport p 14, fig 5) Les cancers chez les enfants et adolescents : nouveaux cancers diagnostiqués en Belgique entre 2004 et 2009, par type de tumeur et groupe d'âge. Figure 2 - (rapport p 13, fig 4) Les cancers chez l'enfant et chez l'adulte : incidence spécifique en fonction de l'âge, par sexe. Figure 3 - (rapport p 16, fig 9) Mortalité oncologique chez les enfants et adolescents en Belgique (WSR) entre 1960 et 2009.