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Les bactéries qui colonisent les blessures ont tendance à s'agréger en microcolonies, enrobées dans une gangue qu'elles ont sécrétée. On appelle cette structure " biofilm ". Un biofilm est une communauté de micro-organismes (bactéries, champignons, algues ou protozoaires) protégée dans un liquide visqueux qui lui donne la capacité d'adhérer à toutes les surfaces: le matériel médical, la paroi des tuyaux, mais aussi la peau. Les bactéries s'y échangent gènes et molécules et acquièrent ainsi une protection importante contre toutes sortes de menaces (antibiotiques, système immunitaire,...). En plus d'augmenter le risque d'une infection grave, les biofilms sont connus pour retarder la cicatrisation des plaies. " Toutes les plaies contiennent des bactéries et tant qu'elles sont tenues en échec par le système immunitaire, cela ne pose aucun problème ", commente le Dr Toby Jenkins, co-auteur de l'étude. " Mais lorsqu'elles commencent à former des biofilms et à coloniser de manière critique la plaie, cela devient dangereux pour la santé du patient. Notre technologie permet de mesurer ce point de colonisation critique. " Le pansement médical mis au point par le Dr Jenkins et son équipe est capable de détecter des toxines produites par les bactéries pathogènes du biofilm. A l'intérieur du dispositif, les vésicules lipidiques (ou liposomes), des nanocapsules 500 fois plus petites que le diamètre d'un cheveu, contiennent un colorant qui est libéré quand un certain seuil de toxines est dépassé. Sous la lumière des UV, le pansement devient alors vert fluorescent. Les chercheurs ont testé leur pansement " caméléon " sur des bactéries communes, à l'origine de plus de la moitié des cas d'infections nosocomiales : Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, et Enterococcus faecalis. Leurs tests portaient sur des colonies bactériennes d'âge différent présentes sur un modèle ex vivo d'une peau de porc. Le pansement a indiqué une réponse fluorescente dans les quatre heures seulement, alors que les tests actuels réalisés en laboratoire mettent de un à trois jours pour détecter les souches cliniques pathogènes de ces bactéries, soit un gain de temps considérable pour les soignants. Cette nouvelle technologie, qui est encore au stade de protoptype, pourrait s'avérer très utile pour les diagnostics précoces d'une infection post-chirurgicale et donc indirectement pour la réduction de l'incidence des septicémies. Des tests de sécurité sont en cours et une étude clinique devrait avoir lieu dans les trois ans environ. Les chercheurs britanniques espèrent aussi mettre au point un pansement qui réagirait avec une couleur différente en fonction de la bactérie détectée.