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L'audit s'est penché sur l'année 2016 et concerne 97 hôpitaux ayant pratiqué des opérations bariatriques. Les auditeurs ont ensuite choisi 19 hôpitaux pour vérifier la cohérence avec ce qui se passe sur le terrain.L'audit a observé de grandes disparités de pratique entre les hôpitaux audités (lire encadré). Pour une même indication, les hôpitaux n'optent pas toujours pour la même opération. Le parcours du patient (consultation médicale et paramédicale, examens techniques, régime alimentaire de suivi) est très variable. Son suivi également. " En général, les hôpitaux obtiennent des résultats moyens pour des éléments tels que la présence d'un registre, d'un rapport multidisciplinaire et de documentation sur le régime suivi. Cela pourrait s'expliquer par une réglementation améliorable en la matière ", pointe l'audit.Plus embêtant sans doute : certaines opérations bariatriques sont enregistrées sous un autre label. En outre, les codes de remboursement supplémentaires ne sont pas identiques.Le trio institutionnel propose d'offrir au patient un trajet multidisciplinaire en y associant par exemple le médecin généraliste, tant à l'hôpital qu'en dehors et responsabiliser le patient dans la gestion de son obésité en l'encourageant à observer un régime, des exercices physiques et un mode de vie adapté. Le trio propose de créer " un registre électronique national uniforme contenant toutes les opérations bariatriques effectuées ".Les 97 hôpitaux audités recevront sous peu (si ce n'est déjà fait) un audit complet anonymisé comparatif des données brutes récoltées sur le terrain. Ils pourront alors ajuster leurs pratiques. Cet audit ne sanctionne donc pas les actes du passé mais encourage les institutions de soins à améliorer des pratiques futures.Président de la SSMG et aussi alcoologue, le Dr Thomas Orban souligne que la littérature a documenté largement maintenant les patients ayant subi une chirurgie bariatrique qui sombrent dans une dépendance l'alcool après un bypass. Certains ont été mal screenés, ils ont parfois très envie d'être opérés et cachent une addiction préexistante ... et d'autres n'ayant pas de problèmes d'alcool avant l'opération bariatrique deviennent alcooliques. Le risque est maintenant connu. Certains centres spécialisés abordent le problème.En outre, " il y a une première dégradation de l'alcool au niveau de l'estomac (déshydrogénase) et vu la réduction de l'estomac, le verre consommé équivaut à trois verres pour une personne normale. J'ai remarqué cela depuis quelques années. J'ai regardé mes cohortes de patients et j'en avais beaucoup en alcoologie qui avaient subi un bypass. J'en ai toujours beaucoup. Un patient va à une soirée : il boit un verre de champagne, trois verres de vin, c'est vite fait. Cela correspond à 12 verres de vin pour une personne normale (7 verres=une bouteille). "Autre hypothèse : le shift calorique. Le patient passe du rayon boulangerie au rayon vin et alcool. Dans certains magasins, le client doit passer par ce rayon avant d'envisager tout autre achat. " Il faut aussi compter sur le rôle de l'hormone digestive (la ghréline ) sur l'appétence. Une addiction qui peut mettre 15 ans à se développer chez un patient normal met deux ou trois ans chez un patient bypass. "Quant à offrir au patient un trajet multidisciplinaire en y associant par exemple le médecin généraliste, tant à l'hôpital qu'en dehors, le Dr Orban renvoie à la tribune du Dr de Toeuf[1]. " Les gens devraient bénéficier d'un trajet multidisciplinaire mais à force de les multiplier on ne sait plus qui fait quoi. C'est la porte ouverte pour les hôpitaux à multiplier certains actes. Faire des COM permet d'engager des psychologues, etc. Nous comme MG on ne s'y retrouve pas toujours. Car nous recevons des emails automatiques (un peu comme les factures automatiques et on ne peut plus joindre personne). Le MG se rend alors compte qu'il y a eu une COM et un traitement. C'est envoyé dans le logiciel médical via eHealth. Or si on regarde l'ensemble de ce qu'on reçoit via eHealth, on commence à travailler à midi ! "Thomas Orban estime qu'avant de multiplier le multidisciplinaire, il faut que chacun fasse d'abord son boulot convenablement. " Souvent, le protocole arrive automatiquement. Tu n'es pas au courant et on a opéré ton patient. Va-t-on multiplier cela encore longtemps ou va-t-on travailler sur la communication correcte ? La fameuse étude sur le DMG de l'Inami a montré que toute une série de spécialités ne communiquent pas assez (dermato, ophtalmo, psychiatre, psychologue, ces deux derniers pourraient être impliqués dans l'obésité). Ajouter de nouveau un trajet de soins, c'est un peu facile... Quant à rembourser l'exercice physique, on peut toujours rêver... "