Toujours aussi insaisissable, éclectique et populaire, Deus, emmené par son leader incontesté Tom Barman, donne enfin suite à " Following Sea " sorti voici 11 ans. Le groupe de rock belge le plus célébré ici comme à l'étranger revient en force avec ce " How To Replace It ", album d'une grande variété, qui viendra sans doute renforcer une popularité jamais démentie, malgré la parcimonie avec laquelle le groupe d'origine anversoise délivre de nouvelles compositions. Ce que nous explique Stefan Misseghers, batteur de Deus depuis deux décennies et qui lui est gantois.

Le journal du Médecin : Cet album est très varié, contrasté. Cela tiendrait-il a l'influence des side projects des différents musiciens ?

Stefan Misseghers : Sans doute. C'est certainement le cas de Tom, qui a pris une envergure supplémentaire avec Magnus, notamment. Quant à moi, j'ai produit huit albums au cours des dix dernières années, dont l'avant-dernier Stake " Critical method " et " Absynthe Minded ", ce qui a certainement eu une influence sur mes goûts musicaux.

Mais nous avons surtout décidé de renoncer à quelques idées artistiques, comme ajouter des arrangements trop symphoniques, ce qui n'était plus soutenable sur la longueur. Ceci dit, nous ne nous sommes pas tournés les pouces pendant dix ans avec Deus : nous avons beaucoup joué et réfléchi seuls et en groupe quant aux nouvelles directions à prendre. Que faire après sept albums et dix ans de silence ? Après la tournée anniversaire de " The Ideal Crash " sorti en 1999 voici trois ans, nous nous sommes demandé quel changement opérer si nous voulions poursuivre. Ce qui ne signifiait pas faire table rase. Mais nous souhaitions que notre musique redevienne un peu plus légère en comparaison avec l'album " Vantage Point " où tout était très compressé, très down, lourd, voire dangereux. Et s'il y avait un élément que nous pouvions reprendre des débuts de Deus, c'était bien la légèreté, la frivolité, du rythme et de la spontanéité. Et puis de la lumière face à l'obscurité... (il sourit)

Musique populaire

Le jdM : Le morceau " 1989 " est d'ailleurs carrément référentiel. La musique que vous interprétez, et ce n'est pas une critique, émane du siècle dernier.

S.M. : C'est l'époque de la genèse du groupe, mais nous tentons en tout cas d'y inclure des influences contemporaines, d'actualiser les sonorités. Mais " 1989 " est un hommage aux années 80, aux drums électroniques notamment. Et puis, c'est surtout l'année de formation de Deus.

Le jdM : Dix ans sans nouvel album, huit 'studios' seulement en 30 ans, et pourtant vous restez toujours aussi populaire...

S.M. : Pour survivre longtemps, il faut créer la rareté. Et parfois, cette rareté se prolonge plus longtemps que prévu (il rit). Mais nous nous sommes toujours produits, avons sorti des best of, album anniversaire dans le cas de " The Ideal Crash ". Dix ans, c'est très long, en effet, mais nous avons des excuses personnelles à faire valoir : j'ai divorcé, Klaaz Janzoons également, Mauro Pawlowski a quitté le groupe et nous avons dû procéder à un nombre incalculable d'auditions avant de trouver un guitariste suffisamment éclectique. Nous possédons en effet un bac catalogue de plus de 100 morceaux très variés. En ce qui concerne notre popularité intacte, je pense que chaque fois que nous sortons un disque, il résonne auprès de nombreuses personnes. Cela tient à une certaine expertise, à un bon management, mais surtout au fait de rester authentiques, fidèles à notre identité originelle, à notre personnalité. Un peu comme dans le cas des groupes de heavy metal qui ont une fan base dévouée parce qu'ils sont authentiques et fidèles à leur approche du début. Ils ont une formule à laquelle ils ne dérogent pas, ou pas beaucoup en tout cas. Cette fidélité à eux-mêmes se reflète au niveau de leur public.

Français-flamand

Le jdM : Deus c'est un peu la même chose avec une base plus large ?

S.M. : Sans doute, mais ça fluctue un peu du fait que nous n'avons jamais fait deux fois le même album. Nous essayons de diversifier et, ce faisant, cela attise la curiosité de notre public : il s'agit de la trajectoire artistique d'un groupe qui tente de ne pas se répéter, ce que le public respecte.

Le jdM : " Le Blues Polaire ", chanson en français qui clôt l'album, ressemble très fort à " Quatre Mains " qui ouvrait le précédent...

S.M. : Sand doute du fait de la façon dont Tom chante en français : son phrasé est à peu près le même que dans le cas de " Quatre Mains ". C'est un morceau sur lequel nous avons énormément travaillé. Mais j'avoue que lorsque j'ai écouté la première démo, j'étais très sceptique, d'autant que notre seul dogme au sein du groupe est de ne pas nous répéter. Or, nous avions déjà enregistré " Quatre Mains " en français. Et surtout, je trouvais que ça sonnait un peu trop Gainsbourg. D'accord pour une chanson en français avec des ingrédients Gainsbarre, mais sans en faire pour autant, avec une musique qui soit à l'opposé; ni un plagiat, ni un hommage : utiliser les éléments de Gainsbourg, mais sans l'imiter. Nous avons donc énormément bossé, jouant pour ma part le rôle du mouton noir, du râleur de service. Mais Tom est très persuasif et il n'est pas simple de s'opposer à sa volonté. Et finalement, " Le Blues Polaire " est devenu ma chanson préférée. (il rit)

Le jdM :Et pourquoi pas une chanson en néerlandais alors ?

S.M. : J'ai le sentiment que ça viendra un jour. Mais cela doit encore mûrir un peu. Et pourquoi pas un album complet en flamand ? (il sourit)

Le jdM : Mais pas comme les Kreuners, alors ?

S.M. : (Il rit) ah non pas comme les Kreuners, c'est juré !

Deus. How to Replace It. Pias

Toujours aussi insaisissable, éclectique et populaire, Deus, emmené par son leader incontesté Tom Barman, donne enfin suite à " Following Sea " sorti voici 11 ans. Le groupe de rock belge le plus célébré ici comme à l'étranger revient en force avec ce " How To Replace It ", album d'une grande variété, qui viendra sans doute renforcer une popularité jamais démentie, malgré la parcimonie avec laquelle le groupe d'origine anversoise délivre de nouvelles compositions. Ce que nous explique Stefan Misseghers, batteur de Deus depuis deux décennies et qui lui est gantois.Le journal du Médecin : Cet album est très varié, contrasté. Cela tiendrait-il a l'influence des side projects des différents musiciens ?Stefan Misseghers : Sans doute. C'est certainement le cas de Tom, qui a pris une envergure supplémentaire avec Magnus, notamment. Quant à moi, j'ai produit huit albums au cours des dix dernières années, dont l'avant-dernier Stake " Critical method " et " Absynthe Minded ", ce qui a certainement eu une influence sur mes goûts musicaux.Mais nous avons surtout décidé de renoncer à quelques idées artistiques, comme ajouter des arrangements trop symphoniques, ce qui n'était plus soutenable sur la longueur. Ceci dit, nous ne nous sommes pas tournés les pouces pendant dix ans avec Deus : nous avons beaucoup joué et réfléchi seuls et en groupe quant aux nouvelles directions à prendre. Que faire après sept albums et dix ans de silence ? Après la tournée anniversaire de " The Ideal Crash " sorti en 1999 voici trois ans, nous nous sommes demandé quel changement opérer si nous voulions poursuivre. Ce qui ne signifiait pas faire table rase. Mais nous souhaitions que notre musique redevienne un peu plus légère en comparaison avec l'album " Vantage Point " où tout était très compressé, très down, lourd, voire dangereux. Et s'il y avait un élément que nous pouvions reprendre des débuts de Deus, c'était bien la légèreté, la frivolité, du rythme et de la spontanéité. Et puis de la lumière face à l'obscurité... (il sourit)Le jdM : Le morceau " 1989 " est d'ailleurs carrément référentiel. La musique que vous interprétez, et ce n'est pas une critique, émane du siècle dernier.S.M. : C'est l'époque de la genèse du groupe, mais nous tentons en tout cas d'y inclure des influences contemporaines, d'actualiser les sonorités. Mais " 1989 " est un hommage aux années 80, aux drums électroniques notamment. Et puis, c'est surtout l'année de formation de Deus.Le jdM : Dix ans sans nouvel album, huit 'studios' seulement en 30 ans, et pourtant vous restez toujours aussi populaire...S.M. : Pour survivre longtemps, il faut créer la rareté. Et parfois, cette rareté se prolonge plus longtemps que prévu (il rit). Mais nous nous sommes toujours produits, avons sorti des best of, album anniversaire dans le cas de " The Ideal Crash ". Dix ans, c'est très long, en effet, mais nous avons des excuses personnelles à faire valoir : j'ai divorcé, Klaaz Janzoons également, Mauro Pawlowski a quitté le groupe et nous avons dû procéder à un nombre incalculable d'auditions avant de trouver un guitariste suffisamment éclectique. Nous possédons en effet un bac catalogue de plus de 100 morceaux très variés. En ce qui concerne notre popularité intacte, je pense que chaque fois que nous sortons un disque, il résonne auprès de nombreuses personnes. Cela tient à une certaine expertise, à un bon management, mais surtout au fait de rester authentiques, fidèles à notre identité originelle, à notre personnalité. Un peu comme dans le cas des groupes de heavy metal qui ont une fan base dévouée parce qu'ils sont authentiques et fidèles à leur approche du début. Ils ont une formule à laquelle ils ne dérogent pas, ou pas beaucoup en tout cas. Cette fidélité à eux-mêmes se reflète au niveau de leur public. Le jdM : Deus c'est un peu la même chose avec une base plus large ?S.M. : Sans doute, mais ça fluctue un peu du fait que nous n'avons jamais fait deux fois le même album. Nous essayons de diversifier et, ce faisant, cela attise la curiosité de notre public : il s'agit de la trajectoire artistique d'un groupe qui tente de ne pas se répéter, ce que le public respecte.Le jdM : " Le Blues Polaire ", chanson en français qui clôt l'album, ressemble très fort à " Quatre Mains " qui ouvrait le précédent...S.M. : Sand doute du fait de la façon dont Tom chante en français : son phrasé est à peu près le même que dans le cas de " Quatre Mains ". C'est un morceau sur lequel nous avons énormément travaillé. Mais j'avoue que lorsque j'ai écouté la première démo, j'étais très sceptique, d'autant que notre seul dogme au sein du groupe est de ne pas nous répéter. Or, nous avions déjà enregistré " Quatre Mains " en français. Et surtout, je trouvais que ça sonnait un peu trop Gainsbourg. D'accord pour une chanson en français avec des ingrédients Gainsbarre, mais sans en faire pour autant, avec une musique qui soit à l'opposé; ni un plagiat, ni un hommage : utiliser les éléments de Gainsbourg, mais sans l'imiter. Nous avons donc énormément bossé, jouant pour ma part le rôle du mouton noir, du râleur de service. Mais Tom est très persuasif et il n'est pas simple de s'opposer à sa volonté. Et finalement, " Le Blues Polaire " est devenu ma chanson préférée. (il rit)Le jdM :Et pourquoi pas une chanson en néerlandais alors ? S.M. : J'ai le sentiment que ça viendra un jour. Mais cela doit encore mûrir un peu. Et pourquoi pas un album complet en flamand ? (il sourit)Le jdM : Mais pas comme les Kreuners, alors ?S.M. : (Il rit) ah non pas comme les Kreuners, c'est juré !Deus. How to Replace It. Pias