" Nous avons compris que les hôpitaux généraux s'attendaient à ce que nous gardions nos patients le plus longtemps possible dans nos murs pour éviter de surcharger le secteur aigu. Ce rôle nous a été confirmé le 17 mars par une circulaire. Le lendemain, nous avons libéré un unité complète pour accueillir tous les cas suspectés de Covid-19 pourlimiter la propagation et concentrer l'expertise du personnel. Dans les hôpitaux psychiatriques, le personnel qui s'est spécialisé peut être démuni lorsqu'il doit effectuer des mises au point somatique ou des actes techniques", témoigne le Dr Pierre Oswald, directeur médical du Centre hospitalier Jean Titeca (CHJT).

Le matériel de protection a été concentré dans cette unité somatique. Dans l'attente de recevoir des masques des autorités (lire encadré), le CHJT a fait appel à la générosité des citoyens pour offrir du matériel de protection. "Nous avons des grand-mères qui cousent des masques", s'enthousiasme le Dr Oswald.

En plus de devoir conserver leurs patients, les hôpitaux psychiatriques bruxellois doivent aussi prendre en charge les patients qui étaient en observation dans les hôpitaux généraux depuis que ceux-ci ont fermé ces services. "Nous les acceptons évidemment. Nous avons libéré aussi quelques places pour pouvoir accueillir d'éventuels patients infectés ", explique le Dr Oswald.

Solidarité institutionnelle

"Notre situation est particulière puisque nous sommes une intercommunale et que nous gérons trois secteurs d'activité", nous expliquait lundi matin Eric Fievez, directeur général de l'Intercommunale de soins spécialisés de Liège (ISOSL). "Nous gérons des hôpitaux psychiatriques à Liège et Lierneux, des maisons de soins psychiatriques et des services de santé mentale, un hôpital général non aigu et onze maisons de repos et de soins. Nous avons été dotés de masques pour notre hôpital général, comme tous les hôpitaux généraux. Nous avons reçu des dotations de l'Aviq pour les maisons de repos (et de soins). Pour répartir le matériel de protection, nous avons décidé de fonctionner en transversalité pour que tous les travailleurs qui doivent avoir des masques en reçoivent. Nous épuisons notre stock qui est limité."

L'ISOSL a lancé avec d'autres hôpitaux généraux un achat groupé de masques et réalisé une commande directe à un fournisseur. "Ce matériel va commencer à arriver cette semaine", nous confiait-il lundi. "Notre institution a pu depuis quelques jours doter son personnel de masques chirurgicaux de protection. "

Absence d'enregistrement

Au début de cette semaine, pour l'ensemble des structures de soins de l'ISOSL, un seul cas positif et quelques cas suspects étaient enregistrés. "Comme dans les hôpitaux généraux, nous n'utilisons le matériel de protection (masque, tablier...) que pour les patients positifs ou qui pourraient l'être. Au départ, nous n'avions pratiquement aucun stock puisqu'il y a peu de maladies infectieuses dans nos institutions psychiatriques, sauf, occasionnellement, la gale. Les autorités nous demandent de ne pas engorger les hôpitaux généraux en leur envoyant des patients Covid-19 (lire en Une, ndlr). Ce que nous comprenons bien."

Dans les institutions de l'ISOSL, une salle est spécifiquement prévue pour accueillir les patients suspects de Covid-19 ou positifs avec des équipements adéquats. "Il n'est pas possible de s'organiser de cette façon dans toutes les structures hospitalières ".

Le SPF Santé publique n'enregistre pas le nombre de cas de Covid-19 dans les hôpitaux psychiatriques. "C'est inquiétant", estime Eric Fievez. "L'administration ne dispose pas d'informations statistiques sur les institutions psychiatriques. Pour tous les secteurs, dont la santé mentale, nous devons entrer des renseignements à l'AVIQ, mais pas pour les hôpitaux psychiatriques. Le Fédéral ne nous demande rien. Il serait logique que nous fassions une déclaration pour les hôpitaux psychiatriques, à l'instar des hôpitaux généraux." "Cette absence de monitoring signifie qu'un écho ne sera donné que lorsque la situation sera grave. C'est-à-dire trop tard ", souligne Valérie Victoor, secrétaire général de santhea.

Absentéisme

Eric Fievez explique que l'absentéisme a augmenté dans les institutions en raison de l'absence de matériel de protection. "Ce n'est pas lié au fait de ne pas vouloir travailler. Au début de l'épidémie, on a conseillé aux travailleurs de rester chez eux s'ils avaient des symptômes même légers. Certains ont eu peur de venir travailler pour ne pas venir contaminer les patients ou les collègues. Le fait de ne pas pouvoir tester le personnel pour vérifier s'il est porteur ou non accentue l'absentéisme. Pour l'instant, le testing du personnel n'est pas à l'ordre du jour. "

"Nous avons une mobilisation du personnel ", commente Alban Antoine, directeur général du CHJT. "Nous commençons à avoir les premiers retours des travailleurs qui reviennent après 14 jours de quarantaine. Dans les petits services, comme la pharmacie, la situation est plus compliquée parce qu'ils ne comptent déjà pas beaucoup d'ETP. On essaie de faire appel à des stagiaires et des étudiants pour renforcer les équipes et ménager les efforts du personnel. Notre problème c'est qu'on ne sait combien de temps la crise va encore durer... "

Eric Fievez rappelle que les patients psychiatriques ne sont pas alités et qu'ils font des activités thérapeutiques durant la journée. "Nous essayons de travailler par petits groupes pour pouvoir respecter la distanciation sociale. Nous avons dû répartir les tâches sur un nombre plus élevé de travailleurs pour pouvoir augmenter le nombre de groupes. Nous avons revu au maximum les horaires du personnel de soins pour pouvoir pratiquer au maximum les mesures de distanciation sociale recommandées."

Accompagnement somatique

Les hôpitaux psychiatriques rappellent qu'ils ont peu de médecins en interne pour traiter l'aspect somatique. " Nous avons le soutien de médecins généralistes qui sont attachés à nos institutions, mais ils n'ont pas droit à une nomenclature particulière ", commente Eric Fievez. "Après la crise faudra tirer des enseignements sur l'accompagnement somatique en hôpital psychiatrique. Dans notre hôpital psychiatrique à Liège, nous avons désigné un médecin qui fait le relais avec notre hôpital général."

Des masques pour quelques semaines

En début de semaine, les hôpitaux psychiatriques ont reçu une livraison de masques chirurgicaux. À titre d'exemple, le CHJT a reçu lundi 4.670 masques chirurgicaux et aucun FFP2.

"Si l'on applique les consignes d'utilisation du RMG du 21 mars - qui tiennent compte de la situation "dégradée" due à la pénurie - nous pourrions tenir plus ou moins trois semaines en équipant tous les membres du personnel de l'hôpital et de la maison de soins psychiatriques qui sont en contact avec les patients et résidents et équiper les patients et les résidents "symptomatiques". Cette hypothèse part du postulat que les cas symptomatiques vont rester stables (une dizaine sur +/- 250 patients actuels) et que les patients et les résidents respecteront les consignes (par exemple, pas d'arrachage de masque personnel, volontaire ou accidentel...). Ces masques constituent donc une petite bulle d'oxygène. Elle pourra s'avérer plus petite encore si les hypothèses ci-dessus s'avèrent trop optimistes ", commente Alban Antoine.

Le directeur général de l'institution souligne que ces masques ne sont que des masques chirurgicaux. "Le peu de FFP2 dont nous disposons encore est strictement restreint à quelques membres du personnel, les plus exposés. "

" Nous avons compris que les hôpitaux généraux s'attendaient à ce que nous gardions nos patients le plus longtemps possible dans nos murs pour éviter de surcharger le secteur aigu. Ce rôle nous a été confirmé le 17 mars par une circulaire. Le lendemain, nous avons libéré un unité complète pour accueillir tous les cas suspectés de Covid-19 pourlimiter la propagation et concentrer l'expertise du personnel. Dans les hôpitaux psychiatriques, le personnel qui s'est spécialisé peut être démuni lorsqu'il doit effectuer des mises au point somatique ou des actes techniques", témoigne le Dr Pierre Oswald, directeur médical du Centre hospitalier Jean Titeca (CHJT). Le matériel de protection a été concentré dans cette unité somatique. Dans l'attente de recevoir des masques des autorités (lire encadré), le CHJT a fait appel à la générosité des citoyens pour offrir du matériel de protection. "Nous avons des grand-mères qui cousent des masques", s'enthousiasme le Dr Oswald.En plus de devoir conserver leurs patients, les hôpitaux psychiatriques bruxellois doivent aussi prendre en charge les patients qui étaient en observation dans les hôpitaux généraux depuis que ceux-ci ont fermé ces services. "Nous les acceptons évidemment. Nous avons libéré aussi quelques places pour pouvoir accueillir d'éventuels patients infectés ", explique le Dr Oswald. "Notre situation est particulière puisque nous sommes une intercommunale et que nous gérons trois secteurs d'activité", nous expliquait lundi matin Eric Fievez, directeur général de l'Intercommunale de soins spécialisés de Liège (ISOSL). "Nous gérons des hôpitaux psychiatriques à Liège et Lierneux, des maisons de soins psychiatriques et des services de santé mentale, un hôpital général non aigu et onze maisons de repos et de soins. Nous avons été dotés de masques pour notre hôpital général, comme tous les hôpitaux généraux. Nous avons reçu des dotations de l'Aviq pour les maisons de repos (et de soins). Pour répartir le matériel de protection, nous avons décidé de fonctionner en transversalité pour que tous les travailleurs qui doivent avoir des masques en reçoivent. Nous épuisons notre stock qui est limité." L'ISOSL a lancé avec d'autres hôpitaux généraux un achat groupé de masques et réalisé une commande directe à un fournisseur. "Ce matériel va commencer à arriver cette semaine", nous confiait-il lundi. "Notre institution a pu depuis quelques jours doter son personnel de masques chirurgicaux de protection. "Au début de cette semaine, pour l'ensemble des structures de soins de l'ISOSL, un seul cas positif et quelques cas suspects étaient enregistrés. "Comme dans les hôpitaux généraux, nous n'utilisons le matériel de protection (masque, tablier...) que pour les patients positifs ou qui pourraient l'être. Au départ, nous n'avions pratiquement aucun stock puisqu'il y a peu de maladies infectieuses dans nos institutions psychiatriques, sauf, occasionnellement, la gale. Les autorités nous demandent de ne pas engorger les hôpitaux généraux en leur envoyant des patients Covid-19 (lire en Une, ndlr). Ce que nous comprenons bien."Dans les institutions de l'ISOSL, une salle est spécifiquement prévue pour accueillir les patients suspects de Covid-19 ou positifs avec des équipements adéquats. "Il n'est pas possible de s'organiser de cette façon dans toutes les structures hospitalières ". Le SPF Santé publique n'enregistre pas le nombre de cas de Covid-19 dans les hôpitaux psychiatriques. "C'est inquiétant", estime Eric Fievez. "L'administration ne dispose pas d'informations statistiques sur les institutions psychiatriques. Pour tous les secteurs, dont la santé mentale, nous devons entrer des renseignements à l'AVIQ, mais pas pour les hôpitaux psychiatriques. Le Fédéral ne nous demande rien. Il serait logique que nous fassions une déclaration pour les hôpitaux psychiatriques, à l'instar des hôpitaux généraux." "Cette absence de monitoring signifie qu'un écho ne sera donné que lorsque la situation sera grave. C'est-à-dire trop tard ", souligne Valérie Victoor, secrétaire général de santhea.Eric Fievez explique que l'absentéisme a augmenté dans les institutions en raison de l'absence de matériel de protection. "Ce n'est pas lié au fait de ne pas vouloir travailler. Au début de l'épidémie, on a conseillé aux travailleurs de rester chez eux s'ils avaient des symptômes même légers. Certains ont eu peur de venir travailler pour ne pas venir contaminer les patients ou les collègues. Le fait de ne pas pouvoir tester le personnel pour vérifier s'il est porteur ou non accentue l'absentéisme. Pour l'instant, le testing du personnel n'est pas à l'ordre du jour. " "Nous avons une mobilisation du personnel ", commente Alban Antoine, directeur général du CHJT. "Nous commençons à avoir les premiers retours des travailleurs qui reviennent après 14 jours de quarantaine. Dans les petits services, comme la pharmacie, la situation est plus compliquée parce qu'ils ne comptent déjà pas beaucoup d'ETP. On essaie de faire appel à des stagiaires et des étudiants pour renforcer les équipes et ménager les efforts du personnel. Notre problème c'est qu'on ne sait combien de temps la crise va encore durer... " Eric Fievez rappelle que les patients psychiatriques ne sont pas alités et qu'ils font des activités thérapeutiques durant la journée. "Nous essayons de travailler par petits groupes pour pouvoir respecter la distanciation sociale. Nous avons dû répartir les tâches sur un nombre plus élevé de travailleurs pour pouvoir augmenter le nombre de groupes. Nous avons revu au maximum les horaires du personnel de soins pour pouvoir pratiquer au maximum les mesures de distanciation sociale recommandées."Les hôpitaux psychiatriques rappellent qu'ils ont peu de médecins en interne pour traiter l'aspect somatique. " Nous avons le soutien de médecins généralistes qui sont attachés à nos institutions, mais ils n'ont pas droit à une nomenclature particulière ", commente Eric Fievez. "Après la crise faudra tirer des enseignements sur l'accompagnement somatique en hôpital psychiatrique. Dans notre hôpital psychiatrique à Liège, nous avons désigné un médecin qui fait le relais avec notre hôpital général."