...

Lors de la présentation ce mercredi 15 novembre de l'étude MAHA, Frank Vandenbroucke a d'abord souligné qu'il était de sa responsabilité d'assurer, pour le bien des patients, l'équilibre financier des hôpitaux et qu'il en est conscient.Il a, en premier lieu, expliqué, pourquoi la situation actuelle est si critique. Ceci est dû au choc inflationniste vécu en 2022/2023 et à l'augmentation du coût de l'énergie ainsi que l'effet retard de l'indexation des honoraires des médecins qui sont la source seconde de financement des hôpitaux après le BMF (Budget des moyens financiers). Le BMF est en effet influencé à la hausse presque immédiatement avec l'inflation. Les honoraires ne suivent pas la même courbe. Par exemple l'inflation 2022/2021 s'est montée à 9,6% tandis que les honoraires des médecins n'ont augmenté que de 3,7% sur la même période. L'année suivante, l'inverse s'est produit : 4,4% d'inflation et 9,1% d'indexation des honoraires.Ce financement dual doit être absolument réformé, martèle le ministre. " Ceci souligne donc la nécessité absolue de réorganiser fondamentalement le mode de financement des hôpitaux, en faisant en sorte que tout ce qui est lié au coût d'un hôpital, non seulement tous les coûts du personnel infirmier et soignant, mais aussi les coûts de l'appareillage médical et des fournitures, soit financé directement à partir d'un budget qui est aligné sur les besoins des patients admis, examinés ou traités à l'hôpital. Les honoraires des médecins devraient uniquement être une rémunération du travail intellectuel et de la responsabilité des médecins, et non un financement de l'exploitation d'un hôpital. "Mais étant donné que le BMF actuel ne suffit pas à couvrir les coûts des hôpitaux, en particulier les coûts du volet ambulatoire de la polyclinique, l'indexation correcte du BMF actuel " n'est évidemment pas suffisante pour couvrir la hausse globale de ces coûts ".Pour les hôpitaux universitaires qui utilisent des médecins salariés, le choc est plus grand encore.Le gouvernement n'est pas resté les bras ballants, précise Vandenbroucke qui a obtenu un bol d'air de 262 millions d'euros plus une intervention supplémentaire de 80 millions d'euros pour la facture énergétique (dont 72 millions d'euros pour les hôpitaux généraux et 8 millions d'euros pour les hôpitaux psychiatriques) sans oublier une réduction des cotisations patronales. Or ces 80 millions ne sont pas pris en compte dans le rapport MAHA.L'intervention pour la facture énergétique, qui a seulement été versée comme provision en août 2023, n'a pas encore été prise en compte dans le rapport MAHA non plus. En outre, la baisse de l'activité hospitalière ne devrait pas se poursuivre sur le dernier quadrimestre 2023. La tendance naturelle est donc que les finances des hôpitaux devraient aller mieux, précise le ministre. Autre bonne nouvelle : l'effort fédéral pour le BMF (=BMF sans les sous-parties A1, A3 et C2) en 2024 s'élèvera à 11,2 milliards d'euros, ce qui représente en termes réels 15,7 % de plus qu'en 2019.Les honoraires médicaux, pour résumer, n'augmenteront eux que d'environ 5% entre 2019 et 2023 (pour un PIB qui progressera de 6%)." La croissance de l'effort fédéral pour le Budget des moyens financiers des hôpitaux a donc été jusqu'à présent plus de 2,5 fois supérieure à la croissance du PIB ! L'augmentation de la masse des honoraires de médecins est proche de la croissance du PIB sur l'ensemble de la période. En d'autres termes, les autorités fédérales ont investi très fortement dans les hôpitaux, et c'était nécessaire. "Toutefois, individuellement, il n'y aucun transparence sur la rétrocession des honoraires hôpital par hôpital. Ceci devra être modifié lors de la prochaine législature.En parallèle, le gouvernement a continué à encourager l'hospitalisation de jour en évitant une perte concomitante pour les hôpitaux du switch vers ce type d'approche one day. Vandenbroucke rappelle avoir poursuivi également la concentration des soins au niveau des AVC et de certains cancers (tête et cou, AJA, etc.) ainsi que l'hospitalisation à domicile.La réforme de la nomenclature au plus près des coûts réel se poursuit également. Elle fait la distinction entre la partie qui rémunère l'activité professionnelle, d'une part, et la partie qui couvre les frais de fonctionnement liés à l'acte médical du médecin, d'autre part. Elle sera finalisée fin 2024.En matière de scanners versus RMN, nous nous situons au-dessus de la moyenne européenne. " Parallèlement à l'augmentation du nombre d'appareils RMN dans notre pays, nous introduisons donc un nouveau système de financement par population qui encourage l'utilisation de la RMN sur la base de données probantes. " Au niveau du Conseil fédéral des établissements hospitaliers, VDB regrette encore beaucoup de frilosité face aux réformes.L'étude MAHA démontre, selon le ministre Vooruit, que l'augmentation du personnel a bel et bien eu lieu (nonobstant des périodes de maladies de courte durée) : entre 2019 et 2022, le nombre total d'ETP a augmenté de 4,96 %, soit 5.806 ETP, selon sa lecture des études MAHA. En parallèle, cependant, le coût du personnel augmentait également pour diverses raisons, notamment la prime supplémentaire (IFIC) accordée aux infirmières spécialisées et la prime accordée aux infirmières plus âgées (2.760 euros et 900 euros). Le corps infirmier souffre cependant encore de longues absences pour maladie et il convient de poursuivre la réforme consistant à les décharger de tâches subalternes et les rendre, d'autre part, plus autonomes des médecins. Un " Agenda pour l'avenir du personnel de soins " est en phase finale, affirme le ministre. 20 millions sont budgétés pour aider les hôpitaux à recruter en 2023 et 2024.Enfin, face au fléau des absences pour maladie de longue durée, Frank Vandenbroucke rappelle que la réinsertion à son poste de travail ne coûte pas forcément beaucoup d'argent mais davantage " d'empathie managériale " " A partir du 1er janvier, les hôpitaux qui offrent à un malade de longue durée la possibilité de (re)travailler recevront une prime de 1.725 euros. J'espère que les hôpitaux seront des pionniers dans l'utilisation de ce nouvel outil. "