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En bonne entente, Le Delta de bords de Sambre et Meuse met en scène 50% des collections de celui de la Senne, et autant de la sienne propre, ceci autour de six thématiques d'artistes, pour la plupart toujours de ce monde. Ce n'est pas le cas d'Evelyn Axell, namuroise d'origine, de Wépion en fait, et qui a d'ailleurs adopté le style parfois couleur fraise du pop art. L'y rejoignent notamment des oeuvres contemporaines de ceux qui pourraient apparaître comme ses héritiers, à savoir le linéaire tourbillonnant Jean-Luc Moerman ou donnant dans l'abrasif épais dans le cas de Stéphane Balleux. Autre ancien et dernier représentant de la vraie pop, Peter Saul décrit en 1972 une Angela Davis empalée par le building du département de justice américaine... Le thème de l'art et l'architecture est notamment mis en scène par les photographies habitées, même si elles sont vides de personnages, signées Gilbert Fastenaekens, la sculpture monolithique et étrangement art déco de Renato Nicolodi, ou la vidéo hypnotique d'Ariane Loze arpentant une étrange architecture envoûtante située près de Cologne. L'art du portrait et l'art ancien sont évoqués notamment par Sophie Kuijken qui se représente dans une peinture à la Cranach, la série de photos d'un sculptural et gisant nu de Lili Dujourie, ou les portraits noir et blanc en pied et plein d'étincelles de l'Argentin Juan Paparella: portrait d'un jeune homme en feu. L'étage suivant propose trois séries plus conceptuelles: une oeuvre spectaculaire de Michel François présentant un magma d'assiettes cassées suspendu fait face à un drap de bain accroché au mur et signé Delphine Deguislage dans une partie consacrée à... l'espace domestique. Mental MountainsLe rapport aux images, thème plus philosophique, permet de découvrir les "Mental Mountains" de Sophie Whettnall, une peinture sur papier qui évoque une version contemporaine et songeuse, donc rêvée, des estampes chinoises ou japonaises, notamment une peinture de Marthe Wéry, cette fois en dégradé de gris plutôt qu'en monochrome, ou, à côté de l'oeuvre trouée de Marcel Berlanger, une encre de chine de Henri Michaux, autre régional de l'étape, entre Cobra et Christian Dotremont (ce qui est au fond la même chose). Une encre de Henri Michaux de 1961.Enfin, dans cette exposition qui allie diversité de médiums et de propos, la thématique du pouvoir est évoquée, entre autres, par la vidéo d'un drapeau blanc flottant au vent d'Édith Dekyndt, ou celle sidérante d'Emmanuel Van Der Auwera: elle reprend, sans doute via Wikileaks, les images de l'assassinat par les forces américaines en Irak de civils innocents, ceci au travers de la caméra viseur de ces dernières. Un certain... regard, en effet.