Jean Hermesse, secrétaire général de l'Alliance nationale des mutualités chrétiennes, a quelque peu été surpris par la célérité avec laquelle le cabinet De Block a averti les organismes assureurs que, désormais, 25 millions d'euros, pris sur les frais d'administration des mutuelles, seraient répartis en fonction de l'investissement réel à réintégrer au travail les malades de longue durée. Toutefois, il souligne qu'il ne s'agit pas d'exclusions de malades comme on a pu l'entendre dans certains médias.
jdM : cette mesure a été approuvée par le comité de l'assurance ?
Jean Hermesse : Cela n'a pas été approuvé par le Comité de l'assurance mais discuté au cabinet De Block. Celui-ci nous a convoqués début février pour nous dire qu'ils devaient encore implémenter une mesure de juin 2017 déjà décidée qui consistait à réserver 25 millions d'euros pour activer la réinsertion professionnelle...
Mais vous étiez prévenus que cela allait arriver ?
Non. Ça avait été relevé mais nous avons été un peu surpris par la proposition. Ce n'est pas une économie puisque les budgets sont identiques : on utilise une partie des budgets pour encourager un accompagnement plus actif de la réinsertion au travail : les frais d'administration sont les mêmes. Il n'y a pas d'économies demandées aux organismes assureurs. Ceci dit, le but recherché est tout de même de faire des économies puisqu'il s'agit de réduire le nombre d'incapacités de travail mais sans exclusions comme on a pu le lire erronément. On fait cela avec Actiris et le VDAB depuis longtemps. C'est, au fond, bon pour tout le monde puisque ce n'est pas souhaitable en soi de rester dans l'invalidité.
Il y a eu donc un peu de buzz dans la presse mainstream...
Oui. Ce que je regrette un peu car nous avions discuté de cela au cabinet et on a marqué notre accord...
Ça s'inscrit quand même dans une philosophie qui consiste à arriver tout doucement à des frais d'administration variables en fonction notamment de certains investissements dans la prévention...
Attention : ce n'est pas la même chose. Les 25 millions ne sont pas enlevés aux frais d'administration. On change de clé de répartition mais cela n'a rien à voir avec le nombre de membres. Il y a trois clés de répartition (ndlr : 25% proportionnellement au nombre de trajets de réintégration entamés, 50% proportionnellement au nombre de membres qui ont repris le travail avec l'autorisation d'un médecin-conseil et 25 % proportionnellement au nombre d'examens cliniques effectués par le médecin conseil). On va enregistrer les trajets de soins et répartir en fonction.
Mais il y a des OA qui perdront et d'autres qui gagneront ?
Oui mais en principe, cela ne devrait changer les choses qu'à la marge pour autant que chaque organisme assureur maintienne son nombre de trajets. C'est toutefois un incitant. Donc en tant que tel, c'est bien d'être incité à réintégrer le plus de personnes.
Mais ceci dit, il y a déjà 10% de frais d'administration variables et on va vers 20%, c'est bien cela ?
Oui, mais cela n'a rien à voir (ndlr : avec les 25 millions). Dans le système des frais variables, on est jamais sûrs de les atteindre. Si vous voulez, 10%, cela fait en gros 105 millions d'euros de frais d'administration. Il y a plein de paramètres liés à la gestion performante de l'assurance-maladie, la correction, la rapidité avec laquelle on répond aux membres, le taux de liquidité. Ensuite, on est " benchmarqués ". Or on n'est jamais à 100% pour chacun des critères. On découpe les 105 millions sur les critères. Certains sont plus haut, certains plus bas. Sur cette partie variable, on perd une partie des 105 millions. Cette partie variable va être augmentée à plus de 200 millions. Je le répète : cet argent, on n'est jamais sûrs de l'avoir.
Vous risquez plus de perdre que de gagner...
Clairement ! On fait très attention à ces critères car on peut tout de même perdre des millions.
Pour revenir à l'incapacité de travail, vous allez gagner de l'argent ?
Non, pas forcément : il y a confusion entre les dossiers. Je ne peux pas vous dire à l'avance le nombre de trajets de réinsertion que nous allons enregistrer. Nous ne savons pas sur les 25 millions qui va gagner et qui va perdre. Même si on a fait une simulation basée sur le passé pour 2018-2019. Je pense encore une fois que cela sera marginal. Par contre, dans l'autre dossier (ndlr : la modification de la dotation par membre), repris dans le pacte mutuelliste, nous avions proposé (et cela a été repris dans les Engagements), que les frais d'administration soient répartis plus équitablement par rapport à la charge administrative réelle.
C'est là où les socialistes perdent 12 millions et où vous gagnez 6 millions...
Effectivement c'est là où certains critères ont été pris en compte. Il y a eu accord sur le fait que si vous recevez plus que le risque que représente un membre, cela peut mener à une sélection des risques. Ce qui est contraire à l'esprit mutualiste. Donc, le cabinet a pris l'initiative. Cela s'est accéléré. Cela va dans le bon sens. C'est un jeu à somme nulle : quand on revoit les critères, forcément cela bouge. Mais ne parlons pas de perdants et de gagnants. Parlons d'attribution correcte des frais d'administration. Peut-être cette modification aurait-elle dû être introduite plus tôt. Je n'ai pas d'autres commentaires à faire autour de cela. Tout cela est complexe... Je peux comprendre que dans cet exercice-là, ceux qui perdent des moyens financiers ne sont pas très contents mais en même temps, nous avions pris ces engagements dans le pacte mutuelliste. Il faut aussi être d'accord sur des critères objectifs. Le BMF (budget des moyens financiers) est aussi réparti entre les hôpitaux selon un jeu à somme nulle en fonction du nombre d'admissions et de la gravité des pathologies. Forcément, si vous changez les règles, certains hôpitaux vont gagner d'autres perdent. C'est la conséquence de ce type de modifications...
jdM : cette mesure a été approuvée par le comité de l'assurance ?Jean Hermesse : Cela n'a pas été approuvé par le Comité de l'assurance mais discuté au cabinet De Block. Celui-ci nous a convoqués début février pour nous dire qu'ils devaient encore implémenter une mesure de juin 2017 déjà décidée qui consistait à réserver 25 millions d'euros pour activer la réinsertion professionnelle...Mais vous étiez prévenus que cela allait arriver ?Non. Ça avait été relevé mais nous avons été un peu surpris par la proposition. Ce n'est pas une économie puisque les budgets sont identiques : on utilise une partie des budgets pour encourager un accompagnement plus actif de la réinsertion au travail : les frais d'administration sont les mêmes. Il n'y a pas d'économies demandées aux organismes assureurs. Ceci dit, le but recherché est tout de même de faire des économies puisqu'il s'agit de réduire le nombre d'incapacités de travail mais sans exclusions comme on a pu le lire erronément. On fait cela avec Actiris et le VDAB depuis longtemps. C'est, au fond, bon pour tout le monde puisque ce n'est pas souhaitable en soi de rester dans l'invalidité.Il y a eu donc un peu de buzz dans la presse mainstream...Oui. Ce que je regrette un peu car nous avions discuté de cela au cabinet et on a marqué notre accord...Ça s'inscrit quand même dans une philosophie qui consiste à arriver tout doucement à des frais d'administration variables en fonction notamment de certains investissements dans la prévention...Attention : ce n'est pas la même chose. Les 25 millions ne sont pas enlevés aux frais d'administration. On change de clé de répartition mais cela n'a rien à voir avec le nombre de membres. Il y a trois clés de répartition (ndlr : 25% proportionnellement au nombre de trajets de réintégration entamés, 50% proportionnellement au nombre de membres qui ont repris le travail avec l'autorisation d'un médecin-conseil et 25 % proportionnellement au nombre d'examens cliniques effectués par le médecin conseil). On va enregistrer les trajets de soins et répartir en fonction.Mais il y a des OA qui perdront et d'autres qui gagneront ?Oui mais en principe, cela ne devrait changer les choses qu'à la marge pour autant que chaque organisme assureur maintienne son nombre de trajets. C'est toutefois un incitant. Donc en tant que tel, c'est bien d'être incité à réintégrer le plus de personnes. Mais ceci dit, il y a déjà 10% de frais d'administration variables et on va vers 20%, c'est bien cela ?Oui, mais cela n'a rien à voir (ndlr : avec les 25 millions). Dans le système des frais variables, on est jamais sûrs de les atteindre. Si vous voulez, 10%, cela fait en gros 105 millions d'euros de frais d'administration. Il y a plein de paramètres liés à la gestion performante de l'assurance-maladie, la correction, la rapidité avec laquelle on répond aux membres, le taux de liquidité. Ensuite, on est " benchmarqués ". Or on n'est jamais à 100% pour chacun des critères. On découpe les 105 millions sur les critères. Certains sont plus haut, certains plus bas. Sur cette partie variable, on perd une partie des 105 millions. Cette partie variable va être augmentée à plus de 200 millions. Je le répète : cet argent, on n'est jamais sûrs de l'avoir.Vous risquez plus de perdre que de gagner...Clairement ! On fait très attention à ces critères car on peut tout de même perdre des millions.Pour revenir à l'incapacité de travail, vous allez gagner de l'argent ?Non, pas forcément : il y a confusion entre les dossiers. Je ne peux pas vous dire à l'avance le nombre de trajets de réinsertion que nous allons enregistrer. Nous ne savons pas sur les 25 millions qui va gagner et qui va perdre. Même si on a fait une simulation basée sur le passé pour 2018-2019. Je pense encore une fois que cela sera marginal. Par contre, dans l'autre dossier (ndlr : la modification de la dotation par membre), repris dans le pacte mutuelliste, nous avions proposé (et cela a été repris dans les Engagements), que les frais d'administration soient répartis plus équitablement par rapport à la charge administrative réelle.C'est là où les socialistes perdent 12 millions et où vous gagnez 6 millions...Effectivement c'est là où certains critères ont été pris en compte. Il y a eu accord sur le fait que si vous recevez plus que le risque que représente un membre, cela peut mener à une sélection des risques. Ce qui est contraire à l'esprit mutualiste. Donc, le cabinet a pris l'initiative. Cela s'est accéléré. Cela va dans le bon sens. C'est un jeu à somme nulle : quand on revoit les critères, forcément cela bouge. Mais ne parlons pas de perdants et de gagnants. Parlons d'attribution correcte des frais d'administration. Peut-être cette modification aurait-elle dû être introduite plus tôt. Je n'ai pas d'autres commentaires à faire autour de cela. Tout cela est complexe... Je peux comprendre que dans cet exercice-là, ceux qui perdent des moyens financiers ne sont pas très contents mais en même temps, nous avions pris ces engagements dans le pacte mutuelliste. Il faut aussi être d'accord sur des critères objectifs. Le BMF (budget des moyens financiers) est aussi réparti entre les hôpitaux selon un jeu à somme nulle en fonction du nombre d'admissions et de la gravité des pathologies. Forcément, si vous changez les règles, certains hôpitaux vont gagner d'autres perdent. C'est la conséquence de ce type de modifications...