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À ce stade de l'épidémie, plus personne ne voyait pourtant où étaient l'urgence et la nécessite de donner la possibilité aux pharmaciens de vacciner contre le covid-19... D'autant que les centres de vaccination gérés par la médecine générale et les pouvoirs publics avaient bien fait leur office (officine ?). Alors, bis repetita ?Mais pourquoi élargir dès aujourd'hui la vaccination pharmacienne à la grippe saisonnière ?La pandémie semble derrière nous et le même ministre a courageusement rouvert les vannes de la production de généralistes dans notre pays. Nous l'en remercions.Le transfert de tâches de pratiques strictement non commerciales (médecine générale) vers des pratiques mixtes (pharmacies d'officine actuelles) nous posent problème. La Belgique a connu la délivrance de médicaments par le médecin, ce qui conduisait à des conflits d'intérêt. Cette latitude a été légitimement perdue. Pourquoi faire le chemin inverse pour le pharmacien ?Pour préciser ma pensée, je dois dire que je pratique en équipe pluridisciplinaire (ou pluriprofessionnelle, comme disent les Français) depuis 1981, et au forfait depuis 1984. Dans ce cadre, nous organisons la vaccination par le personnel infirmier à la plus grande satisfaction de toutes et tous.Dois-je rappeler que les pratiques pluridisciplinaires ont le vent en poupe ? Les pratiques groupées sont déjà majoritaires. Interrogés récemment pour le ministère de la Santé publique, de nombreux généralistes souhaitent changer de pratique et s'orienter vers les plus structurées !Si les pratiques New deal se développent, la tendance va s'accélérer. Certes, les pratiques solistes et de groupes mono subsisteront, mais nous avons de bonnes raisons de penser que les pratiques pluridisciplinaires deviendront la norme fonctionnelle à travers les trois modes de paiement : l'acte, le New deal et le forfait à la capitation actuel.Les pratiques forfaitaires pluri comptent en moyenne 2.500 patients. Il y a en Belgique une pharmacie pour 2.300 habitants, soit une densité plus élevée que tous nos voisins :La congruence de ces deux chiffres devrait inspirer notre ministre réformateur. Il pourrait organiser un vaste projet pilote d'intégration de pharmacien clinicien de première ligne (à partir de la fermeture des officines surnuméraires) dans les pratiques pluridisciplinaires. Dans ce cadre, la vaccination par le pharmacien ou l'infirmier ne présenterait aucun caractère concurrentiel et donc aucune réticence du corps médical. Au surplus, cela permettrait de tester la délivrance des médicaments essentiels par des structures non commerciales. Il s'agirait là de réformes profondes en ce qu'elles génèrent un cadre nouveau susceptible de modifier les pratiques vers le seul objectif de santé.Au jeu de dames, on dit "souffler n'est pas jouer", en politique nous disons "bricoler n'est pas réformer" (au contraire).